Ce roman captivant, aux accents de vérité permet de se faire une idée précise de ce qui se passait dans les cœurs de certains allemands à Berlin, au début du nazisme. Wilhem Furtwängler le célèbre chef d’orchestre ne croit pas du tout au destin de Hitler. Seule la musique est son univers, sa vie, sa passion, la politique ne l’intéresse pas du tout. Dans son orchestre, ceux qui sont juifs comprennent vite qu’il leur faut partir. Quand il se produit à la demande du führer, Wilhem F. refuse de le saluer en tenant fermement sa baguette de chef d’orchestre à la main. Dès lors il sera surveillé, et la guerre entrera petit à petit dans sa vie. En Juin 1954, l’opéra royal du Danemark cherche un nouveau chef d’orchestre pour remplacer le grand Wilhem Furtwängler, parvenu au terme de sa vie. Et ce sera dans le roman Rodolphe Meister, fils naturel de la cantatrice Christa Meister dont il a suscité la vocation. A 8 ans déjà a lieu la rencontre lorsque le jeune garçon accompagne sa mère qui chante aux cotés de Wilhem. Quand on lui découvre une ascendance juive, Christa est déportée à Birkenau. Rodolphe, meurtri par sa vie sera lui aussi chef d’orchestre. Il le sait depuis toujours, lui qui est à la recherche de l’identité de son père. L’entrevue tardive avec le célèbre chef d’orchestre à l’agonie, sera fondamentale. Christa et Rodolphe sont les seuls personnages de fiction, mais ils sont si incarnés que le lecteur les pense réels.
Ce livre pourrait enchanter aussi ceux qui ne sont pas sensibles à la musique. Requiem Berlin nous fait pénétrer dans le monde secret d’un chef d’orchestre chez qui la musique transcende l’existence: «… Il percevait les saisons comme des mouvements de grandes symphonies. Le printemps comme commencement, où l’on sent les sèves de l’amour monter en des notes sûres, puissantes et radieuses… Et l’hiver, enfin, un long lamento de violons qui gémissent presque… »
Marieke Aucante
Berlin Requiem
Xavier-Marie Bonnot. 360 pages.
Rentrée littéraire Plon.