Avant le développement d’Internet, la diffusion radiophonique internationale s’effectuait principalement en ondes courtes, les ondes courtes ayant la particularité de se propager à une très grande distance de l’émetteur, sur tous les continents, et de permettre aux populations de recevoir des émissions à un moindre coût, grâce à un simple récepteur radio. Délaissée aujourd’hui au profit des webradios, la radiodiffusion internationale en ondes courtes reste néanmoins un moyen de communication efficace pour des personnes en voyage de tourisme ou en voyage d’affaires dans des lieux isolés de la planète. Elle représente également le seul moyen de communication pour les populations les plus pauvres de la planète, qui peuvent ainsi recevoir des programmes radiophoniques internationaux, l’acquisition d’un récepteur radio étant beaucoup moins coûteux que l’achat d’une télévision ou d’un ordinateur, équipements inaccessibles pour ces populations qui vivent avec moins de 1,25 dollar (0,93 euro) par jour. Au total, on estime aujourd’hui à plus de 2,5 milliards le nombre d’auditeurs d’émissions radiophoniques diffusées en ondes courtes et à 1 milliard d’unités le parc de récepteurs en fonctionnement dans le monde entier.
En France, c’est en 1931 que les P.T.T. construisent le 1er site d’émissions en ondes courtes, à Pontoise (Val d’Oise) afin de permettre à la station Poste Colonial, inaugurée le 6 mai 1931 dans le cadre d’une exposition coloniale, de diffuser en français, en anglais et en espagnol, des émissions radiophoniques à destination des 100 millions d’auditeurs de l’empire colonial français. Après l’exposition, la station reste ouverte et diffuse des émissions en allemand, arabe, italien, japonais,… prenant ainsi une dimension véritablement internationale. En 1938, un nouveau centre émetteur ondes courtes est construit aux Essarts-le-Roi (Yvelines), en remplacement de l’émetteur de Pontoise devenu obsolète. La station internationale Poste Colonial est alors renommée, le 23 mars 1938, Paris Mondial, qui diffusera ses émissions dans 20 langues différentes jusqu’au 17 juin 1940. Après la Seconde Guerre Mondiale, les émissions vers l’étranger reprennent sur la station devenue RTF Radio Paris en 1945, puis ORTF Radio Paris en 1965 et enfin Radio France Internationale (RFI), le 6 janvier 1975.
En 1939, afin de diffuser plus largement les émissions radiophoniques en langue française vers le monde entier, un nouveau centre émetteur en ondes courtes est mis en service en complément du centre des Essarts à Allouis, dans le Cher, qui dispose déjà d’un centre émetteur en ondes longues pour des communications à moyenne distance. Le Ministère des P.T.T. lance également un projet de construction d’un centre émetteur spécifique pour les ondes courtes à Saint Aoustrille, près d’Issoudun. La Seconde Guerre Mondiale stoppe le projet, qui renaît à la fin des années 40. Et c’est en 1950 qu’un premier centre émetteur (appelé Centre A) est construit à Saint Aoustrille, qui sera complété quelques années plus tard par un Centre B puis, en 1961, par un Centre C qui deviendra en 1973, à l’occasion de sa modernisation, Centre E (le Centre D étant un centre nodal). Aujourd’hui, seuls les Centres B et E subsistent à Saint Aoustrille, le Centre A ayant été détruit en 1991 pour raison de vétusté.
Le Centre E est équipé de plus de 50 antennes de diffusion dont 12 antennes tournantes uniques en France, appelées Alliss (pour Allouis et Issoudun), hautes d’environ 80 mètres et larges de 60 mètres. Visibles depuis la RN 151, elles portent chacune le nom d’un grand fleuve – le Gange, la Volga, le Mékong,…, illustrant ainsi leur capacité à diffuser des émissions radiophoniques sur n’importe quelle
zone de la planète. Les antennes Alliss sont gérées à distance grâce aux fibres optiques, depuis l’émetteur en ondes longues d’Allouis ou depuis le centre nodal national de Télédiffusion De France (T.D.F.) implanté en région parisienne. Cette exploitation à distance permet aujourd’hui à R.F.I. ainsi qu’à d’autres radios internationales de couvrir, à partir de Saint Aoustrille, toute l’Europe, l’Afrique, l’Asie, l’Extrême Orient, le Sud-Est Asiatique, l’Amérique du Nord, le Proche et Moyen Orient. Seul centre émetteur ondes courtes en activité aujourd’hui en France métropolitaine, le centre de Saint Aoustrille est complété par un deuxième centre dédié à la diffusion en ondes courtes, situé à Montsinéry en Guyane française et qui dessert plus particulièrement l’Amérique du Sud, l’Afrique de l’Ouest et une partie de l’Amérique du Nord.
Le Centre B, quant à lui, a conservé son bâtiment qui a été reconverti en 1996 comme base de maintenance pour les techniciens de T.D.F.. Le bâtiment B héberge également, dans l’ancienne salle d’émission en ondes courtes, conservée à l’identique, l’Association du Centre Historique de la Diffusion Radiophonique (A.C.H.D.R.). Créée en 1991 à l’initiative de techniciens de T.D.F., l’association a pour but de sauvegarder le patrimoine de la radiodiffusion française et de transmettre au public, à travers des expositions temporaires, des interventions en milieu scolaire, des conférences, des visites du Centre B,… toute l’histoire de la radiodiffusion depuis ses origines jusqu’à nos jours. Grâce aux dépôts de collectionneurs privés, l’A.C.H.D.R. gère aujourd’hui à Saint Aoustrille un véritable musée radiophonique, avec du matériel d’émission datant de plus de 60 ans, des collections uniques de vieux récepteurs, de tubes d’émission, de micros,…Le studio des ondes longues d’Allouis a également été reconstitué à Saint Aoustrille, après être arrivé en pièces détachées au bâtiment B en 2007. L’A.C.H.D.R. s’est par ailleurs vue confier, il y a quelques années, la sauvegarde du patrimoine de la télévision et dispose aujourd’hui d’un espace dédié à la télévision, depuis la télévision mécanique, lancée en France en 1935, jusqu’à la télévision numérique.
Sophie Krupa
A.C.H.D.R.
Mairie d’Allouis, 18500 Allouis
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