Vivement l’arrachage des patates !
Janvier, c’est les vœux, la bise et la galette des rois. En Février on met la main à la poêle et on fait des crêpes avant que ne monte le rouge aux joues de nos compagnes devant le bouquet de roses offert pour la Saint-Valentin. En Mars … on plante les premières patates. Comme quoi la licence poétique cela ne peut durer qu’un temps. C’est un peu comme la Démocratie. Au bout de quelques décennies ça lasse. Quelques fois cela peut lasser beaucoup plus tôt. Même, certains trouvent que, à l’image de Tayyip Erdogan, la Démocratie n’est qu’un moyen très temporaire d’accéder au pouvoir suprême. Sa définition des transports turques en est le parfait exemple. « La démocratie n’est pas un but mais un moyen. Elle est comme un tramway. Une fois arrivé au terminus, on en descend et c’en est fini de la démocratie . » Cela nous promet de bien beaux discours quand l’homme fort du détroit du Bosphore va entrer au conseil de l’Europe, à Strasbourg.
Vous me direz qu’avec le Donald de la Maison Blanche, rien à voir avec le Ronald de chez Mac Do et encore moins le copain de Mickey dans l’écurie Disney, nous avons déjà une vision assez urticante de l’intelligence, plutôt limitée certes, mise au service d’un état. La différence entre ces deux potentats, c’est que si l’un est à l’image d’une Amérique fière de son inculture, l’autre possède une vision personnelle du monde selon lui-même. On en connaît une, chez nous, qui n’est pas loin de dire la même chose mais le temps n’est pas encore venu de dépasser le stade de la pensée. La seule différence c’est que ce ne sont pas les mêmes qui sont bons et beaux. Pour l’heure on fait dans le strict nécessaire. On donne au peuple ce qu’il veut … du vent ! De la suspicion aussi. On fait dans l’écran de fumée. Quelques fumigènes avant les grenades de dispersion, cela peut toujours aider. Là, on élague les branches. On érase les dunes. On lime les aspérités. Une opération où le lisse le dispute à la couleur virginale selon Monsieur Propre. C’est juste après seulement qu’il faudra descendre du tramway nommé Désir à défaut de commencer par un M comme dans un film de Fritz Lang.
Drôle de période où l’on crie haro sur le système et on se défend d’en être. Une simple filiation indique pourtant le contraire. « Tu craches en l’air et tu dis que ça pleut … » l’image est simple et explicite. Il suffit donc de dire que le temps est mauvais pour que cela devienne une vérité incontournable. L’effet viral est ainsi fait qu’il gangrène toute pensée positive. Tout ce qui peut être dit ensuite devient caduque et suspect. Et si cela ne marche pas, c’est le complot, la victimisation avant l’heure. Cela permet de couper l’herbe sous le pied à ces enc… de journalistes. Beaucoup plus facile de les virer des meetings. Des mecs et des gonzesses qui sont tous de Gôche ! Pas au Figaro tout de même? Non, pas au Figaro ! L’honneur de la profession est sauf. Raffarin peut donc recommencer à faire huer ces cloporteurs – non les lettres ne sont pas inversées- de l’in-faux dans les meetings LR et assimilés. Pour un peu l’homme du Poitou pourrait se lancer dans une dyatribe dont il a le secret contre ces médias qui n’ont finalement fait que leur travail. On leur reproche si souvent l’inverse. Et s’ils rechignent à dire ce qui est juste, qu’on les mette à la porte ou à défaut qu’on les jette par la fenêtre à la manière d’une Saint-Barthélémy médiatique. Dans la foulée Gérard Longuet va pouvoir poursuivre en toute impunité la chasse à ces mauvais Français qui « ont un poil dans la main ». L’ancien ministre, et actuel sénateur, est un spécialiste du travail, du dur, du pénible, du sérieux. A sa sortie de l’ENA il est devenu sous-préfet et n’a jamais chômé depuis. Entre ministère, l’administration de société, le conseil et tout ça, quelques relaxes aussi, mais les gens vous veulent toujours du mal, c’est prenant. Et puis Gérard est persuadé que 7000€ par mois, pour un député, « n’est pas un traitement convenable, surtout quand on vous interdit de gagner votre vie honnêtement à côté ». On ne parle pas ici de ce que devrait recevoir son attaché(e) parlementaire … C’est fou comment ceux qui gagnent vraiment bien leur vie peuvent être les plus sévères envers ceux qui la gagnent le moins bien. Et de prendre à témoin ceux qui croient avoir quelque chose à perdre ! Entre les jetons des assemblées de grandes sociétés et le RSA, ils sont encore les plus nombreux … pour le moment encore.
Le tramway n’est pas encore arrivé au Terminal qu’ils sont plusieurs à vouloir le faire dérailler. Le conducteur actuel est parti aux fraises cela fait longtemps déjà. François 4 fait la sourde oreille et ne pipe mot. Pas un seul signal d’alarme et nous sommes trop couillons pour nous en rendre compte par nous-même. On avance une 6e République. La 5e est donc tellement moribonde que l’on envisage de passer un cran au-dessus. Avec qui et avec quoi, on ne sait plus trop. Quant au comment il est toujours en suspens.
Encore quelques mois comme ça et le climat devrait redevenir plus calme. Il sera alors temps d’arracher les patates ! On n’est pas certain que la récolte soit si bonne que çela.
Fabrice Simoes