Blois : La divine passerelle pas encore née crée déjà un buzz extasié


Orléans envie quasiment Blois ! À lire en ligne certains commentaires loirétains qui se languissent depuis leur rive ligérienne, le Loir-et-Cher est applaudi pour son nouveau pont blésois d’envergure qui surplombera en 2024 sa partie de fleuve royal, s’appuyant sur les anciennes piles du barrage d’antan sur la Loire.
Si Orléans jalouse un brin Blois, pas de désireux parmi les élus loir-et-chériens qui laisseront chacun leur tour leurs indélébiles empreintes dans le paysage, avant de couper peut-être les ponts avec leurs fauteuils à l’approche d’élections départementales et régionales. Tandis que le maire PS de Blois, Marc Gricourt, a en effet érigé sa passerelle, en amont des rails, le président du Département à droite va réaliser la sienne, au-dessus du fleuve. À l’instar des trains, une super-structure peut en cacher une autre ! Chacun son Lego, et il fallait bien rien de moins qu’un wagon cachant un architecte de renom pour ériger ce nouveau projet de zone de traversée dans les cartons blésois. Après un concours lancé en février 2020 et 28 dossiers examinés plus tard par un jury d’élus, de représentants des services de l’État et de spécialistes, c’est le parisien Marc Mimram qui a été retenu parmi 5 finalistes pour un ouvrage d’exception (380 M de long, 4m de large) qui va voir le jour d’ici 3 ans entre le lac de Loire et le parc des Mées, en association avec le cabinet de paysagistes Phytolab et les bureaux d’études Greisch ingénierie-SETI. L’intéressé désigné est l’auteur de multiples projets architecturaux en France et à l’étranger (la piscine patinoire Pailleron à Paris, le pont Hassan II à Rabat, au Maroc, l’école nationale supérieure d’architecture à Strasbourg, la gare de péage des Éprunes, les ponts de Feng Hua et Ben Bu à Tianjin en Chine, etc.), et pour l’anecdote, il a failli travailler sur Cap’ciné il y a quelques années; cela ne s’est pas fait mais avec ce grand écran ligérien naturel, c’est comme un retour aux sources qui pousse à ne jamais dire jamais. À l’image d’un dossier, comprenant une passerelle donc à Blois ainsi qu’un ouvrage de franchissement de la RD951 dans le prolongement des viaducs des Noëls à Vineuil, qui a mis 10 longues années à enfin sortir des berges. Il pèse aujourd’hui une belle barque, soit 12 M€ TTC. Mais le prix n’est que cacahuètes, comparé à l’énergie dépensée par Les élus du territoire qui y ont cru contre vents et marées. “Cette passerelle sera un atout en plus, un observatoire unique ancré sur deux rives,” a commenté Christophe Degruelle, le président d’Agglopolys, Communauté d’agglomération de Blois qui soutient financièrement l’aménagement prévu (*). “Elle fera date en 2024, 30 ans après le troisième pont de Blois, baptisé François-Mitterand en 1994. Ce sera quelque chose dont on se souviendra. Il faut comprendre que ce site est exceptionnel et le succès sera extraordinaire ! Une future carte postale qui voyagera dans le monde entier ! ” Un enthousiasme partagé par Nicolas Perruchot, le président du Département qui est maître d’ouvrage. “C’est un aboutissement pour nous et le début d’une belle aventure. j’étais président de l’agglo à l’époque où l’État a demandé de supprimer le barrage. Ce n’est pas une revanche mais nous avons bien fait de garder ses piles. Ce n’est pas juste un pont que l’on pose. C’est donner un nouveau souffle sans abîmer le paysage grâce à un élément structurant qui s’intègrera dans cet environnement de Loire dont il sera bientôt possible de découvrir les richesses autrement, à pied, à vélo, et même à cheval. »

Vol au-dessus d’un nid de coucous, humains
Il faut comprendre cette impulsion touristique pour rallier la Loire à vélo et de fait, attirer petits et grands sur place. Derrière cette liaison douce dans l’ère du temps se nicheront 750 tonnes d’acier, 353 m3 de béton pour le tablier et 120 m3 pour les appuis, 85 m3 de bois, 650 m3 de bardage bois. “C’est un espace public donné en partage,” a détaillé l’architecte Marc Mimram. “Construire un ouvrage d’art, c’est lire le paysage. Un bon ouvrage ne peut pas être déplacé. Ici, nous offrons avec cette passerelle, à structure mixte bois-acier pensée dans une perspective bilan carbone, un balcon unique sur la Loire. Et le viaduc des Noëls deviendra belvédère. Le patrimoine peut s’allier à la modernité.” Oui parce que le design ultra contemporain aux arcs comprimés pourrait faire grincer quelques dents soucieuses de ne pas croquer dans la pomme Nature (il était question un temps avec cette passerelle, d’adjoindre des ascenseurs…), Et de surcroît, en parlant de nids, les humains désireux de se reconnecter avec l’essentiel naturel sont sympas mais avec ce nouveau fruit et bruit, quid des espèces animales in situ ? Les piles de l’ancien barrage passent en effet dans le sillage d’une île. Les travaux, qui s’étendront de décembre 2023 à décembre 2024, seront “stérilisés”, c’est-à-dire marqueront une pause lors de la nidification des sternes (mai-août). L’inconnue demeure l’accueil final de ces oiseaux qui verront un intrus géant s’ériger dans leur quotidien d’eau et de silence. La liberté a son prix, le tourisme et la carte postale aussi… Mais c’est une autre histoire, et les 10 prochaines années l’écriront depuis ce pont, auquel il conviendra pour la postérité de trouver un petit nom.

Émilie Rencien

(*) L’État et le Conseil départemental de Loir-et-Cher apportent l’eau au moulin également. La Région sûrement aussi; des discussions sont encore en pourparlers avec le Conseil régional du Centre-Val de Loire. Les appels d’offres seront lancés en 2022.