La commune de Chémery voit, à coups de pancartes sur les bords de route, s’affronter depuis des semaines les « pour » et les « contre » déviation. Les exemples de la Chapelle Vendômoise et de Cellettes, présentés comme des déviations réussies par le conseil départemental, réussiront-ils à convaincre la population face à un nouveau bitumage annoncé de la ruralité ?
Moins de 300 poids-lourds par jour traversaient la municipalité sise entre Contres et Selles-sur-Cher à la fin des années 90, ils étaient 420 en 2007, ils sont 600 actuellement. Les chiffres sont sans équivoque. « On ne fait pas des travaux pour faire des travaux, on ne s’amuse pas à créer des rond-points. On améliorera la sécurité de la population,» a argumenté Nicolas Perruchot, président du conseil départemental. «Cette déviation est inscrite dans notre programme pluriannuel d’investissement et le conseil municipal de Chémery s’est prononcé favorablement en février 2016 sur le sujet. Mais nous n’avons pas non plus déjà décidé de tout, le projet n’est pas figé, est adaptable.» Alors, se fera, se fera pas ? La sempiternelle question reste posée. Même si d’après les précédents propos, la balance semble néanmoins plutôt penchée d’un côté que de l’autre. Si cela se fait, les travaux chiffrés à 11M€, pour cette déviation à 2×1 voies et limitée à 90 km/h, flanquées de 2 giratoires, débuteraient fin 2020 pour une mise en service fin 2021 sur la partie est du village. En attendant, les citoyens ont voix au chapitre : une concertation publique (*) est ouverte au public jusqu’au 31 janvier 2018, avec des registres disposés à l’Hôtel du département et à la maire de Chémery. Qui donnera ce qu’elle donnera…
Peut-être bien que oui, peut-être bien que non
Il est évidemment rare que le consensus soit possible sur ce genre de dossiers routiers, preuve en est des deux camps composés d’habitants qui s’opposent actuellement in situ à force d’arguments qui s’entendent aussi bien d’un côté que de l’autre (nuisances sonores, particules fines, passage de la future déviation près des maisons, présence de faune et de flore, emprise agricole, impact sur les commerçants, etc). Qui en effet serait heureux de trouver une déviation à proximité de son bout de jardin ? Pendant ce temps-là, qui n’en peut plus de voir régulièrement passer des camions devant ses fenêtres ? Propriété privée versus qualité de l’air, le débat reste ardu. A côté des préoccupations quotidiennes des habitants in situ, derrière le projet Chémery, se cachent surtout d’importants enjeux pour les élus, notamment avec le fort développement économique du Controis et l’affluence touristique grandissante générée par le zoo de Beauval. Les zones de Cormeray et de Mur-de-Sologne sont aussi dans le viseur, côté travaux potentiels. Le goudronnage des campagnes ne semble, lui, pas être possiblement déviable…
E. Rencien
(*) Le dossier de concertation est également consultable sur le site internet du Conseil départemental : http://www.le-loir-et-cher.fr/