Blois : Au Département, un audit en bonne voie, finalement ?


Ah la politique en Loir-et-Cher, quelle épopée… Les membres des groupes d’opposition au Conseil départemental avaient prévu de livrer en pâture à la presse des informations d’audit en exclusivité le 8 novembre à l’heure du déjeuner. Et le même lundi, un vœu de la majorité est venu couper l’herbe sous les pieds.
Les épisodes ne semblent pas prêts à s’épuiser, tant les soubresauts inlassablement se succèdent. Et parfois, de manière impromptue ! Car le dernier en date n’avait pas du tout été envisagé par l’opposition. Lundi 8 novembre, rue d’Angleterre à Blois, Stéphane Baudu (Modem, groupe CentreS 41), Pascal Bioulac et Agnès Thibault (groupe La droite républicaine pour le Loir-et-Cher), Michel Contour (groupe Loir-et-Cher Autrement, gauches) et Benjamin Vételé (Génération.s) n’avaient pas vu le coup venir et le vent tourner. Pour rappel, après les élections départementale et surtout après le séisme des affaires et scandales pécuniaires supposés de l’ancien président du Département, Nicolas Perruchot, ils et elles avaient exigé un audit financier de la collectivité en session d’orientations budgétaires le 11 octobre 2021 dans les murs de la salle Kléber-Loustau place de la République à Blois. L’accueil fut frisquet et pire, puisque la porte fut carrément et abruptement fermée à la fois par le nouveau chef de ce même Département, Philippe Gouet (DVD) et par le député et conseiller départemental du canton de Chambord, à la tête du groupe de la majorité, Guillaume Peltier (LR). L’histoire aurait pu s’arrêter là mais c’était sans compter sur une opposition déterminée qui aura relancé le président Gouet par courrier le 3 novembre, avant de s’apprêter à révéler ces dernières nouvelles à la presse le 8 novembre à midi, après leur séance de travail prévue ce lundi-ci à huis clos, entre élus en commission permanente. L’opposition s’attendait sûrement à une nouvelle levée de boucliers et à un refus obstiné réitéré qu’elle aurait pu rapporter aux journalistes. Mais ce n’est pas tout à fait ce qui s’est passé.

Non puis oui, mais…
Que nenni puisque le cheval s’est cabré, et aucunement dans le sens estimé : le 8 novembre, en matinée, un voeu de Troie a surgi, signé par Guillaume Peltier et aussi Catherine Lhéritier. Une suspension de séance fut demandée, avant de réaliser : le “non” est devenu “oui” ! La direction de la communication du Conseil départemental a rapidement confirmé que “ les élus ont voté à l’unanimité un vœu présenté par la majorité départementale. (Ils) renouvellent leur confiance envers les services du département et demandent pour cette étude interne, l’appui de la Chambre Régionale des Comptes sur la gestion et les comptes du Conseil départemental depuis 2015.” Donc, en résumé, tout va bien, mieux ? Ou juste un écran de fumée ? Il y a eu cette avancée inopinée mais la balade promet de durer ! L’exécutif est certes tombé d’accord pour l’idée d’un contrôle interne, via la direction générale de services, accompagné d’une auto-saisie de la Cour régionale des comptes. Oui mais voilà, les oppositions maintiennent leur souhait d’un audit externe en indépendance, accompagné de la création d’une commission ad hoc. « Cela va dans le bon sens mais on sait que la Cour des comptes est surchargée, ce sera trop long,” explicite Stéphane Baudu. “Il faut retrouver une voie de confiance et rassurer les citoyens, rapidement.” Les oppositions exigent de surcroît un vote à bulletin secret pour ce fameux audit désiré, scrutin qu’elles veulent organiser lors d’une session au grand jour, extraordinaire, avant un vote du budget planifié le 13 décembre.Cette séance jamais vue sera-t-elle autorisée par Philippe Gouet, et si oui, quand exactement ? Et si non, un point de non retour sera-t-il atteint pour cette assemblée ? C’est le jeu de la montre, ou de poker, qui va s’affiner. Qui, en définitive, mangera qui en premier ? À suivre, car il faut rester bien éveillés pour saisir l’intégralité du déroulé, en attendant de découvrir la prochaine carte dévoilée dans la manche départementale.

É. Rencien