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AvenirPro, un projet de réforme sous surveillance

François Bonneau, président de la Région Centre VdL et sa vice-présidente en charge de la formation supérieure, Kathy Munsch-Masset

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La réforme de la formation professionnelle en alternance, en cours d’étude entre l’Assemblée Nationale et le Sénat, est surveillée comme le lait sur le feu. Les régions de France et la Région Centre en particuliers, sont dans l’attente des derniers ajustements pour savoir si leurs efforts de promotion de l’apprentissage seront « payants », dans tous les sens du terme.

Augmenter le salaire des apprentis, les aider à financer leur permis de conduire pour plus de mobilité, élever la limite d’âge (pour permettre les reconversions professionnelles tardives), et modifier en profondeur le mode de financement des CFA, voilà en substance le fond du projet de loi défendu en ce moment par la ministre du travail Muriel Pénicaud.

Après l’adoption le 19 juin à l’Assemblée nationale, c’est la commission des affaires sociales du Sénat qui a commencé, ce jeudi 21 juin, à examiner le projet de loi AvenirPro, sur la liberté de choisir son avenir professionnel.

Les régions sont les principaux financeurs et organisateurs de l’apprentissage sur leurs territoires. On comprend donc qu’elles portent une attention toute particulière à ce qui pourrait être décidé en la matière dans les prochains mois.

C’est d’autant plus vrai pour la Région Centre Val de Loire, car elle est de celles qui se sont le plus engagé, et depuis longtemps, sur ce champ de compétence. « Nous sommes même ceux qui faisons le plus pour l’apprentissage, assure le président François Bonneau. Nous avons fait une progression de +5 % en 2017 sur les contrats ; et pourtant nous avions déjà placé la barre très haute les années précédentes ». L’effort est, il est vrai, d’autant plus difficile à maintenir. La Région compte désormais près de 19 000 apprentis.

La culture de l’apprentissage dans la Région est réelle, elle se développe, c’est une évidence, y compris dans les niveaux post-BAC les plus élevés, niveaux 3, 2 et 1, licence et même jusqu’au Master par apprentissage.

Si elles avaient fléchi, il est vrai, il y a dix ans, les formations de niveau 4 et 5, CAP et BAC Pro, semblent-elles aussi repartir à la hausse, avec toutefois des difficultés encore dans certains secteurs comme la mécanique poids lourd et agricole, certains métiers de bouche et le bâtiment qui ne font toujours pas recette. La présidente de cette filière, Aline Mériau, dit même avoir 500 offres d’entreprises non pourvues pour trouver des apprentis.

L’apprentissage est prioritaire

Le président de Région avait donc réuni en juin dans l’hémicycle de la Région, les directeurs des 40 CFA, les présidents de secteurs professionnels, industrie, bâtiment, automobile, hôtellerie-restauration…, des chefs d’entreprises et les « développeurs de l’apprentissage ». Un message leur a été délivré en priorité : « pas un apprenti de notre région, en possession d’un contrat de travail, ne doit être refusé du CFA de son choix à la prochaine rentrée ». Qu’on se le dise, s’il le faut on poussera les murs, mais la place faite à l’apprentissage ne doit pas souffrir d’un manque de place.

L’équation est pourtant difficile à résoudre. La Région Centre Val de Loire n’est certes pas immense, mais elle souffre (de ce point de vue en tous cas) d’une très grande disparité dans sa densité de population et dans l’équilibre rural et métropolitain du territoire. Ce qui veut dire que certaines formations, même de niche comme la tapisserie d’art par exemple, peuvent sembler légitimes au cœur d’une agglomération et plus compliquée à installer en campagne. « Certaines formations comme l’informatique, la métallurgie ou la cuisine supposent des équipements coûteux et exclusifs, explique la vice-présidente de la Région en charge de l’apprentissage Kathy Munsch-Masset. Difficile donc d’en installer pour quelques candidats apprentis ».

D’où l’importance de gérer les transports, les permis de conduire des apprentis et bien sûr, le logement.

ils sont près de 19.000 apprentis en Région, répartis dans 811 formations.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le bilan comptable n’est pas de mise

Cette ambition a un coût. La région Centre VdL a consacré un budget de 95M€ à l’apprentissage en 2017. Le président le détaille : 69M€ de fonctionnement, 10M€ d’investissement et 14M€ d’aide aux entreprises.

Et c’est là que se cristallisent les inquiétudes. « La loi telle qu’elle se dessine en ce moment, prévoit de ramener le budget national de 380 à 250M€.
250 millions à partager entre les différentes régions de France pour financer l’apprentissage, ce qui voudrait dire 11M€ pour la région Centre. Ce n’est pas réaliste, poursuit François Bonneau, le compte n’y est pas, il faut passer à 21M€. On ne parviendra pas à payer le coût réel de chaque formation ».

D’un point de vue purement comptable, certaines formations ne sont pas « rentables ». Elles perdent donc de l’argent. Mais pas question pour autant de les abandonner, cela voudrait dire que certaines filières n’assureraient plus la relève de leurs ouvriers.

« Actuellement, une quinzaine de CFA sont en difficulté en région Centre VdL, reconnaît François Bonneau, et menacés à terme ». Et pourtant, certains sont financés jusqu’à 80 %. La question qui revient sans cesse est le coût au contrat. Sachant qu’en grande partie, les formations, scolarité et cours, sont payées en grande partie par les entreprises, mais qui sont aidées par la Région ; les jeunes étant eux-mêmes payés (un pourcentage du SMIC en fonction de leur âge) durant leurs études.

L’équation n’a plus qu’une inconnue, celle de la participation de l’Etat. En ce qui concerne la détermination de la Région, elle n’est plus à démontrer.

Un CFA de l’agro-alimentaire s’installe en Loir-et-Cher

La filière agroalimentaire vient de démontrer, en ouvrant son CFA en début d’année, que créer un CFA faisable. Il s’agit d’un CFA dit « hors les murs », l’IFRIA institut de formation régional de l’industrie agroalimentaire. Le siège est situé à la maison de l’agriculture à Orléans, mais les salles de cours sont installées ici et là, dans un lycée technique, un centre de formation ou une entreprise, au gré des besoins « Grâce à cela, explique son président Manuel Machado, nous pouvons répondre à la demande instantanée des entreprises. Les formations se font sur des matériels sélectionnés et appropriés, à proximité des lieux où vont travailler les apprentis ». Ainsi les frais de telles structures sont-ils réduits au moindre coût. Prochainement, en plus de celles du Loiret et de Chartres, l’IFRIA ouvrira une nouvelle Unité pédagogique à Contres dans le Loir-et-Cher, pour la formation à des postes de conducteurs de machine et de techniciens de maintenance. « Cette unité locale couvrira les bassins d’emploi de Contres et de Blois, là où précisément est implanté Food Val de Loire »

Stéphane de Laage


Les chiffres  de la formation par alternance en Région

– 39 CFA

– 129 sites de formation

– 811 formations proposées

– 371 nouvelles places dans les CFA

– 1 apprenti sur 3 prépare une formation du supérieur

– 354 diplômes du CAP au titre d’ingénieur

– Taux de réussite >80% dès les 1ers niveaux de qualification

– 94 millions d’€ mobilisés par la Région en 2017

– Poursuite du dispositif « Apprentissage Parcours Gagnant » :

285 jeunes bénéficiaires chaque année

8 800 entreprises d’accueil

18 305 apprentis dont 31,13% dans le supérieur

27 nouvelles formations ouvertes à la rentrée 2017

– Rentrée 2017 : + 1 000 apprentis.

Nombre d’apprentis à la rentrée 2016 :  18 305

7 993 de niveau V (CAP)

4 604 de niveau IV (BAC PRO – BP)

3 591 de niveau III (BTS)

2 117 de niveau I et II (Licence pro – MASTER, ingénieur)


Tordre le cou à certaines croyances

Certaines filières portent encore les stigmates de périodes anciennes, et traînent des images infondées : métiers sales, dures, harassants et aux horaires incompatibles avec une vie de famille.

Pourtant, les responsables de ces filières rappellent que les lois, notamment celles qui gèrent les 35 heures, ont fait évoluer les choses. Quant à la pénibilité, les progrès techniques, en particulier dans le bâtiment pour soulever les charges lourdes et faciliter la manutention, ont fait considérablement évoluer les choses. Enfin, à qui n’a jamais visité un atelier de CFA dans l’industrie métallurgique, insistons sur le fait qu’il n’y a jamais plus autant de blouses blanches et d’ordinateurs pour piloter les fraiseuses.

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