Dans le sillage du Cul d’loup construit par les bénévoles de la Maison du Braconnage sous l’égide du sculpteur Christian Hirlay, la Maison du Braconnage a organisé le 23 avril une conférence sur ces habitats précaires de Sologne et de Berry qui abritaient, soit les bûcherons et charbonniers en forêt, soit le matériel et le bétail en Berry.
La première partie de la conférence a été consacrée à des témoignages solognes recueillis entre 2002 et 2004 par Véronique Blot parmi ceux qui ont connu les culs d’loup solognots entre 1930 et 1950 environ. Tel ce fils de charbonnier qui se remémorait : « Notre vie dans la forêt était faite de pas grand-chose mais on n’en est pas mort » ou celui « dont la famille échangeait du bois contre du pain. À dix ans, je suis parti garder les vaches dans une ferme et c’est la première fois que je mangeais des fruits. Quel régal ! » ; ou encore cette dame qui, petite fille, passait le balai chez un charbonnier dont elle garde un souvenir chaleureux, ou encore ce jeune garçon arrivé d’Espagne avec ses parents qui se sont installés dans un cul d’loup. « Pour mes 5 frères et soeurs et moi, ces conditions de vie rudes étaient normales ». Ou ce jeune garçon vivant dans une ferme et qui aimait se rendre chez le charbonnier voisin : » Je me souviens que dans son cul d’loup, il faisait chaud alors qu’il n’y avait pas de chauffage. La porte était en toile de jute et l’habitation était recouverte de terre et de brémaille afin que l’eau s’écoule. » « Ces témoignages, qui font partie de la banque sonore de l’UCPS, sont précieux car leurs auteurs qui ne sont plus de ce monde, permettent au public de découvrir cette vie en Sologne de la part de ceux qui l’ont vécu », reconnaît Véronique Blot. La seconde partie de la conférence a été animée par Amaury Babault, membre de l’association La Rabouilleuse à Issoudun (36)et qui a effectué des recherches sur ces habitats traditionnels et populaires durant 20 ans sous la houlette de Marcel Suhard. Appelés cul d’loup ou loges, ces constructions temporaires et effectuées avec les matériaux dont on disposait sur place – bois, pierres, matériaux végétaux- servaient en Berry à abriter les familles de charbonniers et de bûcherons en forêt, les animaux et le matériel dans les plaines agricoles. Il y avait peu de différences entre les culs d’loup solognots et les culs d’loups berrichons, puisque les charbonniers et bûcherons de ces deux territoires vivaient de la même façon, en se logeant dans des abris qu’ils fabriquaient eux-mêmes avec les matériaux dont ils disposaient.
F. M.