Loir-et-Cher : Le Modem avait mis les petits plats dans les grandes invitations


Jean Castex, épisode 4 en Loir-et-Cher ! Ce département va finir par devenir une résidence secondaire pour le Premier ministre qui n’a de cesse de s’y déplacer. Non pas pour y faire du tourisme, mais y causer stratégie politique, notamment présidentielle : il était en effet entouré de nombreux amis du 8 au 10 septembre à l’occasion des Journées parlementaires du Modem installées à Cheverny.
«Anne Hidalgo, c’est bien pour Paris mais pas pour le pays…»; «Xavier Bertrand s’est soit assoupi pendant cinq ans, soit il est mal entouré, et ça c’est possible »; « Guillaume Peltier est anti-sincère! »; « Édouard Philippe, candidat, je n’y crois pas, il a cheminé, et puis ce n’est qu’un physique »… À recueillir les commentaires, pas de doute, nous étions bien du 8 au 10 septembre dans un rendez-vous politique avec des hommes (beaucoup) et des femmes (peu) politiques. Dans huit mois, les dés seront jetés pour désigner la tête de la présidence de la République. Alors, ils et elles étaient tous et toutes réunis cette fois à Cheverny (une localité aisée à rallier car proche de Paris, et aussi sans aucun doute parce que deux ministres, Marc Fesneau (Parlement) et Jacqueline Gourault (Collectivités territoriales), en sont issus…), lors de Journées parlementaires au domaine viticole de la Porte Dorée. Et il y avait du gratin au portillon pour peaufiner le plan de victoire depuis le Loir-et-Cher : sur place, ont été croisés Christophe Castaner, précédemment ministre de l’intérieur et désormais président du groupe LRem à l’Assemblée nationale; Patrick Mignola, président du groupe Démocrate; Olivier Becht, président du groupe Agir ensemble à l’Assemblée nationale; la ministre en charge de la mémoire et des Anciens combattants, Geneviève Darrieussecq; Hervé Morin, président de la région Normandie et des centristes; la jeune secrétaire d’État née à Romorantin, Sarah El Haïry; Philippe Vigier, député d’Eure-et-Loir ((démocrates et apparentés, MDDA); Caroline Cayeux, maire de Beauvais (DVD) et présidente de villes de France, etc.

Toit commun, murs doubles
Afin d’atteindre la cible de réélection d’Emmanuel Macron, le bataillon entend créer un parti démocrate à la française. Une sorte de « sociale démocratie pour redonner de l’autorité; redonner un récit aux Français, loin de celui médiocre et faux de Le Pen et Zemmour, et les réconcilier avec la politique » d’après l’ex Premier ministre (PM), Manuel Valls (si, si), invité en tant que grand témoin, après son échec à la mairie de Barcelone, avant son nouveau métier de chroniqueur sur BFM TV et RMC puisque tous les châteaux perdus en Espagne semblent mener à la France. Un appel «au sens de notre unité pour tenter de rassembler, pour être au rendez-vous, » dans le discours l’actuel PM, Jean Castex, arrivé en hélicoptère sur des terres connues déjà arpentées au printemps, au moment du déconfinement des commerces à Blois ou encore cet été lors de la campagne régionale à Cheverny du ministre Fesneau. Et même davantage : selon l’idée phare de François Bayrou, le chef des troupes, « alors que les partis classiques sont en chute libre », il s’agit de bâtir « non pas une maison mais un toit commun où l’on doit accepter nos complémentarités et sensibilités. Un mouvement donc si j’y arrive, où nous unifions nos différences. Avec une règle de base, que personne ne perde. Tout le monde est le bienvenu.” Vraiment ? “Il est vrai que quand chez Les Républicains, Gérard Larcher (président LR du Sénat, ndrl) dit qu’Emmanuel Macron n’est ni de la droite ni du centre, j’objecte! La droite n’est pas le centre, c’est différent ! » a ajouté le Béarnais. En bref, suivez son regard ; tout le monde, ou presque. Par conséquent, concrètement, en français dans le texte, leur souhait exprimé est le suivant : co-fonder un nouveau courant central marchant sur deux jambes, à savoir le Modem et LREM. Le parti dit ici de droite constructive, Agir Ensemble, pourrait rejoindre ce navire. Une nouvelle entité politisée qui, ils et elles l’espèrent, devrait leur permettre de monter une deuxième fois dans le trône de l’Elysée grâce à leur préféré, Emmanuel Macron. Richard Ramos, secrétaire général adjoint du Modem, député du Loiret connu pour son amour du camembert français authentique et sa lutte contre les additifs alimentaires, a résumé pour l’assemblée leur dessein. « C’est comme moi. Je suis un homme de la Loire qui sait regarder vers les deux rives!» Pour toucher les Français des bistrots et non des réseaux sociaux, l’embarcation duale aux voiles Modem-LREM devra veiller à rester à flots d’ici 2022, à une heure grave où, tous ces élus à Cheverny l’ont reconnu, la légitimité des politiques (y compris parfois les maires), et pire, des journalistes ainsi que des scientifiques, est dangereusement remise en cause, dans un contexte de démocratie fragilisée.

Émilie Rencien

 

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En coulisses, quand il y a un loup, c’est …
Les Journées parlementaires du Modem ont été lancées les petits plats dans les grands au château de Cheverny en soirée, le 8 septembre. Le site, qui a inspiré pour rappel le Moulinsart de Tintin au dessinateur Hergé, avait déjà vu passer le 16 juin 2021 le Premier Ministre, Jean Castex, dans le cadre de la candidature du ministre chargé des relations avec le Parlement, ancien maire de Marchenoir (41), Marc Fesneau, à la présidence de la région Centre-Val de Loire. Nous nous souviendrons de la recette exprimée avec humour cet été par le marquis, Charles-Antoine de Vibraye, pour entretenir son château, à savoir « lui parler chaque matin car sinon, c’est comme en amour, s’il se sent délaissé, il peut en perdre une tuile comme hier». Sur ce, son épouse, la marquise Constance, avait fait remarquer à Jean Castex « lui en avoir voulu » car avec les restrictions sanitaires, il lui « avait flingué sa décoration de Noël » ! Le 8 septembre, autre ambiance : le marquis fut calme et accueillant, remerciant le Gouvernement dans son discours, tentant une simple petite blague devant le chenil de la meute de chiens du site aboyants à l’arrivée des convives, en s’écriant. « Ce n’est que le Modem les chiens, tout va bien! » En parlant animaux et personnalités, Christophe Castaner, auparavant ministre de l’intérieur et dorénavant président du groupe LRem à l’Assemblée nationale, aura peu apprécié la réception ce soir-là organisée dans la salle des trophées dudit château. S’il fallait ne pas répéter que le PM Castex venait en hélicoptère et avait fait déplacer les voitures des journalistes stationnés à l’entrée du domaine viticole de la Porte dorée au profit de son deuxième moyen de covoiturage, un long cortège motorisé, il fallait aussi éviter les photos de scalps de cervidés au-dessus de la tête de Mr Castaner. Une statue représentant un loup aura en sus été congédiée sur place. La raison est simple : Christophe Castaner n’est pas devenu végétarien ni même écolo ou vegan, mais en décembre 2020, au milieu d’une quinzaine de députés, il a signé une proposition de loi sur le bien-être animal, aux côtés de Patrick Mignola (Modem) et Olivier Becht (Agir), alors assurément, à moins d’une année de l’élection présidentielle, tout devient attention et communication ! Les amoureux des animaux ne s’en plaindront pas.
É. Rencien