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Blois : Quand la ville renoue avec la vigne 

Blois est une aire plutôt urbaine. Mais ne dit-on pas la ville à la campagne ? C’est aussi, ainsi, que pourrait être définie cette municipalité qui a souhaité replanter des vignes, dont un cépage oublié. Groupama Paris Val de Loire est mécène de l’opération.
Sur l’allée de Coulanges, à proximité du lycée Camille-Claudel, dans le secteur des Grouêts, les vieux de la vieille se souviennent sans doute de l’existence de vignes, à proximité de la forêt domaniale de Blois. Il faut remonter en 1993, à une époque où une confrérie, aujourd’hui disparue, celle des châteaux et de la vallée du Loir, pour valoriser les vins de Blois lors de ses déplacements, a vinifié du Gamay grâce à 1 200 pieds sur une parcelle de soixante ares appartenant à la Ville, sur cette voie très passante, pendant sept-huit ans. Le président s’en est allé et cette confrérie est tombée en désuétude, tout comme les vignes furent abandonnées, envahies par des arbres et friches en 2002. Le bail emphytéotique avec la ville a été cassé en 2008. Puis l’idée a été reprise en 2015. La vigne précédente, trop abîmée, a été arrachée, et le terrain nettoyé il y a deux ans, puis clôturé pour le protéger du gibier (sangliers, chevreuils et lapins). L’opération a coûté 40 000 euros à la ville de Blois, dont 20 000 € assumés par le mécène, Groupama Paris Val de Loire, pour ces travaux d’aménagement et de remise en état. En 2023, c’est William Théry, un viticulteur de 35 ans passionné depuis l’âge de sept ans, natif de Vineuil, en biodynamie (cave des 4 V), qui prend le relais avec 1 600 nouveaux ceps plantés sur 25a sur cette allée de Coulanges donc, en culture bio, et de cépage local, le pineau d’Aunis (qui peut produire rouge épicé, rosé, pétillant), en appellation « vin de France ». Ce qui va permettre au vigneron de se lancer. «Le sol est argileux, garde l’humidité, avec du sable en surface. Une terre qui permettra d’économiser de l’eau. Mon vin sera naturel, c’est-à-dire qu’il ne sera pas zéro sulfites mais avec des sulfites ajoutés avec parcimonie au bon moment, » a-t-il précisé, après avoir exposé ses expériences de vendanges en Californie, Espagne ou encore en Asie, et son partenariat avec un pépiniériste viticole de Monthou-sur-Bièvre, Benoist Charrier. Un peu de patience, il faudra attendre au moins trois années avant de déguster. Autre vertu de cette renaissance, ladite parcelle accueillera, d’ici deux ans aussi, un cépage oublié, le lignage de Blois, sur 5a, sous l’impulsion de Thierry Puzelat, viticulteur des Montils (Clos du Tue-Boeuf), qui tente de faire renaître ce tout petit raisin de l’ère du XIXe siècle et du phylloxéra (vin rouge) à partir d’un ou deux pieds mère sauvés et conservés par l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) de Montpellier. Dernier plus, le site pourra accueillir des actions pédagogiques et visites à destination d’un public scolaire. Avant de pouvoir trinquer, les élus de Blois, dont le maire, Marc Gricourt, ont mis les mains dans la terre en plantant chacun leur pied de vigne le 28 juin… juste pour la photo !
É.R.

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