Un protocole de transmission des plaintes a été signé le mois dernier au tribunal judiciaire de Blois entre le Conseil départemental de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes de Loir-et-Cher (CDOMK 41) et la procureure de la République de Blois. L’idée est de sensibiliser patients et professionnels de santé.
En Centre-Val de Loire, quatre affaires de signalements de mœurs déplacés impliquant des kinésithérapeutes ont été enregistrées en 2022 par la chambre disciplinaire du Conseil de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes. En région Occitanie, en novembre 2023, un ancien kiné de 71 ans avait été jugé et condamné pour des faits d’agression sexuelle par le tribunal correctionnel de Mende, en Lozère. Etc. Le propos ici n’est pas du tout de déclarer que tous les professionnels de santé spécialisés se comportent de manière grossière, car les malotrus, sous l’effet d’une époque propice à la libération de la parole (des femmes notamment), peuvent quasiment se croiser partout, dans tous les secteurs de vie et métiers. Pas de panique donc si vous vous rendez à votre rendez-vous au cabinet de votre kinésithérapeute ! Le protocole signé le 14 février au palais de justice de Blois en présence, entre autres conviés, de la procureure de la République, Charlotte Beluet; d’Etienne Panchout, kiné et président du Conseil départemental de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes de Loir-et-Cher (CDOMK 41) ; et de Pascale Mathieu, présidente du Conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes (CNOMK), a au contraire pour objectif de délivrer un message positif et rassurant, à savoir “votre parole sera écoutée, vous serez accompagné(e)s,
si jamais, n’ayez pas peur de parler!”. Ce protocole a vocation en sus de faciliter la communication, et coordination, entre la sphère judiciaire (aspect pénal) et l’Ordre des kinésithérapeutes (partie déontologique), via notamment un mail dédié, suite à un dépôt de plainte auprès du CDOMK et/ ou une plainte entraînant la rédaction d’un procès-verbal transmis au tribunal judiciaire. L’enquête des forces de l’ordre, ensuite, permettra d’y voir plus clair. Il n’est pas question non plus de tomber dans un excès inverse de délation, et de condamner sans faits avérés. Le blésois Panchout précise : “parfois, il ne s’agit que de propos salaces et sexistes. Parfois aussi, il suffit d’un signalement pour que l’agresseur arrête son comportement d’infraction sexuelle. Il ne s’agit pas non plus d’affoler les patients et de renoncer à se faire soigner, ou de dissuader les jeunes à choisir cette carrière. Dans 99, 9999% des cas, cela se passe bien ! Mais il faut en passer par là pour fluidifier les parcours de plaintes et garantir des pratiques professionnelles conformes à nos règles déontologiques et sécurisées. Nous ne voulons pas d’omerta. Le toucher sur patient(e) doit exister, parce que cela fait partie de notre métier, mais il faut toujours veiller à expliquer ce que l’on fait. Il n’est pas facile de prendre ce bâton de pèlerin, nous ne souhaitons pas de stigmatisation, mais nous prenons cette initiative de ne pas cacher, d’en parler nous-mêmes en tant que kinésithérapeutes pour instaurer transparence et confiance face à la patientèle qui vient dans nos cabinets, pour faire honneur à notre profession.” En Centre-Val de Loire, cinq des six départements de la région (l’Indre résiste encore…) ont déjà conclu ce type de protocole collaboratif; d’autres villes et régions (Manche, Paris, Gard, etc.) également. Un guide papier téléchargeable ainsi qu’un déontomètre de la confiance thérapeutique font partie des outils émis à l’attention des patients comme des spécialistes, pour savoir “s’il est normal que”. La bonne parole ne manque pas également d’être délivrée au sein des cursus étudiants.
É. Rencien
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L’accès direct demandé aussi
D’après le CDOMK 41, si la loi Rist (du nom de la députée de la première circonscription du Loiret, ndlr) propose des avancées significatives pour l’accès aux soins de rééducation, elle suscite, dans le même temps, des inquiétudes en Loir-et-Cher car “elle conditionne l’accès direct aux professionnels de santé exerçant dans une structure d’exercice coordonné dont la maison de santé pluriprofessionnelle (MPS). La faible démographie médicale et la moyenne d’âge élevée des médecins créent des obstacles significatifs, empêchant les structures d’exercices coordonnés de fonctionner pleinement et compromettant ce nouvel accès aux soins. La loi Rist, en limitant l’accès direct aux soins aux seules structures coordonnées, va donc créer une inégalité territoriale. (…) Il est impératif de dépasser les limites actuelles de la loi et d’élargir l’accès direct aux soins à tous les kinésithérapeutes, favorisant une collaboration étroite avec leurs collègues médecins dans le strict respect du diagnostic médical. Le maintien d’une santé équitable et accessible pour tous nécessite une approche plus inclusive et adaptée aux réalités locales,” ajoutant que “le territoire de Loir-et-Cher est déjà entièrement couvert par des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) permettant une coordination efficace, ainsi qu’un système de messagerie sécurisée et une nouvelle modalité d’amélioration dans la coordination des parcours grâce à la télé-expertise.” L’appel est lancé.