Au pied du château royal et à proximité de la gare, le dossier commercial porté par la majorité municipale a moult fois noirci les pages de la presse locale. Un schéma parfois décrié. Enfin, doux euphémisme : souvent, en particulier par l’opposition, évidemment. Le chantier s’élance malgré tout, avec l’annonce en préambule de fouilles archéologiques dès le 18 octobre.
« Chantier interdit au public”. Le périmètre Saint-Vincent est actuellement bouclé, les pancartes sont enfin apposées. Le déroulé peut paraître longuet depuis la fin 2017 mais c’est somme toute, après entre autres un arrêt forcé généré par la pandémie, d’après le premier adjoint au maire Jérôme Boujot, “la suite de l’action Coeur de ville, après le centre-ville et la gare, même si oui, cela prend du temps”. Un processus qui suit son cours et s’apprête à s’enclencher d’un cran supplémentaire dès cet automne-hiver 2021 : après la démolition et le désamiantage du collège Saint-Charles entre décembre 2018 et février 2019, suivis du désensablement du gouffre à l’été 2019, le futur Carré commercial St-Vincent, dont le maître d’ouvrage est la société 3 Vals Aménagement, entre dans une nouvelle phase de son élaboration avec le lancement de fouilles archéologiques, prescrites par le préfet de la région Centre-Val de Loire, confiées à l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), sous le contrôle scientifique du service régional de l’archéologie (branche de la Direction en région des affaires culturelles, DRAC). Cette opération débutera le 18 octobre 2021 pour une durée de 12 mois (jusqu’à octobre 2022). Le parking Saint-Vincent et la rue du Pont du Gast ont de fait été fermés pour préparer le site en amont. Les critiques pendant ces moments s’avèrent récurrentes, à l’encontre du maire Marc Gricourt (PS) qui a imaginé ce fameux « Carré », lequel pour ses adversaires politiques ne tourne guère rond, à l’heure où déjà, des cellules commerçantes se vident inexorablement dans l’hyper-centre. Nous nous souviendrons en février 2021 du conseiller municipal d’opposition, Étienne Panchout (Modem) qui avait émis avec son groupe « Libres et Blésois » (et colistiers Mathilde Desjonquères (Modem) et Sylvain Giraud (Lrem)) une pétition en ligne dans le but de « réorienter un projet économique de l’ancien monde qui plombe les finances de la ville faute de porteurs de projets». Ou encore de Malik Benakcha (Les Républicains) qui, malgré une autre marotte vent debout, celle de la cession de l’Hôtel-Dieu, a accusé plusieurs fois en 2020 ce « projet archaïque qui ne prend plus en considération les nouveaux modes de consommation et les enjeux des commerces», avec un voeu, «se remettre autour de la table pour avoir une véritable réflexion. »
Interdit au public mais trois jours d’accès permis l’an prochain
C’est le jeu… Cette pluie de “compliments” n’aura pas stoppé le dessein de la mairie dans l’oeuf qui de son côté ne renonce pas et argue de sa volonté de “redynamiser le secteur, compléter les commerces de centre-ville et proposer un véritable parcours commerçant”. “Une conférence de consultation citoyenne a eu lieu,” rappelle par ailleurs l’adjoint Jérôme Boujot, comme pour enfoncer le clou des sceptiques. Une vingtaine de boutiques est toujours annoncée (“des cellules commerciales de grande taille (plus de 200m2) pour accueillir de nouvelle enseignes aujourd’hui absentes de Blois et des commerces alimentaires qualitatifs”; des noms comme Monoprix ont circulé, sans plus de confirmation officielle pour l’instant, mais « le travail se poursuit » selon monsieur Boujot). Sans oublier un parking souterrain de 120 places ainsi qu’une halle maraîchère (une idée partagée; les autres partis l’avaient eux aussi avancée mais pas localisée à cet endroit…). Quant à l’actuel bâtiment de la Poste, il sera à terme détruit; ses bas-reliefs seront conservés, récupérés et replacés sur le nouveau local affecté sur ce même site. Quoiqu’il en soit et advienne, passées les divergences politisées, les fouilles archéologiques de l’îlot Saint-Vincent, dont le montant s’élève à plus de 2 M€, vont bien débuter ce mois d’octobre, cachant la forêt de magasins à venir encore mystérieuse. En attendant, ces explorations pourraient ainsi dévoiler de riches secrets relatifs au passé de la ville. Des anciens premiers magistrats, Jack Lang et Nicolas Perruchot, questionnent déjà en s’esclaffant une poignée d’esprits rieurs ? Le sujet sera un peu plus sérieux puisque 10 000 m2 de terre vont être brassés, tandis qu’une équipe de 8 à 10 archéologues va investir 3 670 m2 entre coteau méridional et vallée de l’Arrou, en descendant à 5 mètres de profondeur – probablement les pieds dans l’eau à cause de l’affluent de la Loire précité, pour préparer le futur parking souterrain – et surtout afin de comprendre comment exactement le tissu urbain s’est étoffé in situ. L’occupation humaine est marquée à Blois au XIIIe siècle via une renaissance urbaine et la naissance à cet endroit d’un petit faubourg, avant l’aménagement de jardins royaux et l’édification de deux jeux de Paume aux XVe et XVIe s. Le chantier digne d’intérêt sera d’ailleurs exceptionnellement ouvert aux scolaires et au grand public lors des journées européennes de l’archéologie du 17 au 19 juin 2022. Quanr au démarrage des travaux de construction, la date est planifiée fin 2022. La livraison du projet commercial est escomptée fin 2025.
É. Rencien