Toque d’or : la cuisine n’a pas de frontières…


Les élèves du lycée d’hôtellerie, de tourisme et des métiers de la table et de la gastronomie de Blois avaient les yeux plus qu’ouverts lors de la finale nationale de la Toque d’Or qui réunissait moult candidats dans diverses catégories en leurs locaux fin novembre. Et c’est une Ariégeoise d’origine picarde qui a décroché le couvre-chef.
Ils ne verront, peut-être, jamais plus, autant de cols tricolores sur les vestes blanches immaculées pour les chefs titulaires du titre de Meilleur Ouvrier de France (M.O.F). Ils ne verront jamais autant de colliers et de décorations relatant les exploits culinaires, dans des concours, de toutes celles et ceux qui les arboraient comme des médailles glanées sur les champs de bataille quand la France était encore en guerre. Ils ne verront jamais plus autant de récompenses en tous genres (coupes, sculptures, casseroles, couteaux, appareils divers…) garnir les tables lors de la remise des prix des différents challenges concourus dans leur lycée. Les élèves les moins timides ont, même, pu s’entretenir avec quelques grandes toques reconnues et réussir, peut-être, avec audace et courage, à se placer pour un poste quand ils auront gravi toutes les embûches menant au diplôme final. Et certains se souviendront que, parmi ces aînés côtoyés durant une journée comme dans un rêve, certain(e)s étaient issu(e)s de leur propre établissement créé il y a bientôt 40 ans, au siècle dernier sous la présidence de Pierre-Sudreau, alors maire. Et parmi ces anciens, l’un, sans le faire ouvertement paraître, était plus qu’à l’honneur. Christophe Hay, le chef doubmeùent étoilé de La Maison d’à Côté à Montlivault, s’était vu désigner, par ses pairs, comme président du jury! Il assuma et assura son rôle avec bienveillance, sans esbroufes, mais avec un œil acéré, celui d’un professionnel heureux de se retrouver là, comme chez lui, presque 30 ans après ses premiers pas timides de jeune élève arrivé de Vendôme…

Un seul vainqueur : la gastronomie à la française
Toute la matinée, tant en cuisine pure qu’en pâtisserie ou dans diverses autres épreuves, place fut laissée au talent, au coup de main, au savoir-faire et à la mise en application de certaines astuces ou coups de main assurés qui font la différence à partir d’un mets imposé ou d’un autre laissé libre à partir d’un panier de matières premières de même nature pour tous les candidat(e)s.
Sous l’œil attentif de collègues, tous professionnels, bienheureux pour certains de se retrouver, quelques instants de l’autre côté du piano devant lequel s’affairaient les concurrents, dans un silence presque monacal. Toutes les régions de France ou presque étaient présentes et bon nombre étaient venus de loin (Bouches-du-Rhône, Puy-de-Dôme, Ariège…), arrivés l’avant-veille du concours de la Toque d’Or pour être au mieux de leurs formes avant le lever du soleil rue Albert Ier. Certains, qui ne connaissaient pas Blois ou n’en avaient même jamais entendu parler, n’ont même pas eu le temps de visiter la ville, entre deux trains ou deux allers-retours en voiture. Devant un parterre d’invités et en présence de tous les candidats exténués mais heureux d’avoir concouru la lecture du palmarès a été l’occasion de saluer la parfaire organisation de ce concours, la qualité des mets signés à Blois et la remise des récompenses a été accompagnée de distinctions diverses à toutes les chevilles ouvrières de cette journée qui a placé bien hautes les couleurs de la gastronomie à la française, en Val de Loire et ailleurs. Contrairement à l’an dernier qui avait vu un Blésois, professeur au lycée d’hôtellerie et de tourisme l’emporter, ce sera le département de l’Ariège qui organisera la Toque d’Or 2022, une cheffe, picarde de naissance, ariégeoise depuis 10 ans, professeur de cuisine à Saint-Girons l’ayant emporté devant ses collègues masculins. Dans le temps, on les appelait les mères et rappelons que bien avant l’arrivée des ces messieurs, la cuisine en France n’était confectionnée que par des femmes. Exclusivement. Sans parité aucune…

Jules Zérizer