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Billy : La ferme de Vazelle, porte-parole des victimes des dégâts de gibier

Dimitri et Jean Louis Hibry ont choisi de convoquer la presse le 14 mars, à leur exploitation située au lieu-dit Vazelle à Billy afin de parler des dégâts de gibier. Questions, réponses.
Le Petit Solognot : Quels sont ces dégâts dont vous vous plaigniez ?
Dimitri Hibry : « Ces dégâts naissent d’un mécanisme dont l’origine provient de la disparition des terres cultivées au profit de grands espaces dédiés à la chasse, laissant en plaines de grandes friches, refuges d’animaux. De plus, l’évolution de la gestion des forêts conduit à couper les essences locales et à les remplacer par des résineux qui ne présentent ni un intérêt alimentaire ni un intérêt en biodiversité. Constat confirmé par le rapport de la D.D.T. (Direction Départementale des Territoires) du Loir-et-Cher d’octobre 2020. La gestion des plans de chasse, avec pour objectif de départ la régulation, ne produit plus l’effet recherché. Ainsi, les parcelles cultivées sont devenues un lieu d’alimentation privilégié pour ces grands animaux. À Vazelle, ce sont essentiellement des chevreuils, mais nous voyons également apparaitre des dégâts dus aux cervidés, ce qui nous inquiète beaucoup. La situation n’est plus tenable. »

LPS : Quels sont vos recours possibles face à ces dégâts de gibier ?
Jean-Louis Hibry : « Pour obtenir réparation, nous autres agriculteurs, nous nous retournons vers les sociétés de chasse censées réguler le gibier. Le principal problème est d’obtenir une indemnisation en adéquation avec les quantités perdues. Si litige, une médiation a lieu sous le regard de l’État, en préfecture, lors de commission départementales d’indemnisation, composées de 5 agriculteurs et de 5 chasseurs. L’expertise est faite par des personnes appelées estimateurs. Ces derniers sont missionnés, rétribués par la fédération des chasseurs et validés par le préfet. Ils constatent sur place les traces pour identifier le gibier en cause et estiment les dégâts. Le fait est que les désaccords fréquents génèrent un long temps de non indemnisation.»

LPS : Comment votre ferme à Vazelle est-elle impactée, et quel est votre message ?
D. et J-L. H. : « Nous sommes installés depuis 1980 et exploitons cette ferme depuis 1992. Nous sommes convertis en “bio” en 1996. Les dégâts ne datent pas d’hier, nous les absorbions, mais ils s’amplifient d’années en années. Parlons des fraises : en 2017, nous avons estimé les dégâts à 2800 euros pour une indemnité reçue de 969 euros. Prenons les haricots verts, en 2019, c’est 1 tonne et 150 kg qui ont été indemnisés. En 2020, c’est 2 tonnes et 787 kg qui ont été également indemnisés. En 2021, le chiffre s’est exponentiellement élevé à 8 tonnes et 663 kg. Le préjudice financier est de plus en plus lourd et nous ne sommes ici qu’un exemple parmi d’autres. Le préjudice est également moral, nous ne voulons pas vivre d’indemnisation mais d’un travail reconnu par nos clients désireux d’une agriculture saine et biologique. Présents à chaque marché du samedi et du mercredi à Romorantin, nous vendons aussi à la ferme, nous alimentons également l’AMAP Solenbio de Romorantin. Ceci représente plus de 200 foyers nourris. Au regard des constats passés et en cours, avec le soutien d’amis agriculteurs, de consommateurs et de la Confédération Paysanne, nous interpellons les décideurs des sociétés de chasse, les pouvoirs publics et les élus pour exiger quatre points : une vraie régulation correspondant aux dégâts, à défaut d’une biodiversité locale retrouvée et équilibrée ; la fourniture, la pose et l’entretien régulier de clôtures de protection par les chasseurs à l’image de pratiques vécues dans d’autres départements car nous n’avons ni le temps, ni les moyens de le faire nous-mêmes ; une indemnisation, à la hauteur des pertes réelles sans qu’il soit besoin de se battre au tribunal ; l’entretien par les propriétaires des friches à proximité des fermes. Et nous souhaitons une entente entre chasseurs et agriculteurs. »
F.T.
Mail de contact pour la ferme de Vazelle : hibry.jeanlouis@gmail.com