Rien à voir avec l’atmosphère drama-queen de Romorantin, car à Blois, le climat reste finalement bon enfant. Mais quand même, force est de constater que l’ambiance en conseil communautaire daté du 25 mars ne fut pas teintée d’unanimité.
« Différentes nuances peuvent s’exprimer, vous voyez, c’est un lieu de débat, » aura constaté le président de la Communauté d’agglomération de Blois, Christophe Degruelle (PS), à l’écran distancié. Rien à voir en effet avec d’autres tristes spectacles dans d’autres collectivités. Ce qui n’aura pas empêché les critiques de fuser concernant le budget primitif 2021 d’Agglopolys, présenté en soirée, et en visioconférence (sécurité sanitaire oblige), le 25 mars. Sur la table,148 M€ détaillés, annexes comprises, dont 78 M€ attachés au nerf principal de la guerre chiffrée. Cinq interventions ont démonté cet exposé numéraire en amont, alors que d’ordinaire, le menu est plutôt dégusté en consensualité. La maire de Choussy-sur-Cisse, Catherine Lhéritier (UDI) et la conseillère d’opposition Mathilde Paris (RN) ont négativement mais assurément ouvert le bal avec un flot de réserves, de « lacunes », à défaut selon elles de «projet d’envergure ». Puis, bien que signalant d’emblée une remarque « non politicienne, dans la co-construction comme au Département », introduisant gentiment (et stratégiquement à l’approche d’élections?), Malik Benakcha (LR) a embrayé et regretté avec clarté de son côté « un budget de continuité et non de combat», déplorant et pointant du doigt également « un territoire qui fait fuir les petites et grandes entreprises quand il tourne le dos à une deuxième sortie d’autoroute. » « Nous ne sommes pas à la hauteur, » a laconiquement conclu ce dernier, clouant au pilori, en citant le Controis, Bourges Plus ou encore Tours Métropole en exemples performants.
La routine est mortelle
Le député et membre associé, Stéphane Baudu (Modem), ainsi que le maire de Blois, Marc Gricourt (PS), ont eux terminé le propos lancé d’un ton bienveillant, pas aveuglément et en même temps positivement, évidemment, en suggérant « vigilance face aux concitoyens qui souffrent», confiant une satisfaction face aux «ambitions maintenues », dans « un fort contexte de contraintes budgétaires ». Christophe Degruelle aura repris la main, en tenant bon la trajectoire de la balle choisie, adoubée par 69 voix de vote en faveur (3 contre, 5 abstentions). « Développement et attractivité, pour moi, c’est une même ambition. Certaines Communautés de communes ont copié notre fonds d’aides directes, Urgence Éco. Notre responsabilité est de créer un climat social, un climat favorable pour l’entrepreneuriat, une identité. Autre signal fort, l’enseignement supérieur sans oublier la passerelle en projet sur la Loire qui en message d’espoir, ancre notre vocation touristique en plus. Le développement d’un territoire, c’est jouer sur tous les paliers et non séparer; c’est bien plus important que certaines gesticulations.» En touche de « petites piques », le président ne se sera ainsi pas gêné, en subtilité, de renvoyer des buts aux gardiens opposés .« Vous avez une vision un peu dépassée, soviétique». Pour celles et ceux qui suivent les aventures, effectivement, un peu comme au Département, piquant par moments ! Et pour la presse qui n’affectionne guère la routine, surtout en ces temps, cela met un peu de piment, vivifiant.
Émilie Rencien