Villeherviers : Le film sociétal de Lorène Thaumass enfin dans la boîte


“Aller simple” aborde avec humour et profondeur la thématique du vieil âge et son accompagnement dans notre société moderne. Dans les coulisses du tournage à l’Ehpad (établissement d’hébergement des personnes âgées dépendantes) des Villas d’Hervé, les résidents, figurants d’un jour, ont dans ce cadre quitté fin juin le train-train quotidien pour une brève apparition à l’écran, aux côtés de noms connus. Silence, on a tourné !
Après cinq ans d’attente, le tournage du film de Lorène Thaumass, en cinq jours seulement, a commencé dans le dernier Éhpad indépendant du Loir-et-Cher, chez Frédéric et Elena Gay, propriétaires des lieux. Parmi les acteurs, le loir-et-chérien Jean-François Turmeau, grâce à qui ce tournage a lieu ici. Une rencontre prémonitoire en 2018 pour Lorène Thaumass. Elle lui raconte son projet, il lui parle de sa maman qui vit dans les Villas d’Hervé, et voilà le décor trouvé ! La résidente vedette choisie à l’époque, dans le casting, était Marthe Villalonga. Mais le Covid a stoppé ce premier élan, le temps passant… En 2023, c’est finalement face caméra, Danièle Évenou et son énergie infatigable. Nous avons assisté au tournage de la scène 14 du scénario le 28 juin à Villeherviers : l’arrivée de la maman, Jeanine, (Danièle Évenou donc) à l’Ehpad, accompagnée de deux camions de ses meubles, au grand dam de ses enfants, interprétés par Lorène Thaumass (marié à l’écran à Yvan Le Bolloc’h) et Bruno Solo, et puis, rien ne va se passer comme prévu. “Silence, on tourne.” Et la magie a opéré, faisant oublier la caméra, les micros, les assistants. Et ne reste qu’une vieille dame qui ne veut pas quitter ses meubles, un instant déchirant, ses enfants bouleversés, et nous aussi devant la conviction de ces acteurs au bord des larmes sur un sujet de santé publique. Au deuxième plan, l’apparition de Michel et Jeannine, vrais résidents de l’Éhpad, coiffés, pomponnés, qui étaient heureux de participer au film. Derrière cette bonne humeur et une fiction qui se veut drôle et légère, Lorène insiste sur le but de son film : montrer la difficulté pour l’entourage de ces départs, généralement un aller simple sans retour, vers un Éhpad. Elle précise : “en aucun cas, je ne veux critiquer ces établissements qui sont des étapes nécessaires, servis par un personnel dévoué et professionnel. Mon discours est plutôt de questionner, de tirer une sonnette d’alarme : écoutons-nous ? Quid du libre arbitre laissé à nos aînés sur leur fin de vie ?“
G. Brown

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“Demain, on tourne pépé!”
La veille du tournage à Villeherviers, l’équipe du film a effectué une présentation du projet “Aller simple” à l’Hôtel de ville de Romorantin le 25 juin. Dans la salle du conseil municipal, Firmine Richard et son accent créole, Danièle Évenou (à la plastique remarquée…), et surtout les inséparables déjà complices dans la série “Caméra Café (M6), se retrouvant en Sologne, Bruno Solo et Yvan Le Bolloc’h. Multipliant les blagues, dont une notamment sur les “Lamborghini spéciales chasse faites par Dassault d’Yvan avant qu’il ne prenne sa carte à la CGT”, Bruno Solo a même réussi quelques secondes à décontenancer le maire de Romorantin, Jeanny Lorgeoux, dans son discours ! C’est donc une ambiance bon enfant qui régnait, malgré le thème très sérieux du premier film de la comédienne Lorène Thaumass, à savoir la vieillesse qui nous touchera tous et toutes dans un avenir plus ou moins proche. Tout part de son histoire personnelle, familiale, et d’une première promesse qu’elle avait faite enfant à son grand-père sous un marronnier de son jardin en Vendée, puis une seconde, tout aussi émouvante, quand il a été placé en établissement alors qu’il souhaitait finir sa vie dans sa maison. C’est aussi le souvenir de son aÏeul qui a permis à la comédienne de ne pas lâcher son souhait, malgré quelques embûches, notamment financières. “Demain, on tourne, pépé!” s’est-elle exclamée dans la mairie, riche aujourd’hui de plus de 400 soutiens privés (65 663 euros récoltés) et partenaires publics, parmi lesquels par exemple, l’association des Amis des chemins de Sologne. Le film a été tourné en Loir-et-Cher donc du 26 au 29 juin, et en Ile-de-France du 1er au 2 juillet, mobilisant 30 techniciens, 7 rôles et 48 figurants. Cette joyeuse équipe devra encore reprendre son bâton de pèlerin pour trouver de nouveaux fonds pour la post-production et la diffusion du moyen métrage de 24 minutes. Une campagne de financement participatif va être lancée,avec l’objectif ensuite de projections dans des festivals “et également sur une chaîne publique, France 2,” d’après Bruno Solo.
É. Rencien