En janvier 2021 la Berrichonne change d’entraîneur et de propriétaire. Seule demeure la vérité des chiffres. Le club est lanterne rouge de ligue 2 et entame une nouvelle opération maintien.
«Quand je suis entré à la présidence du club, ma mission était de le reconstruire et de le transmettre.» Thierry Schoen voit probablement avec soulagement arriver le moment de la transmission. Depuis 2014 le président n’a pas été ménagé par l’actualité, celle du terrain mais également celle des administrateurs. Six entraineurs plus tard il laisse le club en fâcheuse posture sportive, lanterne rouge de la Ligue 2… mais après un passage de deux ans seulement en National, ce qui lui a permis de garder le statut professionnel. Un élément essentiel pour le groupe United, propriété du prince saoudien Abdullah bin Mosaad, qui a déjà dans son escarcelle le club anglais de Scheffield (lui aussi lanterne rouge , mais de ligue 1 anglaise) le Beerschoot Anvers, en première moitié de tableau de ligue 1 belge, ainsi que deux autres clubs, l’un en Inde et l’autre dans les Émirats Arabes Unis. « Le dossier avance normalement, l’acte de vente devrait être signé dans le courant du mois de janvier» a annoncé Thierry Schoen pendant la conférence de presse destinée à présenter Benoît Cauet, le nouvel entraîneur de la Berrichonne.
Ambiance légèrement surréaliste pour ce point presse fixé un 2 janvier à 8 heures du matin. Thierry Schoen a évidemment présenté ses voeux à la presse mais il a passé rapidement la parole au nouvel entraîneur. L’arrivée de Benoît Cauet n’est pas un choix du président, mais déjà de l’équipe qui s’active en coulisse. Le dossier United est porté par Michel Denisot, qui ne s’est éloigné du club que le temps d’une élection (manquée) à la tête de la ligue professionnelle. Jerôme Leroy, l’ancien directeur technique, a été rappelé le temps d’une pige d’un mois, et l’entraîneur qu’il ramène dans ses filets n’est autre qu’un ancien collègue du PSG, à l’époque où le président n’était autre que Michel Denisot. Le monde est petit !
Un challenge en vingt-et-un actes
Inutile dans un tel contexte de s’avancer sur la piste des recrutements. Le président ne peut s’engager au moment de rendre les clés, même si (comme on le martèle à des journalistes bienveillants), «ce n’est pas une question d’argent». Alors, que peut dire un nouvel entraîneur qui ne connaît pas encore le nom de la majorité de ses joueurs qu’il n’a rencontré que la veille? «Je suis là pour relever un challenge.» Un grand classique du genre, avec le fameux choc psychologique lié (ou pas) à l’arrivée d’un nouvel entraîneur. Ancien joueur de haut niveau ( Nantes, Marseille, PSG, Inter de Milan) le coach a un palmarès qui en impose dans un vestiaire. Pour le moment c’est au mental de son groupe qu’il devra s’adresser après la glissade catastrophique du mois de décembre: un point en cinq rencontres et trois défaites à la maison. La Berri n’a pris que treize points en dix-sept rencontres, il lui reste vingt-et-un matchs à disputer et on estime à quarante-deux le nombre de points nécessaires pour terminer paisiblement une saison. Alors oui, Benoît Cauet a un sacré challenge à relever en compagnie de Franck Mantaux et Rodolphe Roche, deux anciens du club, qui complètent le nouveau staff. Un challenge qui débutait à Troyes, chez un cador du championnat, après une seule séance d’entraînement. Les Castelroussins ont tenu soixante-dix minutes, mais ils rentrent avec une nouvelle défaite et un carton rouge. Il reste vingt matchs pour engranger vingt-neuf points.
Pierre Belsoeur