Terre de culture, au prix de tant d’efforts


Il y a quelques jours s’est tenue la Conférence Permanente Consultative de la Culture. Première « CPCC » de la nouvelle mandature du Conseil régional.
Il faut dire que la crise sanitaire avait mis à mal les ardeurs culturelles d’un monde artistique alors pour ainsi dire en deuil. S’affiche depuis la volonté d’une renaissance, avec en prime celle de se réinventer, pour créer autrement et peut-être mieux.
Cette Conférence permanente de la culture avait été installée en 2017. Elle faisait suite aux états généraux de la Culture et au vote de la stratégie culturelle de la région. Elle s’était réunie fin 2020 pour définir les enjeux qui seraient déterminants pour l’avenir, parmi lesquels : l’impact de la culture sur l’environnement, la nouvelle orientation de la politique culturelle de proximité, ou la parité homme / femme dans la création artistique. Des sujets que l’on n’attend pas forcément dans la réflexion première des créateurs culturels.
Cela dit, en 2022, d’autres sujets plus « immédiats », sont à l’ordre du jour de la nouvelle conférence permanente. Comment associer tous les citoyens, notamment les jeunes, et faire en sorte que la culture ne soit pas « hors sol » ? Comment développer l’éducation artistique et l’action culturelle, provoquer des situations inédites de rencontres avec l’art et la culture ? Comment renforcer la place de l’artiste et de la création dans notre quotidien ?

Ce que veut le jeune public
« La Conférence Permanente Consultative de la Culture veut être un outil de partage », insiste Delphine Benassy, vice-présidente de la Région, déléguée à la culture.
C’est de bon augure puisque la région Centre-Val de Loire consacrera un peu plus de 32 M€ à la culture cette année, budget en légère augmentation par rapport à l’an passé.
Le président François Bonneau insiste d’ailleurs : « durant l’arrêt des représentations, les subventions ont été maintenues pour que la culture continue de se préparer à la reprise ».
Pourtant, la culture comme toutes les activités humaines, a été percutée et ne repartira pas comme avant ; ce sera différent. Jérôme Montchal, en convient. Le directeur de la scène nationale l’Équinoxe, à Chateauroux, note que le spectacle vivant comme le cinéma accusent 30% de perte d’activité. « Les compagnies vont avoir de vraies difficultés, dit-il, mais il faut qu’on se réinvente, revoir notre modèle et interroger la jeunesse pour lui demander ses attentes. La proposition de la CPCC est un atout important pour nous qui sommes financés majoritairement par les collectivités ».
Alors, la Région martèle sa double ambition : faire de cette conférence permanente culturelle un outil de concertation et de partage, pour qu’elle soit avant tout un espace de mise en mouvement des acteurs ; et être à leurs côtés dans la relance de l’activité culturelle du territoire.
« La culture n’est pas une variable d’ajustement, insiste François Bonneau. La question est de permettre la diversité des proposions culturelles et un accès de tous ».
Tous, cela suppose la liberté des formes d’expressions, reconnaître les cultures de chacun, l’expérimentation et le dialogue pour exercer une compétence culturelle partagée entre les différents niveaux de collectivité.

Pour une culture égalitaire et écolo
La culture n’est pas une activité comme une autre, elle se met en scène et attire donc la lumière et les regards. Alors pourquoi ne pas en faire aussi un miroir pour la société qui se regarde créer ?
Charlotte Bartissol, administratrice du Collectif HF, traque les inégalités entre les hommes et les femmes dans les milieux de l’art et de la culture. « Dans les fédérations du spectacle vivant, dans les emplois administratifs, sur la scène et dans les postes de création, le constat est le même : il y a un déséquilibre fort », dit-elle. Charlotte Bartissol va plus loin encore et milite pour des écritures et des mises en scène nouvelles. Alors elle se réjouit de l’écoute que la CPCC apporte, et en particulier de la conditionnalité de l’aide de la Région à la création et à la production artistique.
Dans un autre registre, Julien Macou est en charge des partenariats pour le festival Terre du Son, qui accueillera cette année encore 40 000 personnes pour sa 17e édition. La problématique est cette fois l’accord d’un tel mouvement avec la biodiversité. Quel peut être l’engagement pour réduire l’impact de cette action ? « Transport, alimentation… Il faut fédérer les acteurs autour de ces questions, indique-t-il. Comment se passer des verres, mutualiser les matériels, échanger les fichiers de prestataires ?
Nous sommes des vecteurs pour faire passer ces messages de transition ».
Actuellement, la conférence permanente consultative de la culture compte une centaine d’acteurs, et ses portes sont toujours ouvertes.
Stéphane de Laage