Blois : Au Département, les sept années les plus longues de l’histoire ?


Depuis le 1er juillet, Philippe Gouet a succédé à Nicolas Perruchot. Si le Conseil départemental demeure à droite, l’opposition s’affiche protéiforme et plus assurée que par le passé.
Après les personnalités Maurice Leroy et Nicolas Perruchot, Philippe Gouet avait lors de la matinée du 19 juillet à Blois sans doute une énorme pression sur ses épaules pour sa première session aux commandes du Département, composée de quatorze délibérations dont l’adoption du compte administratif 2020 et l’examen de la première décision modificative du budget 2021 du conseil départemental de Loir-et-Cher. Ce d’autant plus que son prédécesseur Perruchot a laissé non pas des ardoises, mais bien quelques traînées de poudre dans son départ contraint et forcé, suite à une cascade de révélations médiatiques depuis 2020 (enregistrement de c***s, villa en Corse, intrigants versements via une association de dialogue social). Maurice Leroy, juste avant, était parti oeuvrer en Russie. Alors la barre du mélodrame départemental était haute ! Finalement, ce premier baptême dans l’arène départementale se sera déroulé pour le président Gouet, avec parfois des tâtonnements, et même des originalités (effectuer un replay d’actualités locales et nationales, parler des lions du zoo de Beauval, et souhaiter l’anniversaire en fin de session à certains conseillers nés en juin-juillet par exemple !), mais sans accrocs et dans le calme. Avec un brin de fadeur rythmé par des silences mortels; chacun doit prendre ses marques, après le tsunami. Le tout dans une ambiance « constructive », à écouter les différentes oppositions s’exprimer à tour de rôle, prônant ici « vigilance » et « fermeté », promettant là de « permettre sans se compromettre », souhaitant « un mandat franc » et « qui ne soit pas une tribune politique pour certains ». Derrière cette quiétude de façade, était perceptible le bouillonnement de ces oppositions qui ne paraissent pas prêtes à se laisser compter fleurette. L’atmosphère apaisée passée, jugée de temps à autre, peut-être trop mièvre et consensuelle, n’était elle aussi sûrement qu’une vitrine fumée, à la lecture des sulfureux évènements mis dans la lumière précités.

Nature et numérique pour fers de lance
La main dans le pot de confiture, c’est terminé (c’est à souhaiter), il faut avancer et ainsi, quatre groupes constituent la nouvelle assemblée du Conseil départemental de Loir-et-Cher (même si un intergroupe pourrait être envisagé, l’opposition, éparse, n’aura pas réussi à s’unir… Cf. l’encadré). Et en fonction de l’accord d’harmonies de ceux-là, sept ans de mandat (enfin six ans et neuf mois), cela peut être éreintant ! Et en même temps, d’une courte foulée pour Philippe Gouet. Bien que kinésithérapeute de métier, il sait remettre les choses en place, mais aura d’autres chats à fouetter qu’arbitrer les inimitiés et possibles babilles. Pour preuve, la poignée de dossiers, en cours et en projet, égrenés dans la salle Kléber-Loustau de l’Hôtel du Département le 19 juillet. Parmi ceux-ci, un premier “Festi Jardins”, organisé jusqu’au 18 septembre, c’est-à-dire un festival en plein air dans des jardins privés (à Pontlevoy, Autainville, Vendôme, Vineuil, Saint-Dyé-sur-Loire… Programme complet sur www.departement41.fr). Autre chantier moins festif mais d’ampleur, une Cité du numérique appelée à s’implanter à Blois sur l’avenue de Vendôme (du 5 au 11). Le Conseil départemental est en train d’acquérir un ensemble immobilier, propriété de l’assureur Groupama, pour une rondelette somme (1 630 000 €) dans l’objectif d’y créer un tiers-lieu référent en matière de programmation et nouvelles technologies. Espace vidéo, école de codage, formation numérique pour des individus en reconversion, sont entre autres prévus dans ces murs. Une promotion d’une trentaine de jeunes devrait s’y épanouir à la rentrée 2022. Et sur ce point, chaque partie politique a semblé satisfaite quant à l’utilité d’un tel dossier, en fin de session. “Vous avez pu le constater, tout s’est bien déroulé, c’était dans la tranquillité et la construction,” a conclu Philippe Gouet. En quelque sorte, cette première séance départementale, sous une ombrelle d’anamnèse, s’apparente à un début aux divers fils dans l’immédiat pas si déconnectés pour éviter d’autres courts-circuits….…
Émilie Rencien

 

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Qui est où dans le “nouveau” Département ?
Dans l’exécutif, il y a le fameux et majoritaire UPLC (Union pour le Loir-et-Cher), d’une droite mouvante : avec le vendômois Philippe Gouet (UDi), le solognot LR Guillaume Peltier (qui reste député d’une droite ultra forte et devient conseiller délégué auprès du président pour les circuits de proximité ; canton de Chambord), et le duo ex-PS de Romorantin, Tania André (5e vice-présidente en charge de la vie associative, de la culture et des sports) et le médecin Bruno Harnois (gratifié d’un rôle de conseiller délégué à la santé), mais également, les “ancien(ne)s”, Catherine Lhéritier, Monique Gibotteau, Philippe Sartori, Bernard Pillefer, etc. Dans l’opposition, se niche le groupe survivant « Loir-et-Cher Autrement » (divers gauche), composé de Lionella Gallard et Michel Contour (canton de Vineuil); Michel Fromet et Geneviève Repinçay (canton de Blois 3). S’y ajoute une nouvelle opposition de deux entités distinctes : une autre droite, « La droite républicaine pour le 41 » (Pascal Bioulac et Agnès Thibault (canton de Sologne), de concert avec Élodie Péan et Jacques Paoletti (canton de Montrichard)), et aussi, sur un large bord centriste ouvert, comme son nom le sous-entend, « Centres 41 » (Stéphane Baudu et Marie-Hélène Millet (Modem, canton Blois 2) associés à Christophe Thorin et Angélique Dubé (canton de Selles-sur-Cher)). Encore côté gauche écolo, Benjamin Vételé (Génération.s) et sa binôme, Hanan El Adraoui (canton Blois 1, Loir-et-Cher en commun), bouclent la boucle de ses oppositions, sans estampille ici, même s’ils ont tenté d’exister et de faire mentir la loi de 2013 qui ne reconnaît pas un duo comme nombre suffisant pour établir un groupe politique à part entière. L’UPLC a retoqué l’idée (et l’amendement présenté). Ce qui n’empêchera aucunement à ce couple politisé de faire entendre sa voix, assurément ! La demande de diffusion en ligne des débats constitue l’une de ses premières requêtes.
É.R.