La filiale de La Ligérienne Granulats, Carrières Cassier, exploite depuis 2003 un site d’extraction de sables et graviers à la sortie de Clémont. L’entreprise a sollicité les autorités pour un projet d’extension. Ce dernier provoque remous et craintes de la part de voisins, tout comme de l’association Sologna Nature.
Près de la Barronière, à Clémont, les habitants et les adhérents – une trentaine- de l’association Sologna Nature, née en octobre 2019, et présidée par Michelle Pignon, ont reçu comme un coup de massue derrière la tête avec le projet d‘extension de carrière. Un agrandissement qui risque d’être situé à quelques 200m de l’habitation de Michelle Pignon, dans moins de trois ans, si le projet est validé par la préfecture du Cher. La présidente de Sologna Nature dénonce des nuisances sonores induit par l’engin d’excavation, la dragline et un impact écologique non négligeable puisque, à la clef, 17 ha de chênes et châtaigniers pourraient disparaître. Elle explique que « pour l’instant, elle (la dragline) est à un peu plus d’un kilomètre et on l’entend déjà suffisamment. Pas au point de nous gêner énormément mais… Là, nous risquons de l’avoir près de chez nous pour au moins quinze ans. » Quant aux bois qui seraient abattus, l’argument de la replantation en tient pas. « Même s’il y a obligation de replanter, que veut dire compensation lorsqu’il s’agit de chênes centenaires », estime-t-elle.
Action rapide, expertise comparative…
On comprend l’inquiétude face à ce projet. Les opposants ont lancé une vaste campagne de sensibilisation et d’actions pour qu’il ne se concrétise pas. Fort du résultat obtenu dans une commune voisine, à Sainte-Montaine, tout à côté,où La Ligérienne Granulats avait déjà dû se résoudre à ne pas étendre son site, les opposants espèrent obtenir gain de cause. « Nous voulons agir bien en amont et prendre l’exemple de Sainte Montaine. En 2012, à partir d’études pertinentes, de contre-expertises, après trois années de combat, le projet a été annulé. Nous allons faire étudier par des experts notre contre-projet. Nous avons déjà réussi à avoir accès au dossier, ce qui n’était pas une mince affaire. Il dévoile les réels impacts ! »
Une nécessité, l’action doit être rapidement menée pour avoir des chances d’aboutir… « Nous devons agir avant l’enquête publique. Ensuite, l’adoption par la préfecture sera telle que nous n’aurons plus de ressources pour nous opposer. Nous contactons actuellement toutes les instances écologiques et indépendantes pour être en mesure d’atteindre notre objectif et mettre fin à cette extension. » Lors d’une rencontre avec des représentants de La Ligérienne Granulats, chargés du projet, dont Monsieur Champigny et Madame Liquard, en novembre dernier, il n’aurait été évoqué que le sujet d’éventuelles compensations financières en cas de mise en œuvre du projet. La proposition refusée, le volet négociation financière était clos. Michelle Pignon émet des doutes quant aux solutions sur le terrain. « Ils (La Ligérienne, NDLR) ont commandé une étude complémentaire sur les nuisances sonores et nous attendons les résultats ainsi que leurs propositions pour que, d’après Madame Liquard, nous gardions notre qualité de vie. Même avec des engins présents à 50m de notre propre terrain… Compte tenu de l’étude précédente figurant au dossier de la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement de l’aménagement et du Logement), nous sommes très dubitatifs et nous allons financer de notre côté, une expertise comparative ».
J.F.
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Réactions
Selon M. Champigny, chargé de projet à La Ligérienne Granulats : « Nous voulons trouver en commun des solutions satisfaisantes. C’est pour cela que nous maintenons notre porte ouverte et notre désir de cohabitation sans soucis. En ce qui concerne les nuisances sonores, nous avons mis en place avec un bureau d’études spécialisées, des simulations d’impact acoustique dans le respect des normes et de la réglementation. Des analyses régulières de bruit seront effectuées. Et, conscient de l’importance de ce projet, nous resteront en contact régulier avec l’association pour trouver, je le répète, des solutions envisageables et contraignantes pour nous et sans modification substantielle sur leur vie de tous les jours. Des aménagements seront proposés, notamment pour le trafic des camions, puisque la voie d’accès restera la même avec la mise en enrobé de la voie pour réduire les nuisances de poussières actuelles sur cette voie de sortie Nord. Des aménagements également en ce qui concerne les zones d’extraction, zone d’évidemment limite d’extraction par rapport à l’habitat avec la possibilité de reculer une zone environnementale… »
La maire de Clémont, Mme Dominique Turpin, affirme ne pas avoir d’information de la part de la préfecture. Elle explique que, si elle a donné son avis favorable à cette extension, cela ne voulait pas dire qu’elle prenait parti. « C’est une affaire entre propriétaires privés. La commune n’a pas à s’immiscer dans cette affaire » explique-t-elle. Quant au maire du village voisin, Brinon-sur-Sauldre, Lionel Pointard, impacté dans sa limite de commune, il a simplement botté en touche et affirme ne pas être au courant. Rien n’aurait été porté à son conseil municipal…
J.F.