Cinquante ans que le Sergent Poivre et son orchestre ont changé le monde
J’étais tranquille, j’étais peinard… Moment de calme en ce début d’automne. Les morceaux de Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band se succèdent sur la platine. On peut dire ce que l’on veut, la platine et les vinyles c’est autre chose que l’aseptisation des CD et des clefs USB. Ça gratte donc c’est encore vivant…
Les paroles de Luçy in the sky with diamonds* sonne à mes oreilles. Un LSD ludique et poétique qui ferait la couv des Inrock mieux que la tronche de Cantat. Cinquante ans cette année que les treize titres de l’album numéro Un du monde du rock, de la pop et de toutes les musiques du siècle d’avant et de celui de maintenant ont déboulonné Mozart et ses potes des harmonies à cordes et à cris. Cinquante ans, c’est presque onze ans de plus que l’âge de notre Jupiter de l’Elysée. Celui qui dit que les prolos de la Creuse feraient mieux d’aller en Corrèze pour trouver du taf. « Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas » qu’il a dit, en off mais pour que cela s’entende quand même, à l’encontre de mecs qui palpent le smic encore pour quelques semaines avant d’aller pointer à Pôle emploi. Peut-être qu’ils avaient fumé un pet, les quatre Beatles, quand ils ont écrit au sujet de la Luçy d’Yves Coppens. Toujours que Gérard Collomb, rien à voir avec Christophe, celui qui a découvert la banane qu’on mange par les deux bouts et le chocolat par carré, le ministre de l’Intérieur qui s’y connaît en transport, devait aussi être dans des brumes Liverpooliennes en leur conseillant les transports en commun tel que le TGV… Tout le monde sait qu’il existe une navette ferroviaire tous les quarts d’heure entre La Souterraine et Egleton ! Vous me direz Jupiter, celui qui n’est pas arrogant, et les siens ne risquent rien. La nouvelle majorité de députés godillots, plus proche du terroir caisse que du terrain, est toujours là pour le soutenir.
Revenons à nos moutons, aux champs de fraises pour toujours qui ne sont pas dans la liste et à toutes ces sortes de choses.Un concept donc que cet album, de la pochette à la musique, des sons au visuel. Et des tas de gens connus sur l’image bariolée et iconoclaste. Si on la refaisait maintenant, on pourrait toujours se marrer à costumer les grands allumés d’aujourd’hui. En fond de tableau, entre Trump et sa moumoute on placerait Vlado et ses compères oligarches. Près de Erdogan et ses militaires, se tiendrait Heinz-Christian Strache, le Marine Le Pen au masculin de Vienne. On pourrait aussi faire poser Mathilda May, pardon, Theresa May – Mathilda a une autre allure tant côté physique que pour les fringues – sur fond de drapeau britannique entourant Big Ben en panne. En jaune et rouge, côte à côte et bras dessus, bras dessous, Carles Puigdemont, le leader du parlement de Barcelone, et Mariano Rajoy, le chef de l’État espagnol, serait du plus bel effet. On pourrait même mettre une voiture indépendante tout juste sortie du rallye de Catalogne. La moustache de Jean Rochefort, le seul commentateur de télé qui avait le don de faire se piaffer de rire le commun des mortels à l’occasion d’un concours complet, serait aussi du plus bel effet sur le devant de la scène. Ça mettrait un peu de gaité. La robe rouge d’un Éléphant ça trompe énormément donnerait encore plus de peps.
Un petit air de With a little help for my friends** s’imposerait tellement en ces temps de disette d’amitiés véritables. Le problème c’est que les friends (amis en Anglais) sont plus nombreux sur Facebook que dans la vraie vie. Alors, essayez donc de demander à vos deux cents amis recrutés et décochés sur les réseaux sociaux, ceux que l’on cite, ou pas, de venir vous aider à faire une dalle de béton. Si vous en récupérez un ce ne sera déjà pas mal. Et encore, c’est celui qui serait venu quand même si vous lui aviez demandé directement de vive voix…
A day in the life***. « J’ai lu les journaux aujourd’hui, mon gars. Ça parlait d’un mec bien, d’un petit veinard. Et même si l’article était plutôt triste, et bien j’ai ri lorsque j’ai vu la photo. Il s’est éclaté la tête dans sa voiture. Il n’avait même pas remarqué que le feu était passé au rouge… » Dans une chanson ou dans un film de Buster Keaton ça fait encore marrer. Pourtant c’est maintenant un jour dans la vie d’hier qui ressemble comme une goutte d’eau à celle d’aujourd’hui. Le foutage de gueule, le bashing, est devenu une spécialité nationale. On n’en ferait même plus une chanson désormais tant la pratique est devenue quelconque. Même les esprits étroits s’y adonnent. Certes, face à leurs écrans d’ordinateurs, derrière leurs claviers, dans l’anonymat de la toile, sous pseudo, c’est plus facile.
Franchement, il faut bien vous l’avouer, j’adore Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band et je ne pouvais pas manquer le passage au stade des quinquas. Ce qui m’embête un peu dans tout ça c’est que When I’m Sixty-Four**** se rapproche à grand pas… Peut être devrais-je envisager d’écouter plus souvent Starway to heaven***** de Led Zeppelin, histoire de préparer l’avenir !
Fabrice Simoes
*Lucy dans le ciel avec diamants
**Avec un peu d’aide de mes amis ***Un jour dans la vie
****Quand j’aurais 64 ans *****Escalier vers le paradis