Après l’enveloppe de 250 000 euros allouée par le Loto du Patrimoine et la mission Bern pour la sauvegarde du patrimoine, ce sont d’autres dons de mécènes qui affluent au chevet du monument blésois qui s’apprête à se refaire une beauté.
Il existe trois ou quatre aîtres en France. Dont un à Blois, celui de Saint-Saturnin, dans le quartier Vienne, qui est un exemple rare de cimetière cloîtré à galeries daté du XVIe siècle, propriété de la Ville de Blois depuis 1923. La Mission Patrimoine pour la sauvegarde du patrimoine en péril, portée par Stéphane Bern, l’a bien compris puisqu’elle a retenu le dossier de candidature dans sa dernière sélection et de fait, a attribué, pour sa restauration, un soutien pécuniaire de 250 000 euros. Le monument porte en effet des stigmates de vieillesse (charpentes voûtées fragilisées du fait de bois cassés ou pourris, racines végétales désorganisant certaines pierres, humidité, insectes, etc.). Des travaux urgents de sécurisation sont par conséquent programmés pour l’été 2023, avant le lancement du chantier à proprement parler qui s’annonce minutieux, dans l’année 2024 (rénovation des façades, des charpentes lambrissées, des piliers en bois et en pierre, des peinture murales, etc.). L’aître Saint-Saturnin sera à nouveau accessible aux visiteurs courant 2026, après avoir fait peau neuve; sont notamment annoncés un musée lapidaire repensé avec une nouvelle scénographie, la possibilité in situ d’organisation d’évènements culturels extérieurs, tout comme des locations du lieu permises pour le tourisme d’affaires et pourquoi pas, l’accueil de manifestations privées comme des mariages.
Dassault, et aussi Caton, Lasnier, Vega, Saumet…
Le site, à l’histoire patrimoniale riche, devrait donc, bientôt, attirer touristes et visiteurs locaux. En attendant, l’opération pharaonique, qui lui donnera ce nouveau souffle, pèse plus de 2,8 millions d’euros. Outre l’enveloppe précitée de 250 000 euros, des sources multiples viendront compléter et épauler cet objectif blésois (Région, Département, Direction des affaires régionales culturelles, etc.). Des aides privées viennent ainsi de se manifester, tombant du ciel entrepreneurial. Une cérémonie de remise des chèques était organisée le 24 mai, en présence du maire de Blois, Marc Gricourt. Les entreprises Caton (pompes funèbres) et Lasnier (BTP) ont donné 10 000 euros, tout comme le groupe Vega (fabrication de mortiers et d’enduits pour la rénovation et réhabilitation de l’habitat ancien et des constructions à caractère historique). Le groupe Dassault, via sa fondation Histoire et Patrimoine (qui donne des coups de pouces financiers aux églises, châteaux, Arc de Triomphe, etc., a versé 180 000 euros. «Pour nous, l’aître de Blois cochait toutes les cases : un ancrage local et un bâtiment de grande qualité,» a déclaré le conseiller Dassault, Bertrand du Vignaud, qui a dressé un parallèle avec le «Campo Santo » de la Tour de Pise, précisant. «J’espère revenir pour l’inauguration ! » Plus discret, l’entrepreneur et homme d’affaires, notamment immobilières, Yvan Saumet, ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie 41 et de la polyclinique de Blois, propriétaire des murs de l’ancien site hospitalier Gaston d’Orléans à Blois qui abrite aujourd’hui l’hôtel-restaurant haut de gamme « Fleur de Loire », venu sans chèque car préférant les virements selon sa boutade, a débloqué 10 000 € en sus. Un financement participatif, via la Fondation du Patrimoine, est enfin toujours disponible en ligne (www.fondation-patrimoine.org/79917) pour les particuliers, associations et autres entreprises; ce dernier a déjà permis de récolter plus de 15 000 €.
É. Rencien
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La municipalité à nouveau attaquée, aïe…
Pendant la remise de chèques des mécènes privés au profit de la restauration de l’aÎtre Saint-Saturnin, le maire Marc Gricourt (PS) a dû se justifier sur la position de la ville sur la préservation de son patrimoine. « Depuis mon premier mandat, depuis 2008, ce sont 12 millions d’euros que nous avons consacré à la rénovation du patrimoine bâti municipal. Port de la Creusille, château et jardins de la terrasse du Foix, centre-ville… Et nous avons d’autres projets à venir, comme l’Hôtel-Dieu», a-t-il informé à l’heure des discours. Ce n’est pas la première fois que l’édile est critiqué sur ce sujet, mais cela semblait la fois de trop, puisque M. Gricourt a qualifié un nouveau courrier reçu en mairie, de “propos choquants, à la limite de la diffamation; une démarche purement politicienne qui remet en cause le soutien au patrimoine du maire et de ses équipes, qui méritait une mise au point !». La missive qui agace, à laquelle la mairie a répondu par écrit, est signée de la main du collectif “Blois Patrimoine” regroupant plusieurs personnalités et associations déjà connues pour ses positions mêlées d’inquiétudes sur la conservation de certains édifices et d’accusation d’absence de dialogue avec la mairie : Amis de l’Hôtel-Dieu, association de sauvegarde de la maison dite de la Tupinière, association pour la protection du vieux Blois et de ses environs, association Blois patrimoine /paysage / environnement / cadre de vie, société des sciences et des lettres de Loir-et-Cher, comité départemental de patrimoine et d’archéologie. Comme pour départager les parties, le sous-préfet et secrétaire général de la préfecture de Loir-et-Cher, Nicolas Hauptmann, a confirmé que « les travaux ne s’arrêteront pas là; l’aître est une petite pierre sur l’ensemble des autres projets, nombreux, de la ville de Blois pour mettre en valeur son patrimoine . »
É.R.