Le zoo-parc de Saint-Aignan-sur-Cher demeure toujours fermé au public, mais derrière les murs, en coulisses, une arrivée exceptionnelle a eu lieu hier, mercredi 13 mai, sous le Dôme équatorial.
Le directeur Rodolphe Delord en avait parlé à la presse en février 2020. Une crise sanitaire plus tard, pour la première fois en France, un couple de harpies féroces va s’installer ce mois de mai au zoo-parc de Beauval. En provenance du Brésil, après un long voyage en avion depuis le centre d’élevage d’Itaipu (spécialisé en faune sauvage endémique menacée : harpies, jaguars, tapirs terrestres…), le couple a été dans la soirée du mercredi 13 mai transféré par la route jusqu’à Beauval et leur magnifique installation aux abords du Dôme équatorial. Installés dans une maison de bois sur pilotis au milieu de leur immense volière le temps de prendre leurs marques, les impressionnants oiseaux seront lâchés dans la volière dans quelques jours. Pour cause de confinement, c’est l’un des premiers transferts d’animaux à être réalisé. La vie continue… Aussi, cette espèce classée « quasi menacée » par l’UICN est rarissime : seules 3 autres institutions accueillent des harpies en Europe (3 zoos allemands). On estime que c’est le plus puissant des aigles ; ses serres sont impressionnantes. Il mesure jusqu’à 2m d’envergure et pèse jusqu’à 9kg. La harpie vit dans la canopée et chasse de petits singes comme les capucins ou les saïmiris et parfois même des aras, grands perroquets sud-américains.
Humains confinés, oiseaux sous le Dôme fermé
Pour la petite histoire, lors de la construction du barrage d’Itaipu (sur la rivière Parana, géré par le plus grand producteur mondial d’énergie renouvelable), les Brésiliens, conscients de l’importance de leur faune endémique, ont érigé un Centre d’élevage d’animaux sauvages pour prendre soin de certaines espèces impossibles à déplacer sur d’autres territoires. Depuis, les harpies féroces se sont accouplées et une cinquantaine de bébés sont nés. « Beauval Nature » soutient et finance ce site. L’association reconnue d’utilité publique de Beauval a même été à l’initiative d’un workshop il y a 2 ans pour la mise en place d’un programme de conservation intégrée de la harpie féroce au Brésil (protection de l’habitat des harpies dans les régions de l’Amazonie et de la forêt Atlantique, suivi des sites de nidification en accord avec les communautés locales, mise en place de pièges photographiques). Les responsables d’Itaipu – seule institution au monde à pouvoir envoyer des harpies dans d’autres pays- ont souhaité que les oiseaux de la deuxième ème génération née dans leur Centre soient confiés au zoo français, dans le Loir-et-Cher. Dans le détail concernant le couple donc accueilli ce 13 mai 2020 sous le Dôme équatorial à Saint-Aignan, le mâle est né en février 2018 et la femelle en mai 2019. Un duo férocement incroyable à découvrir bientôt in situ, de visu, lorsque les allées du zoo seront à nouveau accessibles aux visiteurs humains. Début juin peut-être.
Photo intérieure Dôme (c) É.R., février 2020.