La dernière fois que nous avions vu André Manoukian à Blois, remonte à 2009 et à la création du festival All That Jazz dans la nouvelle salle des Lobis, dont il était le parrain… Il est ensuite revenu dans le coin, notamment à La Chaussée Saint-Victor, en 2021 pour un festival de Joyeuseries. Nous l’avons retrouvé, avec un immense plaisir, en face, à La Halle aux grains de Blois, en janvier 2024 où il donnait une unique représentation de son et de ses talents, devant un hémicycle où il n’y avait que très peu de fauteuils vides. Pendant deux heures, enthousiasmés, séduits, complices, passionnés et envoûtés, les spectateurs-auditeurs ont suivi l’histoire d’Anouch, sa grand–mère, la sienne, aussi, celle de l’Arménie, le berceau natal de la famille, avant les massacres, en écoutant André soliloquer, en partageant ses souvenirs et sa foi en l’avenir, dans un monde, enfin, en paix. Avec lui-même et avec les autres… Avec des précisions historiques. Sans haine. Presque en historien (normal dans le cadre des Rendez-vous de l’Histoire de Blois !) précis. Le tout au rythme des tablas et de ses accompagnateurs, au violoncelle et à la flûte, et les voix orientalisées et balkanes de Diana, Milena et Martine, aux tonalités aussi colorées et chatoyantes que leurs habits de fête… Le temps a paru bien court à tous les invités d’André et de son équipe qui ont, ainsi, ouvert la porte à de futurs concerts sous La Halle aux grains, accessibles à un public élargi et non plus élitiste. Une nouvelle ère s’ouvre pour le jazz à Blois, avec ce partenariat qui n’aurait jamais, oh grand jamais, dû être brisé, il y a plus de dix ans. Le temps apaise des douleurs et relance une coopération, à nouveau pacifique, dont André Manoukian aura été le rassembleur. Souhaitons que ce soit “for ever” (pour toujours)…La réponse est dans le camp de l’organisation et Philippe Dejust.