Auréolé de plusieurs étoiles, tant au dernier festival de Cannes que, récemment, à Angoulême, Papicha (jeune fille évoluée et in, algéroise) le premier film de Mounia Meddour (Jour2Fête), fringante quadragénaire algérienne aussi coquette que dynamique, sera diffusé, le samedi 21 septembre prochain à Alger. Ce sera un examen de passage très fort dans ce pays qui, depuis peu, s’éveille, se réveille, bouge et s’agite en attendant des élections que l’on souhaite libres et honnêtes. Dommage qu’il n’y ait plus que quatre salles ouvertes là-bas…contre plus de 500 recensées à une certaine époque.
Peu projeté à ce jour en France, le film a été présenté, en avant-première, aux Lobis, à Blois, après Douarnenez, Orléans et les deux villes festivalières précitées, avant de sortir en salle à la mi-octobre. Romain Prybiliski, directeur de la salle blésoise, a mis son poids dans la balance pour la projection de Blois, payant même de sa personne allant chercher en voiture, un dimanche (!), la réalisatrice à Orléans. Chapeau l’artiste.
Cette pépite, dynamique et fraîche, souriante et iconoclaste, relate les années de plomb et de feu qui ont enveloppé l’Algérie dans les années 90. Des jeunes, femmes pour la majorité, avec la compréhension de la Mama qui fut une résistante, veulent secouer ce joug à partir de l’Université dont elles sont étudiantes, avec, à leur tête Nadjma (Lyna Khoudri) qui lance un défilé de mode moderne basé sur des déclinaisons modernes revisités de haïks, vêtements traditionnels féminins ancestraux.
Bon nombre de celles qui l’ont suivie le paieront de leurs vies dans un bain de sang dramatique qui clôt le film, laissant chacun(e) plus que choqué(e).
Partout en France, à ce jour, le film a été salué et encouragé. Mounia Meddour attend le verdict d’Alger et de son pays. Nous aussi. Il lui restera à attaquer le même genre d’ouvrage en France ou en Tunisie où de telles menaces pèsent, aussi, sur la gent féminine en voie d’émancipation face à des traditions ancestrales lourdes. Inch’Allah !
Jules Zérizer