Le 21 septembre a eu lieu au cinéma le Méliès la première des 3 conférences automnales présentées par le groupement de recherches, GRAHS. Marie-Cécile Sainson, professeur des écoles dont le premier poste fut à Lamotte-Beuvron et auteur d’une thèse à Paris IV Sorbonne, dont l’une de ses grands mères était lingère dans les châteaux aux alentours de Dhuizon, a présenté les loisirs et les distractions de la bonne société orléanaise de 1848 à 1914, d’après les éléments de sa thèse et un ouvrage qu’elle a fait paraître sur le sujet.
À la Belle époque, l’aristocratie, installée de longue date, fait place à la bourgeoisie montante, et ces classes aisées et cultivées partagent les mêmes activités. Installée à l’origine rue de la Bretonnerie, l’élite orléanaise investit la rue de la République percée peu après la construction de la gare d’Orléans, afin de créer une artère allant jusqu’à la place du Martroi. Les immeubles de cette nouvelle rue sont de type Haussmannien avec des boutiques au rez-de-chaussée, un entresol pour le stockage des marchandises et un premier étage réservée à la bourgeoisie. Comme à Paris à cette époque, plus on monte dans les étages, moins on est élevé dans l’échelon social. Dans les appartements bourgeois comme dans les hôtels particuliers, la salle à manger est une pièce très importante il s’agit de celle où l’on reçoit. Les bals organisés dans les salons favorisaient les arrangements matrimoniaux sous la houlette de la maîtresse de maison qui était chargée de l’éducation des enfants, la gestion du train de maison et des domestiques, ainsi que de l’organisation des réceptions. Les femmes faisaient aussi partie de société de charité comme celle qui fut à l’origine de la crèche des Chats ferrés (qui fut l’une des premières crèches fondées en France qui existe toujours). La population masculine, du moins celle qui n’était pas de fonction (Officier, magistrature, barreau…), restait très oisive tout en étant très occupée par de multiples activités (sociétés savantes, société d’Agriculture et collections exposées dans les cabinets de curiosité de leurs demeures). Les concerts, salle de l’Institut qui bénéficiant de musiciens de qualité, étaient des rassemblements mondains très prisés. Les enfants étaient inscrits au conservatoire car enseigner le piano ou le chant était la seule activité rémunérée que pouvaient exercer les jeunes filles de bonne famille en cas de revers financiers.
Sorties et châteaux
La bonne société pour ses promenades se retrouvait sur le mail, dont la foire de juin était l’occasion de monter ses belles tenues, rues Jeanne d’Arc et de la République. Les enfants étaient menés par leurs gouvernantes dans les parcs de la ville. Les courses hippiques à l’hippodrome de l’île Arrault étaient aussi un endroit de rencontres.La fête de Jeanne d’Arc était l’occasion pour la moitié de la ville de regarder l’autre moitié défiler. À partir de la fin du printemps jusqu’en octobre, la bonne société se retire dans sa résidence secondaire qui est tout d’abord installée aux confins d’Orléans et ensuite en Sologne où le commerce du bois devient très intéressant, après les actions de Napoléon III en faveur de cette région. Les femmes aident la population locale en difficulté et s’occupent des écoles, tandis que leurs maris se rendent aux rendez-vous de chasse. Les châteaux y poussent comme des champignons : 340 châteaux en Sologne dont un tiers construit entre 1880 et 1914, chaque commune solognote comptant 3 châteaux en moyenne. En bref, la fréquentation des mêmes lieux permet de conserver l’entre soi qui permet de rester dans sa caste. Ce qui pourrait être résumé par le dicton : « Y être , c’est en être ». Prochaines conférences : 19 octobre : Les tacots et tramways en Sologne, et 23 novembre : Quelques aspects du patrimoine et de la mémoire de Lamotte-Beuvron. 18 h au cinéma Le Méliès.
F. M.