J’étais tranquille, j’étais peinard… et la tour Eiffel vient de s’éteindre une nouvelle fois en hommage aux victimes du dernier attentat dans une mosquée en Égypte. Ben oui, une mosquée, pour Daesh ça n’a rien de sacré. Une mosquée, une église, un temple, une cour d’école ou une salle de spectacle ; qu’importe le lieu pourvu que l’on massacre. Plus de 300 personnes, pas mécréants pour une livre locale, allongées sur le sol, c’est un tapis de morts supplémentaires à mettre à l’actif de ces fous d’un Allah moyenâgeux. Un monument d’Occident qui s’éteint, même temporairement, c’est un morceau de civilisation qui n’éclaire plus la ville. A Paris, vendredi soir, les feux n’ont plus scintillé durant quelques minutes et c’est déjà de trop. Au contraire on devrait écrire en lettres de feu « J’emmerde Daesh ». A Londres, dans l’après-midi, on avait fermé deux stations de métro en raison d’un éventuel « incident de nature terroriste ». Un jour de Black Friday, sur Oxford Street, entre Hyde Park et Oxford Circus, panique générale et une dizaine de blessés dans la cohue générée par une peur insidieuse. Une peur qui donne raison aux connards du Bataclan, du stade de France, de la promenade des Anglais à Nice, et malheureusement de bien d’autres endroits sur la planète. Si les bouchers de l’EI avaient un minimum d’intelligence, ils en seraient tout heureux. Surtout cela se saurait aussi. Pourtant, un seul être pour penser – un neurone unique ne se partage pas – que la notion de menace est plus importante que la menace elle-même et les effets sont presque immédiats.
Pour ces allumés du bulbe, l’objectif ne sera jamais de chasser les marchands du temple mais de rendre obsolète des pans entiers de notre société. Sortir, manger, boire, chanter, danser, rencontrer, discuter, c’est surtout vivre, et puisque la vie se finit toujours mal, mourir aussi, mais pas tout de suite ! Ne plus faire ces choses quotidiennes, c’est un signe de résignation. C’est la dénégation implicite de notre mode de vie même si l’on peut le juger parfois par trop mercantile. La nuit, ce n’est pas que noirceur et zones d’ombre. C’est la lumière de la ville et celle de la campagne. Ce sont les étoiles dans le ciel d’aujourd’hui, non pas un paradis possible dans celui de demain. L’inculture, le côté sinistre de la vie, c’est un credo à la mort. Le chant des veuves au lieu des éclats de rires de la vie. Cathares ou Parfaits des temps modernes, le gène de la mort et du meurtre en plus, au nom d’un Dieu on peut tout se permettre. Comme des inquisiteurs du XXIe siècle, comme des Torquemada sans peur et sans scrupule, comme des connards 1.0 on soumet et brûle au nom d’un monothéisme suranné où la haine a remplacé l’amour de son prochain.
« Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens … » Une secte en chasse une autre, toujours au bénéfice des vivants jamais pour celui qui est évoqué. Pendant ce temps-là on se perd dans des débats sur des idées si superficielles qu’elles en deviennent capitales. Par exemple, cette semaine, il a été proposé de féminiser la dénomination des journées du patrimoine en journées du matrimoine. En voilà un beau projet. Sur ce coup-là, on ne sait plus si c’est la Patrie ou la Matrie qui est en danger ! Une thématique qui va probablement changer la face du monde et rendre intelligents tous les lourdauds au verbe misogyne. Dans la même veine, on pourrait aussi faire disparaître ce dernier qualificatif du dictionnaire. Entre une remarque misogyne et sexiste, où se situe la différence ? Puisque tout est sexisme et que dénonciation vaut condamnation, pourquoi s’embarrasser de deux mots pour un seul mal (e). Le temps que nous y sommes l’Académie pourra toujours aller demander aux Ecossais de changer leur « Land of my father « en Land of my mother ». Cela va faire causer dans les pubs d’Edimbourg ou d’Inverness, entre deux pintes et deux éclats de rire. Déjà qu’ils se foutent bien de nous depuis notre match nul, en rugby, face au Japon, eux qui portent des jupes pour les grandes occasions …
Autant de rien qui font notre tout de chaque jour et qui donne raison à tous les connards à kalachnikov et ceinture d’explosif confondus : leurs massacres sont si peu face à notre omniscience, la défense de la langue de Molière et l’égalité des sexes. On réduit en esclavage ici, en des pays qui n’ont jamais cessé de le faire depuis des siècles soit dit en passant, sans heurts et sans autres ambages tandis que l’on pleure là sur une possible ségrégation statistique.
En y réfléchissant à deux fois, peut-être les féministes ont-ils (elles) finalement raison… Pour le moment on ne trucide plus ses voisins au nom d’une déesse unique représentante d’une religion monothéisme. Pour en retrouver trace, il faut remonter à des temps immémoriaux. Une époque où le monde était si petit qu’internet et ses trolls, Facebook et Instagram, n’existaient pas. L’Égypte, déjà, en était le phare.
Fabrice Simoes