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Blois : Quel dessein pour la Turpinière ?

C’était la délibération attendue, à lire la récurrence des posts sur les réseaux sociaux engagés sur le sujet. Cette fameuse numéro 34 a finalement été retirée lors du conseil municipal du 26 septembre. L’avenir de l’ancienne Gréneterie demeure en suspens. Ce qui n’a pas empêché les élus d’échanger sur ce dernier.
« Cession du bâtiment dit de la Tupinière ou Gréneterie de Marmoutier, situé 2 bis rue des Jacobins et 1 bis rue Robert Houdin. » C’était l’intitulé du dossier qui devait être examiné le 26 septembre en session municipale depuis l’Hôtel de ville de Blois. Pour celles et ceux qui ignorent de quoi s’agit, la Ville a acquis en 2003 le bâtiment précité, à une association, inscrit en totalité à l’inventaire des Monuments Historiques, selon elle, « pour l’euro symbolique, dans la perspective d’éventuelles extensions de l’immeuble des Jacobins, occupé par le Muséum d’histoire naturelle. » L’adjoint Jérôme Boujot a précisé. « Le site agricole des XII-XIVe siècles dans le domaine privé de la Ville, est en ruines.” Il est composé en son état actuel, d’un bâtiment en ruines dit de la Tupinière, sis au nord-ouest de la venelle dite « la Tupinière », débouchant par un portail sur la rue des Jacobins, et d’une cour divisée en deux parties, la première débouchant sur la rue Robert Houdin et la seconde constituée d’une bande de terrain dans le prolongement de la venelle de la Tupinière. M. Boujot a poursuivi. “Certains veulent que rien ne change jamais mais nous n’avons pas de projet ni la capacité financière de, donc nous voulons faire en sorte que ce lieu soit réhabilité, pour qu’une friche ne reste pas une friche. Il a été mis par conséquent en vente sur le site Web de la ville. Des esquisses ont été amendées avec l’Architecte des Bâtiments de France. Il y a eu aussi des échanges avec les riverains, on leur a proposé l’acquisition pour un projet de qualité. Nous avons enfin reçu le projet d’un promoteur en 2021, ou plutôt fin 2020. » En l’occurence, la SARL blésoise IMO.TER, pour acquérir ce bien contre 52 000 euros, pour la réalisation d’un projet immobilier. Une étude patrimoniale doit toutefois être réalisée sur demande de la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) et c’est finalement la Ville qui la portera et non la SARL. Ce qui implique un coût et donc une inscription au budget, d’où le retrait de la délibération prévue. Si le conseiller municipal d’opposition Gildas Vieira (SE) a suggéré une consultation citoyenne, l’association d’habitants pour la sauvegarde de la Grèneterie de Marmoutier, maison dite La Tupinière, a salué « cette décision qui s’appuie de toute évidence sur l’intérêt que les Blésois portent à leur patrimoine en général. C’est bien pour cela que nous avions adressé à la Ville un autre projet culturel et alternatif à la vente, non pas pour que la « belle endormie » reste en état végétatif ni « pour que rien de change « mais bien au contraire pour qu’elle se réveille ! Ce projet, bien reçu par la municipalité en mail le 29 septembre 2021 puis par courrier le 30 septembre, n’a obtenu aucune réponse. Il a été publié dans le dernier rapport d’activité des Amis du Vieux Blois. Une étude historique et architecturale demandée par les services de la DRAC, finalement portée par la Ville, nous éclairera sur les possibilités et les limites du projet immobilier élaboré, pour le moment d’après la collectivité, sous forme d’intention.». Que deviendra de fait l’endroit ? Cette association vent debout envisage-t-elle de l’acheter, comme lui suggérait la mairie le 26 septembre ? La vente sera-t-elle confirmée pour IMO.TER ? Si le site restait à l’abandon sans repreneur, le scénario serait-il critiqué également ? Beaucoup d’interrogations, mais l’étude éclairera les uns et les autres, possiblement. L’association ne démord toutefois pas, accusant la mairie, notamment après l’autre cession (l’Hôtel Dieu), de “ne cesser de brader son patrimoine ».

« Fléchettes en carton » versus question sans réponse
Face à la polémique, le maire de Blois, Marc Gricourt (PS), a tenu à rectifier la (sa) vérité. « Je veux mettre fin à des procès d’intention. Nous bradons le patrimoine municipal. Où ça ? », a interrogé l’édile, en énumérant les rénovations et mises en valeur entreprises depuis 2008 (office de tourisme, terrasses du Foix au château, jardins de l’Evêché, etc.). «Et bientôt l’aître Saint-Saturnin retenue par la mission de Stéphane Bern. Le site de l’Hôtel Dieu sera lui aussi remis en état grâce à un investisseur privé. Nous avons une grande préoccupation de notre patrimoine mais parfois, la puissance publique ne peut pas tout. » D’autant plus lorsque les finances de la ville, même si “gérées sainement” d’après les dires de l’édile Gricourt, ne risquent pas tout de suite de rouler sur l’or, plombées par un contexte défavorable : « Ce que nous ne pouvions pas prévoir, c’est qu’un dictateur déciderait d’envahir un pays souverain, entraînant en chaîne une crise majeure de l’énergie et un niveau d’inflation que nous ne connaissions plus depuis des décennies. » C’est à ce moment du débat devenu chiffré que celui qui se rêvait maire à la place du maire, ou député à la place de la députée, a une énième fois sorti de sa boîte des solutions sur papier. « Il est important de revoir la voilure de la masse salariale de notre collectivité à la baisse afin que nous nous concentrions sur l’essentiel de nos politiques publiques, comme nous l’avions proposé lors de la présentation de notre budget alternatif. Il ne s’agirait pas de moins de service public mais bien de mieux de services publics, » a indiqué dans l’opposition, Malik Benakcha (LR), une position qu’il martèle depuis plusieurs conseils. Sur ce, la conseillère Modem Mathilde Desjonquères, nouvellement députée, a « par curiosité », demandé à son voisin de préciser quelles coupes il envisagerait. C’est à cet autre instant qu’aura saisi au vol un propos que, piqué au vif, M. Benakcha, a qualifié de “fléchettes en carton”, accusant, en guise de noie du poisson sur la cible, presque sa collègue élue de ne pas être claire dans sa tête… Pour autant, il n’aura pas su répondre précisément à la question clairement posée ! Peut-être l’aura-t-il d’ici le prochain conseil municipal, programmé sur le calendrier 2022 dans l’arène blésoise, le 21 novembre ?
É. Rencien

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