Mer : L’eau, bien commun, et au milieu, encore des plateformes


Le convoi de l’eau, après l’Indre-et-Loire et avant le Loiret, est passé le mercredi 23 août à Mer. Si les participant(e)s, en tracteur ou à vélo, défendaient un usage partagé de la ressource eau, les indignations locales du Loir-et-Cher en ont profité pour élargir le sujet environnemental et sociétal aux installations logistiques.
“Rage against the bassines”. Le pastiche tiré du nom d’un célèbre groupe de rock américain imprimait sa mélodie contre les bassines ou réserves d’eau pour sécuriser l’irrigation agricole en cas de sécheresse, dès l’arrivée du long cortège réunissant au moins 20 tracteurs et plus de 700 vélos. Enfants, adultes, jeunes, moins jeunes, étudiants, retraités, femmes seins nus…. Des élus écologistes du Conseil régional du Centre-Val de Loire ont été en été aperçus (Delphine Benassy, Karin Fischer, Jean-François Bridet par exemple), ou encore des membres de l’association Sologne Nature environnement et du collectif Luttes locales Centre, entre autres. Il y avait tous les profils, ou quasi, le 23 août à l’arrivée dans la zone industrielle des portes de Chambord, à Mer, dans cette cordée de plusieurs kilomètres qui s’est posée un instant à l’ombre, dans une ambiance bon enfant, pour se désaltérer ou déguster un fruit à l’ombre du dôme de chaleur de cette fin août, avant de rallier le site de leur bivouac pour la nuit, la commune de Lestiou, près de Saint-Laurent-Nouan. Un arrêté, autorisant « la captation, l’enregistrement et la transmission d’images par le groupement de gendarmerie de Loir-et-Cher », avait été pris par la préfecture de Loir-et-Cher, la veille, puisque certains agriculteurs avaient émis des craintes de sécurité quelques semaines auparavant concernant de potentielles dégradations et dégâts collatéraux sur leurs parcelles, mais cela aura un peu crispé quelques cyclistes qui avaient eu droit à des contrôles d’identité par les forces de l’ordre et qui racontaient avoir pédalé en liberté, en Indre-et-Loire sans une telle décision exécutoire. Exceptée cette petite contrariété, une fois l’émotion digérée, chacun(e) a écouté calmement les militants qui auront accueilli les estivants en musique, et surtout “sans haine, sans armes et sans violences”, selon le titre d’une chanson du groupe français HK et les Saltimbanks entonnée. Parmi les prises de paroles remarquées, celle du jeune militant EELV, Noé Petit, ex-candidat aux élections législatives de juin 2022, président fondateur de l’association “À bas le béton” pour la préservation de l’environnement. À l’instar de Romorantin (Cf.page 14, ndlr), le jeune étudiant de 19 ans a fustigé les plateformes logistiques sur sa commune de Mer cette fois, soit “des hectares artificialisés juste pour faire de la tune,” selon son expression, en citant au passage le patronyme d’un ancien élu local de ce territoire aujourd’hui ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, ainsi que le nom d’un représentant du groupe logistique Panhard. “Hou ! Son adresse ! Son adresse !” ont scandé une poignée de participants au teint hâlé. Sans incident. “Nous ne sommes pas là pour créer un Sainte-Soline bis,” a d’ailleurs souligné Noé Petit en fin d’évènement.
É. Rencien