Saint-Maur
Deux soirées de boxe féminine en deux jours ! L’Indre a accueilli une rencontre France-Italie en vingt combats et le public a répondu présent. Ambiance.
Des Françaises en bleu entonnant la Marseillaise pour répondre, la main sur le coeur, au Fratelli d’Italia défendu avec autant d’ardeur par leur dix adversaires italiennes et cela au milieu d’un ring. C’est le spectacle d’ouverture qu’a offert le gymnase de Saint-Maur le 30 octobre.
Pourquoi une rencontre internationale de boxe féminine dans la banlieue de Châteauroux ? Peut-être un peu parce que Victoire Piteau fait partie de l’équipe de France et que son père est le président de la section boxe de L’US Saint-Maur.
Plutôt qu’un combat féminin, sorte d’attraction au milieu d’un gala masculin, cette rencontre donnait l’occasion de découvrir le noble art au féminin. Et les sceptiques ont dû admettre que lorsque les filles montent sur un ring ce n’est pas pour faire un concours d’élégance.
Comment le pourraient-elles d’ailleurs puisque le short long et les chaussures de ring sont à peu près aussi seyants que ceux des garçons et qu’elles portent un casque qui leur enserre le visage. Et allez donc ranger une queue de cheval sous un casque !
Mais les filles ont manifestement accepté ces contraintes.
Comme les garçons elles relèvent le défi d’affronter une adversaire sans possibilité de fuite dans l’espace enserré par les trois rangées de cordes. La puissance n’est pas la même que celle des garçons, mais la vitesse d’exécution et la précision des coups d’une Gloria d’Almeria ou d’un Caroline Cruveiller mettraient la plupart des ricaneurs en fâcheuse posture s’ils se trouvaient face à elles au milieu d’un ring.
De Piteau à Victoire
Et Victoire Piteau dans tout ça. On a eu les deux facettes du talent de la jeune boxeuse. Le vendredi, devant son public et en particulier la chorale des filles du pôle espoir de rugby féminin, elle a voulu trop bien faire, confondant vitesse et précipitation et se faisant contrer. Mais la demoiselle n’a rien d’une écervelée et elle a compris qu’une boxe plus ordonnée lui permettrait de venir à bout de l’Italienne Chaarabi Sirine, ça n’a pas marché le vendredi, mais elle a eu sa revanche dès le samedi, ce qui lui permettra peut-être de poursuivre son aventure en bleu.
De ce match on retiendra d’abord que la France s’est imposée, même si la meilleure boxeuse de la soirée fut sans conteste Angela Carini, une Italienne à la technique et au coup d’oeil qui font honneur au noble art. La boxe féminine n’est pas une entreprise de démolition et toutes les filles sont descendues du ring sans être marquées. Le fait de combattre en trois rounds de deux minutes, voire quatre pour les plus aguerries, n’est pas étranger à ce résultat. Ce que l’on peut regretter en tout cas, c’est que le système de notation ne tienne compte que des coups qui portent, même mal donnés, ce qui incite les jeunes femmes (comme les messieurs d’ailleurs) à frapper le plus possible. Or la boxe est l’escrime du poing et l’on ne devrait comptabiliser que les coups qui arrivent après une préparation et tenir compte de la qualité des esquives.
Mais toute la différence entre boxe masculine et féminine, c’est peut-être le bisou de l’entraîneur qui vient réconforter ou récompenser la boxeuse à sa sortie du ring.
Pierre Belsoeur