Dernier télégramme pour la route
Après un peu plus de 200 ans de fonctionnement, le dernier télégramme a été envoyé la semaine dernière par Orange. Fini les « stop » à tout bout de champ, sauf sur les routes départementales. Déjà qu’il va falloir rouler à 80 km/h. Un faux télégramme a d’ailleurs fait son apparition, pour cette occasion, sur les réseaux dit sociaux. Une fake new supplémentaire à mettre à l’actif des spécialistes de l’information 2.0 sans vérification. Ce n’est pas méchant mais une fois encore le faux est mieux que le vrai. On ne saura donc pas quelle aura été la teneur de ce dernier message qui se terminait par Stop. On ne connaît pas non plus la composition du dernier message par signaux de fumée au lendemain de Little Bighorn. Pourtant, hors twitter, instagram pic et pic et colégramme, on aurait bien aimé que les derniers mots de cet ultime pneu aient été envoyés à notre meilleur ami du pays de Mickey, Donald.
Au sujet de ce personnage, j’en suis encore à me demander si le président des États-Uniens le fait exprès ou si on a mis un coup de pelle sur son berceau parce qu’il y avait le feu dedans. J’ose espérer que c’est la deuxième solution, sinon c’est encore plus grave qu’on pouvait l’imaginer. C’est que le Donald de la Maison Blanche a encore sorti une énormité la semaine dernière au sujet de l’attentat du Bataclan et le port d’armes par les civils. Déjà qu’il est compliqué de faire rentrer un appareil photo dans une salle de concert… Qu’il souhaite conserver son mode de fonctionnement hérité du Far-west sur son territoire n’est pas de notre ressort. Qu’il prenne pour exemple des choses que lui ou ses prédécesseurs ont engendrées et donne des leçons de manière de vivre hors de ses frontières est une toute autre affaire.
De fait qu’une association twitte « Dear Donald Trump, go fuck yourself (you can use a gun if you want) » (que l’on peut traduire par « Cher Donald Trump, allez vous faire foutre (vous pouvez utiliser une arme si vous voulez ») paraît assez logique. C’est que c’est bien joli de donner des leçons de démocratie mais il faut être capable de s’appliquer à soi-même ce que l’on veut ordonner aux autres. Peut-être que c’est de ça que not’Manu a tenté de lui parler au début de son voyage au long cours. Pas certain. Par contre, c’est par média américain interposé, le magazine Forbes, qu’il a souhaité nous informer de la future suppression de l’Exit-Tax. Un don de 700 millions d’euros selon Bercy. Supprimer une taxe pour les plus riches, mise en place par le petit Nicolas de Neuilly, quand on pompe des retraites à plus 1 200 €, on comprend mieux pourquoi ce n’est pas paru dans les quotidiens du coin… Même Valeurs Actuelles que l’on ne peut pas qualifier de presse anti-libérale est sceptique quant à la justesse d’un tel cadeau. Et après le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, nous explique que not’Manu serait de Gauche. Ou alors le petit Éric n’a pas bien écouté à l’école et confond encore sa droite, c’est là où on retrouve les gars de la Marine, et sa gauche, c’est là où on retrouve les gens qui veulent faire la fête à not’Manu, ou alors c’est le manque d’exemple des clivages politiques dans sa circonscription. Franchement, au fil du temps le doute m’habite, comme dirait Édouard Philippe, not’premier ministre ex-Les Républicains, qui assume l’intérim le temps que Manu rentre à la maison !
Tel un Philéas Fogg des temps modernes, Manu, qui a enfin compris, au bout d’un an, il était temps, que l’avion de président, c’était pour faire des voyages, est arrivé au pays des kangourous – si quelqu’un peut nous indiquer quel est le bruit qu’il fait sachant, de sources sures, ça peut pas faire cui-cui. ça peut pas faire miaou. Peut-être que finalement le kangourou est muet – juste au moment ou les Black Blocs arrivaient à la manif du 1er mai. Un constat, le service d’ordre de la CGT, c’est vraiment plus ce que c’était. Voilà peu d’années encore, dans une manif bien faite, un casseur n’aurait pu casser que son nez. Voilà un dommage collatéral non prévu de la perte de syndicalisation du monde salarié-ouvrier. Selon des sources policières, les casqués-masqués avaient la permission de minuit et l’interdiction de perdre la moindre pantoufle de vair. Faut pas charrier. A la limite une cagoule et un cocktail Molotov passent encore. Peut-être que c’était leur manière à eux de fêter les cinquante ans de mai 68, la Révolution, Sous les pavés la plage, tout ça…
Possible aussi que ce soit un message subliminal pour prévenir Manu que ça pourrait être festif, un demi-siècle ça peut donner des idées, dans les semaines qui viennent. Alors, M’sieurs, Dames de chez Orange, si on pouvait trouver un dernier créneau pour envoyer, là où il se trouve, un petit télégramme à not’ président. On mettrait simplement : Manu – Stop – Si tu reviens-Stop – On annule tout – Stop. Signé : … Nicolas, François, et les autres.
Fabrice Simoes