À l’approche du mois d’avril et de l’élection présidentielle 2022, force est de constater que la dénomination “maison commune” revient dans la bouche de nombreux(ses) postulant(e)s, dans la majorité et dans l’opposition, à gauche comme à droite, au centre et même aux extrêmes. Alors, nous nous sommes interrogés : hormis un toit qui abrite des partis identifiés, des chapelles regroupées par affinités politisées, que cela énonce-t-il vraiment ? Littéralement, le terme peut désigner un ensemble de bâtiments, municipaux. Communément, cela peut définir la mairie. Basiquement, une unité, un “chez toi”. En arabe ou en perse, le terme est “Manzila”, un endroit où chacun se sent le bienvenu… Or, la “maison commune” des hommes et femmes politiques n’est pas toujours biodiverse, et la différence de genres y trouve parfois porte close. Dans le Loir-et-Cher, à Chaumont-sur-Tharonne, par exemple, un vendredi 28 janvier d’une expérience particulière sur place qui aurait pu finir en omelette, le député ex-LR Guillaume Peltier, toujours très bon orateur mais désormais porte-parole en mode “Reconquête”, a battu le pavé de la campagne pour le candidat à l’Élysée, le polémiste auparavant journaliste Éric Zemmour, qu’il a qualifié, au gré de “Non merci» signés Cyrano de Bergerac, d’“homme rare qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas (…) (avec lequel) nous allons terroriser les terroristes, chasser de nos écoles les lobbys LGBT ! ” En pleine Sologne, au milieu de cervidés, sangliers et fortunés engrillagés, l’ancien journaliste, accompagné de sa mie Sarah Knafo, dans les pas de Donald Trump, devant un parterre de fans – dont les tee-shirts et goodies, tous à 14,90 €, indiquaient pour la plupart qu’ils avaient déjà assisté au précédent concert de Châteaudun (28) et sa partition de chansons “Ben voyons” -, a salué en réponse, en préambule de son discours de “fracture rurale, “ici cette si belle terre rude et vraie, (…), où il y a des femmes qui sont des femmes, et des hommes qui sont des hommes.” Ah… Toujours à Chaumont, en dépit d’un service d’ordre une fois n’est pas coutume fort sympathique envers la presse, chez les Z, c’est à 16h01 que la poignée de journalistes locaux a reçu l’information pour un déplacement de terrain calé à … 16 heures, dans « un lieu communiqué 30 minutes à l’avance ». La faute à un réseau des champs capricieux ? Ou bien un tri volontaire favorisant les caméras nationales, loin d’un traitement commun, universel ? «Les TV ont pisté le candidat, l’ont trouvé visiblement,c’est pour ça,» nous aura-t-il été brièvement expliqué à l’entrée, lors de la remise des badges. Ah bis …
À Romorantin, le 27 janvier, en causant encore et encore de genres et de dissemblances, dans l’arène du conseil municipal, il fut question de trottinette. Depuis l’opposition, Didier Guénin (PS) a proposé ce mode de locomotion non bruyant-non polluant au maire Jeanny Lorgeoux (ex-PS, SE, qui vote Macron) qui aura finalement préféré louer pour trois ans contre 353 euros mensuels des chevaux plus fougueux en carburant, une Peugeot 508 GT Pack, en commentant. « Merci pour l’idée de la trottinette mais ce serait d’un ridicule achevé. Je ne suis pas doué en plus pour l’équilibre». Toutes ces réflexions à voix haute prêtent à sourire, mais alors, où donc se situe la bascule du curseur de ce qu’ils et elles de tous bords brandissent à l’envi, cette fameuse maison ? Ne serait-ce qu’une appellation, somme toute, marketing et élective ?
Pire : quand la joyeuse et pure Minnie, la souris de Mickey, dessinée pour les petits, ose remiser sa traditionnelle robe rouge à pois rouges pour arborer un tailleur pantalon trendy et bleuté pour s’apprêter le temps d’une soirée et marquer le coup des trente ans de Disneyland Paris; vêtement de mode responsable qui plus est griffé par la végane Stella Mc Cartney, fichtre ! L’habitation plonge quasiment dans l’anathème français et le wokisme US (issue à l’origine du vocabulaire afro-américain, de lutte anti-raciste, pour dénoncer les injustices subies par les minorités, l’expression devenue junk room, fourre-tout, se trouve souvent usitée dans le but de railler la défense d’idées progressistes), pour les esprits à l’enclave intellectuelle psychorigide et conservatrice, entre décadence et binarité ! Comme une acerbe mélodie “des souris et des hommes”, empruntée à Steinbeck. Quid de ce rêve … de maison commune ? «La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas », dixit Baudelaire. Une maison dans l’instant fantasmagorique où nichent Donald, Mickey, et aussi Tic et Tac : vous avez 24 jours et une poignée de brouillons Élysée pour enfin concrètement l’esquisser, dans l’espérance de recueillir vos 500 parrainages, d’ici le 4 mars !
Émilie Rencien