La date du lundi 29 juin a marqué le retour des grands soirs. Un soir de conseil municipal cette fois en présence des journalistes qui ont été autorisés à reprendre leurs quartiers après la crise viralement confinée. Un soir avec l’arrivée d’anciens candidats-nouveaux conseillers d’opposition remontés comme des coucous et bien déterminés à ne pas laisser aucun droit de cité à l’édile Gricourt.
Une opposition en forme et bien à-propos ! D’emblée, il convient de le répéter et aussi de le reconnaître : le conseil municipal de Blois devient à son tour rythmé, à l’instar de ceux présidés par le maire romorantinais Jeanny Lorgeoux bousculé par ses contredisants en Sologne. Le 29 juin, il s’agissait du deuxième conseil de la mandature blésoise 2020-2026, déménagé – actualité sanitaire oblige- dans les murs de la Halle aux grains, et le spectacle fut explosif. À Romorantin, les joutes oratoires sont un brin plus empreintes de lyrisme, moralisées selon un air de La Fontaine. À Blois, le style s’avère moins littéraire, parfois plus poussif et enragé, mais avisé. Ce qui qui n’empêche aucunement cette dernière opposition d’exposer ses idées travaillées dans un esprit blésois se voulant constructif. Mais la bâtisse en cours d’édifications antagonistes demeure fébrile avec, comme à Romorantin, son lot d’infécondes tirades : “ne me coupez pas la parole, c’est insupportable cette petite dictature, vous choisissez vous-même votre opposition”; “je vous la donne, c’est vous qui avez un grand ressentiment, la campagne est terminée”, etc. etc. S’il faut choisir un registre face au ping-pong théâtral se jouant sur la scène blésoise, optons pour le Cid de Corneille, même si lundi 28 juin, il n’y avait pas d’autre donzelle en vue que la ville de Blois qui aura échappé aux courtisans, visiblement encore loin d’avoir tourné la page de la cuisante défaite.
Plus c’est long, moins c’est bon
Dans l’opposition, donc, entre Gildas Vieira (SE, ex-adjoint de la majorité) et Malik Benakcha (LR), les points de désaccord avec la mairie, savamment identifiés, se sont effectivement succédées, lancées en harmonie et en écho de piédestal. Étienne Panchout (Modem) semble quant à lui avoir séché ses larmes à cause des urnes plus tôt, paraissant à la fois plus pondéré mais plus statique au centre du chemin, attendant que les cris des chiffonniers, particulièrement crispés autour de distributions de bons points de commissions et de bourse de budgets à délier, cessent. Enfin, Mathilde Paris (RN) n’aura pas daigné pointer le bout de son nez, s’épargnant l’échauffourée serinée dans un combat de coqs décoiffés. Pendant ce temps s’étirant lentement, la presse comptait quasiment les coups depuis l’arrière du ring de boxe non stabilisé, avec de l’eau à la cruche vinaigrée, ainsi que la lecture d’une note EELV 41 à la mi-round en faveur du blaireau ignoblement déterré dans la nature. Débutée à 18 heures et une poignée de minutes, la scène de ménage municipal, avec journalistes mais sans public et de fait diffusée en direct sur le Web, aura tout de même duré plus de 5 heures, libérant l’étau vers 23h34. Les prochaines sessions devraient, espérons-le, être moins dans la pinaille qui au final peut ennuyer, pour un droit au but plus direct et mieux placé de la part de joueurs de l’équipe adverse délestés de leurs crampons d’esbroufes. Car six ans, c’est longuet, avant de pouvoir ravir le trophée de premier magistrat. Et il faudra tenir le match dans la durée face à Marc Gricourt (PS) qui, pour sa part également, devra ne pas perdre son pied marin d’édile derrière le gouvernail, au cours d’une navigation de municipalité embarquée sur des bords de Loire, à peine débutée mais d’ores et déjà bien éloignée d’un long fleuve tranquille.
Émilie RENCIEN