Du Genouillet pour le P’tit Bé !


CPE, l’éditeur des terroirs de France et de votre journal préféré, est un éditeur engagé dans la lutte contre le délitement des traditions et des cultures de nos provinces. Ça on le savait. Mais que ses deux piliers, le directeur Christophe Matho et le rédacteur en chef Gérard Bardon, soient des passionnés de viticulture et d’ardents défenseurs de la cause vigneronne, ça on le savait peut-être moins. Eh bien maintenant c’est chose faite : les voila publiquement livrés en spectacle, le verre à la main !

Trêve de plaisanterie, la scène qui s’offre devant vos yeux est l’aboutissement d’une noble cause. Le Genouillet, ce cépage-phare du Bas-Berry, déjà présent à l’époque gallo-romaine, est de retour sur nos tables. Nous avons déjà évoqué les faits dans nos colonnes mais reprenons : alors qu’on le pensait totalement éradiqué par le phylloxera, deux petits ceps sont identifiés en 1990 dans une parcelle centenaire près d’Issoudun. Ensuite, 15 années de développement en vigne conservatoire donnent une descendance de 150 rejetons. C’est là qu’entrent en lice Maryline et Jean-Jacques Smith, les propriétaires du domaine de Villalin à Quincy. En 2005, ils accueillent ces 150 bébés pour méticuleusement, délicatement, patiemment, les choyer, les bichonner, les couver, les aimer. À force de volonté, de procédures interminables en procédures compliquées, la récompense tombe en 2012 : le ministère autorise la réinscription du Genouillet à l’inventaire des cépages exploitables.

Moment historique, les premières vendanges «officielles » du Genouillet sont donc célébrées en septembre de cette même année. Si le vin n’est toujours pas disponible, issu de 150 pieds son tonnage sera très faible, l’on s’en doute. Une production « de masse » issue des ré-encépagements en cours arrivera à partir de 2016. Cela fait long à attendre et le couple vigneron de Villalin s’est soudain retrouvé face à une tâche délicate autant qu’inattendue : satisfaire les impatients. Le contournement fut trouvé en vinifiant en rosé (au lieu du rouge originel), le Genouillet 2013. Le « gris » de nos campagnes ne nécessite pas un long cycle de maturation et sa mise en vente put ainsi démarrer au printemps 2014.

La quantité étant limitée, pensez si nos amis Matho et Bardon ne furent pas les derniers à réserver leur bouteille ! Cette dégustation inenvisageable il y a quelques années, une authentique victoire de la ténacité vigneronne, eut lieu en toute convivialité, au domaine de Villalin, là où le phœnix renaquit de ses cendres et en compagnie de ses heureux parents adoptifs, chaleureusement remerciés pour cette heure historique dans une vie. Alors comment les éminents hommes de lettres ont-ils trouvé notre petit vieux ? Sublimement berrichon. Voila tout est dit. À peine resurgit du passé et déjà un fleuron.

Rappelons ici que CPE est l’initiateur de la saga vigneronne « Les vignes de l’Exil » dont la toile de fond est l’ancien vignoble d’Issoudun avec son Genouillet emblématique et dont le deuxième tome est attendu en librairie aux vendanges prochaines.

C.B.

Maryline & Jean-Jacques SMITH 
1 Hameau Le grand Villalin 
18120 QUINCY 
02 48 51 34 98