Parce qu’il n’y a pas que le zoo de Beauval. À une heure de Saint-Aignan-sur-Cher (41), dans la commune d’Azay-Le-Ferron (36), près de Châtillon-sur-Indre, la réserve zoologique de La Haute-Touche offre un concept de balade différent. Néanmoins, avec une optique partagée : la préservation des animaux et l’éveil des consciences humaines.
C’est un site assurément moins connu, qui fait sans doute moins de publicité et qui abrite un peu moins d’espèces singulières. Il n’empêche que la Haute-Touche, le plus grand parc zoologique français, géré par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et qui était à l’origine une ferme dépendante du château d’Azay-le-Ferron dans le giron propriétaire de plusieurs grandes familles avant d’ouvrir au public en 1980 (cf. encadré), vaut le déplacement également. La dernière fois que nous y étions allés, nous n’avions même pas quinze ans sur le conseil de notre professeure de SVT au collège. Depuis, nous avons grandi et le site, sis dans la région naturelle de la Brenne dans l’Indre, aussi ! La promenade débute d’abord par un parcours en voiture qui permet d’observer les premiers animaux (essentiellement des cervidés) sans bouger de son siège automobile. Après cet avant-goût, la visite se poursuit à pied, ou bien en vélo, ou encore en voiturette électrique; les grandes allées forestières de ce domaine de 436 ha favorisent ces possibilités de mobilités et donnent un grand espace aux 65 000 petits et grands visiteurs enregistrés par an. Comme aux animaux qui sont certes enfermés mais pas du tout derrière des barreaux étriqués. Le parcours, singulier par rapport à d’autres zoos aux apparences plus commerciales, procure une agréable surprise à cet égard.
Des espèces locales en sus
Pas de panda géant ici, mais des pandas roux, des loups, des tigres, des guépards, des pélicans, des porcs épics, des dohles (une tête de renard, un corps de chien ou de loup, mais en fait, un mammifère originaire d’Asie, menacé de disparition, de la famille des Cuon, du fait de 40 dents contrairement aux 42 des canidés), des tortues cistudes d’Europe, des cicognes, des kangourous, des vautours, des faons, des hyènes rayées… Au total, pas moins de 1 500 individus et 130 espèces à poils, plumes, pattes, etc. Et petits derniers dans cette énumération, parmi les locataires, depuis le 24 mai, un groupe de onze babouins mâles de Guinée, en provenance du Parc zoologique de Paris (un autre site du MNHN), a pris ses quartiers, résidant sur une île végétalisée extérieure de 3 000 m2, dotée d’un aménagement intérieur adapté aux besoins de ces primates “quasiment menacés”. Cette création aura nécessité un investissement de plus de 700 000 €. “Souvent, on imagine qu’un zoo renferme des animaux emblématiques. Mais cela ne saurait se limiter à cela. Nous réalisons en outre des dépenses pour des espèces plus locales comme la cistude d’Europe et l’outarde canepetière,” souligne le directeur Anthony Ciréfice, accompagné de l’éthologue Patrick Roux. “Avec un but, réintroduire les jeunes, nés tous les ans dans notre réserve, dans la nature. Un zoo porte des missions d’éducation, d’environnement, de reproduction (non poussée). De sensibilisation des petits et des grands à l’importance de la préservation de la biodiversité et des êtres vivants car nous faisons partie de cet ensemble nous aussi.” Et, comme l’affirme l’adage populaire, il n’est possible de protéger que ce que nous connaissons bien.
É.R.
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Petite histoire et GRAND agenda estival
En 1958, la famille Lebaudy lègue le château d’Azay à la ville de Tours et la Réserve Luzarche (futur domaine de la Haute Touche) au Muséum national d’Histoire naturelle. Le domaine de la Haute-Touche devient une réserve et, à l’initiative du Professeur Nouvel, un centre de reproduction pour les animaux du parc zoologique de Paris et de la Ménagerie du Jardin des Plantes. En 1980, la Haute-Touche est ouverte au public à la suite de l’arrivée des bisons d’Europe, offerts par le Premier Ministre polonais M. Gierek, au Président français Giscard d’Estaing. Des aménagements permettent de mieux accueillir le public : création de l’étang africain en 1988, ouverture de la première partie du parcours « safari européen », observatoires, nouvelles structures d’accueil. En 1998, après de grands travaux, la réserve s’enrichit d’herbivores (antilopes, bouquetins, mouflons, camélidés), de carnivores (loups, tigres, lynx….), de primates, ainsi que de nombreux oiseaux. En 2000, c’est l’inauguration du laboratoire de recherche dédié à la procréation assistée des espèces animales sauvages; en 2008, arrive la création d’un centre d’élevage de l’outarde canepetière. En 2010, une nurserie des Cistudes (tortues d’eau douce) voit à son tour le jour, dans le cadre d’un programme de sauvegarde et de réintroduction. En 2011, un espace d’élevage et de recherche pour les cervidés est pensé et réalisé. Enfin, de nos jours, en 2024, pour découvrir le nouveau groupe de babouins et le fascinant panda roux, sont prévues des journées ludiques (15 et 16 août) et un surprenant concert de jazz le 17 août. Ou comment trouver une idée de sortie pour votre été. Plus sur https://www.mnhn.fr/fr/reserve-zoologique-de-la-haute-touche