Blois : Le bonheur d’agir des maires “à regonfler” d’ici 2026


D’une année sur l’autre, le moral des troupes élues s’affiche en berne. En dépit de son énergie et enthousiasme, la ministre déléguée chargée des collectivités territoriales et de la ruralité, Dominique Faure, n’aura pas totalement persuadé en avril un auditoire d’édiles réunis en congrès à Blois.
Comme chaque année, l’Association des maires de Loir-et-Cher, présidée par Catherine Lhéritier, maire DVD de Valloire-sur-Cisse, vice-présidente du Conseil départemental 41, également vice-présidente de l’Association des maires de France (AMF), a organisé le 19 avril son traditionnel Congrès à la Halle aux grains de Blois. Dans l’hémicycle, les rangs semblent d’une année sur l’autre plus épars et pourtant, pas moins de six cent participants (267 communes au total en Loir-et-Cher) ce vendredi-là. Il faut dire que les mandats devenant plus exigeants, les maires, qui doivent de plus en plus assumer de choses sur leurs épaules, ont bien d’autres chats à fouetter que faire de la représentation, trop accaparés par les normes administratives et leurs inquiétudes. Ces fameuses “injonctions contradictoires”, – notamment du Gouvernement, expression chère au maire de Cannes et président de l’AMF, David Lisnard (LR), – pèsent sur l’entrain des heureux élus qui perdent de temps en temps leur joie d’action. Sans parler du “ZAN” pour “Zéro artificialisation nette”, et aussi, des “ZRR” transformées en “FFR” (pour “France Ruralité Revitalisation”), et autres sigles d’un jargon bureaucratique, pouvant être oppressants pour des municipalités depuis les lois NOTRe et 3DS. Il serait possible d’ajouter dans ce panier plombant, l’abstention croissante, la véhémence des oppositions et des citoyens, la violence des réseaux sociaux, le manque de reconnaissance de la fonction, la carte scolaire, la désertification médicale… Les premiers magistrats démissionnent parfois en cours d’exercice, ou ne souhaitent pas postuler à leur propre succession; vieillissent aussi. Alors, la ministre déléguée macroniste, Dominique Faure, qui fut elle-même maire en Occitanie et a indiqué s’être “mariée dans le Cher,” était à Blois pour tranquilliser, et en filigrane, particulièrement, rassurer pour ne pas perdre trop d’ouailles d’ici les prochaines élections municipales de 2026. Une voix dans cette assemblée aura osé jeter un pavé dans cette mare; celle d’Alain Poma, maire du village de Châtillon-sur-Cher, pas forcément pessimiste ni malheureux, mais soucieux. “Nous avions autrefois trois listes puis ce fut deux. Et aujourd’hui, je ne suis pas sûr de pouvoir réussir à attirer dix-huit personnes sur ma seule liste dans deux ans,” a-t-il souligné. Mme Faure aura tempéré sans totalement convaincre : “Il y aura toujours des candidats, c’est toujours le plus gros ratio électoral. Être maire, c’est aimer les gens, et gérer des équipes, des projets, des budgets dans l’intérêt commun. Nous mettons en place en outre une aide pour les étudiants qui s’engagent, qui peuvent se faire rembourser leurs frais pour être présent quatre ou cinq fois par an aux conseils municipaux.” Elle aura toutefois reconnu en aparté, face à la presse, “comprendre les angoisses” et “percevoir des difficultés possibles de manque de candidats surtout sur les plus petites communes”. De son côté, pour contrebalancer, Catherine Lhéritier mise beaucoup sur la proposition de loi rédigée par les sénateurs Françoise Gatel, Mathieu Darnaud, François-Noël Buffet et Hervé Marseille, relative aux conditions d’exercice des mandats et un vrai statut de l’élu local, adoptée en première lecture en mars 2024 à l’unanimité dans les murs du Palais parisien du Luxembourg avant de revenir à l’Assemblée nationale. En somme, en dépit des crises successives, un Congrès départemental entre espoir et espérance. Deux termes fréquemment usités ces derniers temps dans la sphère politique. Ainsi qu’un troisième : la confiance. Mme Lhéritier a d’ailleurs confirmé : ”l’État doit faire confiance aux maires, les collectivités doivent retrouver un pouvoir d’agir. Il faut regonfler les maires. Nous avons besoin que tout le monde récupère courage et énergie pour le nouveau mandat ». Le métier est ainsi sur l’ouvrage républicain d’ici 2026…

É. Rencien