ÉQUIPEMENT Châteauroux change, sous la baguette de son jeune maire. Balsanéo, choix politique au plein sens du terme, est le plus gros pari de son premier mandat. Un équipement qu’il n’inaugurera peut-être pas…
Pierre Belsoeur
Cette fois on y est. Les énormes travaux de terrassement ont transformé les environs de l’école d’ingénieurs et les grues ne vont pas tarder à investir le chantier… Balsanéo est sur les rails. La pose de la première pierre, le 6 juillet, avait la solennité qu’il convenait pour souligner l’ambition contenue dans ce projet.
Un projet politique. Non pas au sens politicien du terme, mais dans la mesure où il constitue un pari sur l’avenir de l’agglomération. Gil Avérous avait le choix de réaliser le centre nautique qui figurait dans les cartons de ses prédécesseurs, réalisation consensuelle fléchée dans les programmes électoraux de toutes les listes en 2014 ou de faire un choix beaucoup plus ambitieux.
Ambitieux en terme de coût, mais aussi d’implantation. Pour faire court le projet de La Margotière, en bordure de la rocade était le centre nautique de l’agglomération, Balsanéo près de l’Indre c’est le centre nautique de Châteauroux et de son agglo. Le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, lors de son allocution a validé ce choix, estimant que le territoire de la région avait besoin d’équipements ambitieux susceptibles d’attirer un public extérieur à l’agglomération. Balsanéo en fait partie, la région a donc mis 5M€ dans la corbeille.
Le projet doit aussi doper l’attractivité de Châteauroux
Le complexe nautique qui va surplomber l’Indre, à la fin de l’été 2020 si tout va bien, a l’ambition de conjuguer sport et bien-être. Un bassin de natation avait effectivement toute sa place à La Margotière, mais pour ceux qui ne viendront pas uniquement pour nager, le cadre a une importance majeure. Alors oui Balsanéo est au fond d’un cul de sac, oui il a fallu abattre beaucoup de bâtiments pour l’installer (les entrepôts de Schoen disparaîtront en février 2019) mais le site des bords de l’Indre méritait mieux que ces installations industrielles obsolètes et le parti pris des architectes a transformé les inconvénients en atouts.
Alors évidemment Balsanéo coûtera cher à Châteauroux Métropole : 25M€ si l’on retire de la facture les subventions de l’ADEME, l’Europe, le centre national pour le développement du sport, le département et la région. Pourtant cette dépense avait été largement anticipée par l’équipe de Jean-François Mayet et il importait de valoriser en prenant un parti pris architectural ambitieux. Le projet des soeurs Mikou a été validé à l’unanimité lorsque le jury s’est réuni pour choisir le lauréat parmi les trois derniers projets en lice.
Au delà de la qualité architecturale du projet le fait que l’essentiel des travaux soit attribué à des entreprises de l’Indre est également une belle satisfaction. L’entreprise Guignard qui avait fédéré les entrepreneurs autour d’elle pour décrocher le chantier du Crédit Agricole, a remis en pratique le proverbe « l’union fait la force » en compagnie de l’entreprise Renaudat (à qui l’on doit les tribunes de Gaston Petit et Equinoxe) pour rassembler les corps de métiers susceptibles de relever le pari des sœurs Mikou.
On pourra se baigner à Balsanéo à la fin de l’été 2020, si le calendrier est respecté. Autrement dit après la fin du premier mandat de Gil Avérous. Le maire n’a pas oublié de le mentionner lors du discours qui a précédé la cérémonie de pose de la première pierre. Mais sans doute n’exclut-il pas d’être de nouveau à la tête de Châteauroux-Métropole au moment de l’inauguration… avec Michel Georgeon, le monsieur Balsanéo de l’Agglo.
ZOOM▶ La signature des Mikou : championnes des piscines
Salma et Salwa Mikou sont jumelles et indissociables. Née à Fez, diplômées de Paris Belleville et titulaire d’un DEA d’urbanisme, leurs parcours ne se sont séparés que le temps d’un « apprentissage » chez un maître : Jean Nouvel pour Salwa et Renzo Piano pour Selma. C’est en 2005 qu’elles fondent leur agence : le Mikou Design Studio après avoir gagné un premier concours pour construire le Centre Culturel et Cultuel de Montreuil. Spécialisées dans les grands équipements on leur doit le centre aquatique Aquazena.
Leur coup de génie, en élaborant ce projet a été d’utiliser le site pour faire du centre nautique un balcon au dessus de la vallée. En prenant cette option elles pouvaient faire passer la voie de desserte sous la structure du bâtiment afin de rejoindre des parkings qui pourront également servir aux turfistes lors des réunions hippiques. Du coup Balsanéo n’est plus un cul de sac mais une ouverture sur l’hippodrome.
Les soeurs Mikou sont des artistes, mais les négociations ont été âpres pour faire entrer le projet dans l’enveloppe financière définie. « Des conditions financières très serrées, a souligné Selma Mikou lors de son intervention, mais on a hâte de se baigner dans ce beau projet. »
DECRYPTAGE▶ Un équipement sportif, ludique et de bien-être
Il n’est pas évident de créer un équipement qui soit un compromis entre pratique sportive et loisirs. Jusqu’à présent les deux choses étaient clairement identifiées avec bassin de natation à Saint-Jean et piscine à vagues à Belle-Isle.
Cette fois, avec Balsanéo on ajoute une composante : l’espace bien être avec sauna, hamam, banquette bouillonnantes… Une composante qui réclame un cadre particulièrement soigné d’où la forme elliptique du bâtiment et l’utilisation de revêtement de sol et de murs offrant une notion de confort.
Mais c’est la présence ou non d’un bassin extérieur de 50 m qui a alimenté la discussion. Cette éventualité, repoussée au départ par le conseil communautaire au grand dam des sportifs a finalement débouché sur un compromis. En plus du bassin de natation intérieur, de 25 mètres par 25 permettant la mise en place de dix lignes d’eau, parfaitement adapté aux compétitions régionales, un bassin extérieur de 50 m à cinq lignes d’eau, ouvert de mars à octobre, permettra aux compétiteurs un entrainement en grand bassin.
Mais la réussite de Balsanéo repose aussi sur les amateurs de baignade ludique. Une pataugeoire pour les plus petits, un bassin avec rivière à courants et diverses animations seront complétés par une aire de jeu aqualudique extérieure qui fonctionnera à la belle saison.
Balsanéo sera chauffée par géothermie : on puise l’eau sous le lit de l’Indre, on en extrait les degrés utiles et on la rejette avec quelques degrés de moins à l’endroit où on l’a prise ce qui permet d’économiser des tonnes de carburants fossiles. La fermeture des bassins extérieurs d’octobre à mars est une décision de bon sens, le bassin extérieur consommant cinq fois plus d’énergie que les autres installations.
P.B.