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Blois – Anne Hidalgo : dépasser les clichés ?

L’élection présidentielle se tiendra en deux tours, les 10 et 24 avril 2022. Certains candidats, aux extrêmes notamment, trustent les chaînes de télévision pendant que d’autres sont moins privilégiés par ces mêmes médias nationaux. Cela n’empêche pas le Parti socialiste 41 de croire en sa candidate fétiche, la maire de Paris, qui a visité Blois le 3 février.

Malmenée dans les sondages, peu visible à la TV, étiquetée “parisienne”, Anne Hidalgo de prime abord n’a pas tout pour plaire. De surcroît, elle n’est guère aidée par des “ex” : l’ancien ministre du redressement productif (qui se souvient de l’intitulé ?), Arnaud Montebourg, a fini par retirer sa velléité de candidature, mais l’ancien Président de la République, François Hollande, laissait planer le doute sur un retour de volonté élyséenne… Puis, si l’esprit est ouvert et le vernis d’apparences gratté, la candidate mal aimée, qui inspire pourtant la fierté en Espagne, ne possède pas que des défauts. Dans son programme de 70 propositions par exemple, qui se décline en trio d’urgences (sociales, démocratiques et climatiques : création d’un tiers payant de la rénovation énergétique, faire émerger une nouvelle génération d’agriculteurs, création d’un minimum jeunesse dès 18 ans, offrir un choix de fin de vie digne, redonner un rôle au Parlement et du sens au dialogue social, retraite fixée à 62 ans en tenant compte de la pénibilité, droit de vote partir de 16 ans, revaloriser le Smic et le revenu des enseignants, instaurer un ISF climat, etc.), elle souhaite redonner son indépendance à la presse et aux médias, tout de même ! Depuis Blois, le maire Marc Gricourt, par ailleurs vice-président de la région Centre-Val de Loire et secrétaire national du PS, plusieurs de ses adjoints (encartés ou non, adhérents ou pas : Yann Bourseguin, Claire Louis, Rachid Meress, Cédric Marmuse, Fabienne Quinet) ainsi qu’entre autres présents, l’édile de Mer, Vincent Robin (DVG); Christophe Chapuis (PS-PC), le premier secrétaire fédéral PS 41, et un autre Christophe à l’agglomération Agglopolys, le président Degruelle (PS), sont unanimes, dans une campagne qui s’annonce d’une durée brève et d’une issue incertaine, Covid-19 oblige sans omettre des votes abstentionnistes ou extrémistes annoncés nombreux. “Enfant d’immigrés espagnols, notre maire de Paris est sérieuse, prête, courageuse, sincère. Elle a réalisé plus de déplacements dans la ruralité que d’autres. C’est aussi une femme ! Enfin, c’est une élue d’expérience qui est capable de rassembler la gauche grâce au consensus de ses mesures qui ne sont pas une liste à la Prévert. Rien n’est gagné, rien n’est perdu. ” Unir la ou les gauch(e)s semble dans l’immédiateté mission peu aisée. D’autant que la plateforme web d’initiative citoyenne innovante, qui devait favoriser ce rapprochement et désigner l’élu(e) pour décrocher la timbale gouvernementale via un vote exclusivement en ligne sur https://primairepopulaire.fr, a fait flop, en tout cas de l’avis du PS (qui craignait possiblement que sa candidate soit rejetée par ce biais ? Contrairement à celui du Parti radical de gauche, Cf. encadré). Ce qui n’empêche aucunement encore une fois les fans d’Anne Hidalgo, comme Marc Gricourt, d’y croire et de vanter donc les mérites du programme présidentiel de la candidate à consulter sur https://www.2022avechidalgo.fr. Carpe diem.

Ou plutôt Christiane Taubira ?

Il est certain qu’une première Présidente de la République française marquerait à coup sûr les esprits pour longtemps. Oui, mais laquelle ? Car à gauche, si Anne Hidalgo est officiellement candidate, Christiane Taubira, ex ministre des Sceaux sous Jean-Marc Ayrault, figure également dans les starting-blocks de la course à l’Élysée. Pour mémoire, elle avait déjà tenté ce scrutin présidentiel en 2002 (2,32 % des voix au premier tour, donc pas mieux que les sondages 2022 s’agissant de mme Hidalgo…) et vingt ans plus tard, réessaie, toujours portée par le Parti radical de gauche (PRG). Et à Blois également, elle dispose actuellement de soutiens. Un tractage s’est tenu le 22 janvier sur le marché Lorjou, dans les quartiers Nord. « Les gens en ce moment ont d’autres préoccupations que la présidentielle d’avril mais l’accueil sur le terrain est très bon, chaleureux,” explique Hervé Mesnager, vice-président PRG et coordinateur de la région Centre-Val de Loire. “Tout simplement parce que les citoyens attendent autre chose, et Christina Taubira possède cette franchise qui change, sans pour autant taper sur la concurrence et les adversaires.Elle possède des idées fortes sur la question des salaires, de l’égalité, de la modernisation de l’ISF, etc. Je suis convaincu que les ralliements vont évoluer vers sa personnalité. » Dans son programme 2022 dont le slogan parle de « réunir la France », Anne Hidalgo affiche son souhait de reconnaître l’Outremer. Finalement, peut-être ici un début de main tendue d’union des gauches ? Et en définitive, le nerf de la guerre est de combattre l’abstention dans les urnes. “Il est souvent dit que la jeunesse ne s’intéresse pas à la politique. Justement, Christiane Taubira soulève un tel engouement que nous avons le plaisir de voir des jeunes nous rejoindre !” constate joyeusement Hervé Mesnager. “De même, sur la plateforme de la primaire populaire citoyenne, plus de 467 000 personnes se sont inscrites. Alors tout cela compte! ” Et c’est Mme Taubira qui l’a remporté en plus virtuellement, sur ce site web de désignation de la meilleure candidature de la gauche… Verdict final dans les urnes en avril 2022.

Émilie Rencien