Avant, bien avant de le rencontrer, vraiment, en chair et en os, on aime bien Dany Boon, ce fils du Nord de la France et d’Afrique du…Nord, qui avait si bien réussi en jouant, nature, dans un film devenu culte sur les gens du Nord dont Enrico Macias, le déraciné, chantait si bien l’empathie, le sens de l’accueil, le partage, l’amour de l’autre…
Sa venue à Blois, en février, à Cap ciné, en compagnie de Philippe Katerine et Anne Serra, pour lancer leur dernier film « Le Lion », première œuvre de Ludovic Colbeau-Justin, présent également, m’avait enchanté et laissé espérer un échange, à défaut d’interview longue, vu la disponibilité du temps dont disposait l’équipe entre Orléans, Blois, Amboise et trois cinémas à Tours, le même après-midi. On le savait et c’était dans le deal convenu. Mais entre un échange, même bref, et un dédain frôlant l’impolitesse la plus honteuse qu’il m’ait été donné d’essuyer, en plus d’un demi-siècle de carrière, a laissé un goût plus qu’amer. Pas un bonjour vers les représentants de la presse locale, pas un sourire, pas un geste. Je te passe devant et je te repasse devant sans un pardon même forcé, avec ou sans téléphone. On oubliera la muflerie de boire un café ou de déguster d’autres friandises sans proposer un partage qui aurait, peut-être, ouvert un dialogue. On ne savait plus si on regardait des vedettes (?) jouer à des acteurs ou si elles ne nous regardaient pas comme des animaux exotiques placés là, dans le paysage du hall de Cap’Ciné, en décors. Ils auraient même pu nous lancer des sucres…Mais, ils se sont retenus.
Clown triste
Dany Boon a effectué son tour de piste en jouant avec les spectateurs ravis de le voir en chair et en os. Quelques vannes toutes ficelées. Quelques sourires un peu forcés et crispés et une fois effectués quelques selfies et photos, il laissa les quelque 250 spectateurs suivre en avant-première le film « Le Lion ». Un seul entretien rapide avec Philippe Katerine, accroché, au dernier moment, a permis de savoir qu’il appréciait ce genre de rencontres avec les gens dont il se sentait bien plus proche que dans ses tours de chant. Les trois très puissantes Mercedes aux vitres teintées, avec chauffeurs, « décollèrent » du parc de stationnement en faisant crisser les pneus et je me suis dit « Ah, vraiment le ch’ti con voit partir ne nous laissera pas un bon souvenir de métier ». De haine, je me demande même si je vais aller voir Le Lion…en pensant qu’il y a trois ou quatre ans, on nous avait, avant de le rencontrer, en ces mêmes lieux, donné plein de conseils de bonne tenue envers Albert Dupontel, considéré comme un nerveux et un sang chaud. Finalement, je n’échangerai pas l’agneau Dupontel contre 50 Dany Boon mal élevé, à qui je conseille de se rappeler d’où il vient, du Nord, j’insiste, et qui ne serait, peut-être, rien sans la presse…de l’époque. Qu’il ne crache donc pas sur celle d’aujourd’hui. Salut l’artiste au nez plus triste que rouge !
Jules Zérizer