Certains esprits trouveront que l’action est dérisoire face à une actualité chargée et plombée. Et pourtant, la cause des animaux n’en reste pas moins essentielle. Pour preuve, les avocats du blaireau étaient à nouveau vent debout devant les grilles de la préfecture de Blois le 14 avril.
« Nous ne lâcherons rien! ». Le cri de ralliement était affirmé et déterminé devant les grilles de la préfecture de Loir-et-Cher par le petit groupe rassemblé le 14 avril, mené par Nicolas Orgelet, vice-président Agglopolys (Europe Ecologie Les Verts) chargé de la biodiversité; Delphine Benassy, représentante de la liste « Un nouveau souffle » (avec Charles Fournier, EELV) aux élections régionales ; ainsi que des représentants de Sologne Nature Environnement, de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et du parti Animaliste, et surtout en tête par Mme le maire de la commune de Valaire, désormais bien connue depuis 2 ans pour son combat suivi, la pugnace Catherine Le Troquier. Ces défenseurs ont rappelé d’une seule voix que « les blaireaux sont en danger de mort. Et à Valaire, la situation est grave. Nous sommes en effet sous la menace d’une battue administrative, par tir et peut-être aussi par déterrage. Cette menace est injustifiable. C’est une atteinte à la population des blaireaux et à leur tranquillité, ce qui est contraire à la Convention de Berne, signée par la France. Cette convention exige que nulle atteinte ne soit faite à un animal quand on ne connaît pas le nombre d’individus qui la représente. La surpopulation n’existe pas chez le blaireau. Il se régule tout seul. La preuve dans le Bas-Rhin, où il est protégé depuis 17 ans; aucune surpopulation, une cohabitation acceptée et réussie. Cette barbarie de vénerie sous terre – torturer un animal inoffensif avec des pinces géantes, le martyriser, le donner parfois encore vivant aux chiens qu’il soit adulte ou jeune de quelques mois – doit cesser. »
D’un préfet à l’autre
C’est bien ce point chiffré qui à chaque fois ne crée pas la bascule en faveur de ces mammifères. En septembre 2020, le préfet Yves Rousset avait certifié, semblant ne pas fermer le débat que du côté de la pensée du monde de la chasse. “J’ai certes accordé l’autorisation pour une période de chasse complémentaire. Mais cela ne signifie pas que c’est acquis. Ma décision s’est fondée et pour la suite se fondera sur les chiffres de dégâts avérés. Je ne m’interdis pas de n’autoriser cette vénerie que sur des zones où le blaireau réalise des avaries. J’ai dit aux agriculteurs que leurs données présentaient certaines incohérences car s’agit-il de blaireaux ou cervidés ? Je souhaite donc un sérieux comptage en 2021 car je comprends tout à fait que cette pratique puisse heurter la sensibilité des gens.” Seulement voilà, le nom du préfet de Loir-et-Cher a changé depuis. François Pesneau, qui a une lettre près aurait pu être ministre, sera-t-il ouvert d’esprit et à l’écoute sur ce dossier ? Peut-être bien que oui, et peut-être possiblement que non. Pour le moment, il faut savoir qu’un rendez-vous avait été prévu pour les amoureux du blaireau. Avant d’être annulé « en raison du contexte sanitaire » selon l’édile de Valaire et Nicolas Orgelet. Sans caler une autre date pour l’instant…
Émilie Rencien