Un arrêté préfectoral, une mare solognote, un canal de Berry et un ministre de l’agriculture plus tard… Même si, après impression de ces lignes, des averses orageuses seront venues tempérer la fournaise, le climat de la planète s’affole. Inondations dévastatrices puis sècheresse extrême… Chacun doit y mettre du sien, comme le narre la fameuse fable du colibri.
Restrictions en vigueur pour le Loir-et-Cher
« Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part … »
Cette fable vient à l’esprit en observant le bas niveau de la Loire à Blois ou encore la couleur paille des champs. Il est temps de suivre l’exemple, non ? « Nous faisons appel à une attitude citoyenne, nous devons être collectivement attentifs, l’eau est un bien précieux, » confirme le préfet de Loir-et-Cher, Yves Rousset. Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité : selon l’arrêté préfectoral en cours, interdiction de laver sa voiture (hormis dans les stations de lavage dont l’eau est recyclée) et de remplir les piscines, mais possibilité d’arroser son jardin la nuit, c’est-à-dire de 20h à 8h, quelles que soient la source d’approvisionnement (un puits personnel prend source sur la nappe phréatique, donc non plus…). Des horaires nocturnes également pour le monde agricole, avec notamment une réduction du débit total autorisé côté irrigation, sauf dérogation spécifique, par exemple pour le fourrage et le maraîchage. Les collectivités sont aussi concernées par l’interdiction d’usage de l’eau pour les terrains de sports, les pelouses, les massifs floraux, les voiries, etc. (sauf exception). Enfin, la vigilance demeure de mise pour les animaux domestiques et les enfants en particulier, qu’il s’agisse de rivière ou déplanter d’eau particulier, lors des baignades du fait de la présence de cyanobactéries (repérables par leur aspect regroupé en plaque). Plus de détails sur http://www.loir-et-cher.gouv.fr
À Ouchamps, le ministre de l’agriculture a pris la température
Didier Guillaume a pu vérifier lundi 22 juillet par lui-même les ravages de la sècheresse dans les champs et les murs de l’exploitation de Jean-Philippe Vernon.
« Allô, maman, bobo… » Le soleil est passé en mode grille-pain, fermant même le clapet à la fée pluie. «La situation est dramatique, le dérèglement climatique est là, » a constaté le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, au milieu des maïs avec deux autres représentants du Gouvernement, Marc Fesneau et Jacqueline Gourault. Alors faute de posséder la baguette magique météorologique, l’intéressé a arrosé le département de précipitations pécuniaires déjà annoncées dans les colonnes de la presse nationale une poignée d’heures auparavant, à savoir la création de retenues d’eau (« on ne peut pas regarder l’eau tomber du ciel pendant six mois et en chercher les six autres mois de l’année » selon ses propres termes), l’autorisation de faucher les jachères, une avance à l’automne sur le versement des aides européennes (PAC, soit 1 milliard d’euros) ainsi que le souhait d’une assurance « généralisée » pour les agriculteurs. Mais avons-nous interrogé en plein cagnard, au-delà des gros sous, ne faudrait-il pas appréhender le réchauffement climatique plus globalement ? « Si, » aura discrètement répondu Jacqueline Gourault. Hormis un discours de communication bien rôdée, il faudra s’en contenter, à l’instar de l’expression de « notre empathie vis-à-vis des agriculteurs, » dixit Didier Guillaume. Et sinon, en parlant de bon sens, la ratification du CETA qui se profile, accord de libre-échange de l’UE avec le Canada, aux points controversés (farines animales, boeufs dopés aux antibiotiques, pesticides et perturbateurs endocriniens, véto climatique), on en parle ? Ceci aussi peut échauffer, on dit ça…
É. Rencien