Des travaux étant en cours jusqu’à cet été dans l’auditorium de l’Hôtel de la région Centre-Val de Loire à Orléans, le conseil régional se délocalise le temps de ses sessions publiques dites plénières. Après Châteauroux (36), les élus avaient donc posé leurs délibérations à Blois dans l’amphithéâtre du campus de la Chambre de commerce et d’industrie.
Pour notre première participation sur le banc des journalistes à une session régionale, la séance du 9 février à Blois fut plutôt acérée, dans une ambiance rappelant un brin l’Assemblée Nationale, cumulant ricanements, déplacements, coupures de paroles, invectives. Certains élus à la tribune y auront vu une « AG d’étudiants », tandis que d’autres, en coulisses, murmuraient que cette fois, c’était vraiment calme. Or, débuter, à peine une boisson chaude avalée, avec une passe d’armes et des accusations mutuelles entre communistes et Rassemblement national, causant «nazis» ou encore « pacte germano-soviétique », ça réveille et le café encore fumant devient de suite très corsé ! L’intérêt de cette session blésoise, dotée de quatre sujets à l’ordre du jour (charte de la participation citoyenne, schéma régional des formations sanitaires et sociales, projet de schéma régional d’aménagement et de développement durable territoire (SRADDET) modifié en matière de prévention et de gestion des déchets, et création de l’AREC), mais qui aura tout de même duré de 9h à 21h, fut aussi de pouvoir percevoir des élus différemment un peu en mode « à la ville, à la scène ». Là encore, certains élus d’opposition apparaissent parfois très silencieux sur les bancs de conseils municipaux de Blois et beaucoup plus volubiles et offensifs dans l’arène régionale, tandis que d’aucuns plus affirmés dans leurs communes se montrent a contrario dans un cadre régional plus réservés. Passée cette plantation de décor, il faudra retenir de ce long temps de travail et de débat de la Région, la création de la fameuse AREC CVL. Késako ? Comprenez Agence régionale énergie climat du Centre-Val de Loire. Sa vocation est de «fédérer l’ensemble des acteurs mobilisés pour coordonner, démultiplier les compétences et apporter des ingénieries complémentaires pour l’amélioration de l’efficacité énergétique » selon le discours résumé pour la majorité, à l’image de Dev’Up, l’agence régionale de développement économique.
« Quelques doutes »
« Usine à gaz », « machin », « énième millefeuille et saupoudrage»… Les quolibets ont fusé en retour dans l’opposition régionale, avant un vote à main levée, déplorant notamment l’absence du nucléaire dans les énergies renouvelables de l’AREC, et que le compte environnemental n’y est pas, d’autant plus avec l’annonce inhérente du recrutement d’une trentaine d’équivalents temps plein (des profils plutôt d’ingénieurs) d’ici quatre ans qui générera des dépenses. Le conseiller Marc Fesneau (aussi ministre MoDem de l’agriculture, c’est bien lui) aura émis sa »peur qu’on soit complètement à côté de la plaque, et pourtant, je ne suis pas du genre à participer à la démolition générale, mais j’ai des doutes. Nous devions être la première région en termes d’énergie et d’environnement, et 18 ans plus tard, où nous en sommes ? On crée une agence… C’est un peu dur mais c’est un peu vrai!». Idem pour Nicolas Forissier, côté droite et LR, qui a reconnu « un objectif très louable », son « envie « au départ de dire formidable » mais également « quelques doutes sur sa mise en oeuvre qui consiste à nouveau à un empilement de structures alors que l’Arec aurait dû être un outil de simplification.» Ajoutant : « on ne comprend plus rien, pardon d’être aussi dur ! ». Pour ne citer que ces voix opposées parmi d’autres pas du tout d’accord avec cette naissance. Dans la majorité, évidemment, le président du Conseil régional, François Bonneau (PS), ainsi que les vice-présidents Marc Gricourt (PS) et Jérémie Godet (EELV), ont maintenu la vertu d’une telle création, afin d’« accompagner le déploiement des politiques publiques et de constituer un tiers de confiance, fédérateur, reconnu de tous ». À voir à l’usage donc, après la théorie et surtout après son adoption en demie-teinte, si l’action est concrètement au rendez-vous.
É. Rencien