Bourges : Et au-dessus passe une rocade


Sur l’emprise de la future rocade Nord-Ouest de Bourges, avant que le bitume ne recouvre la zone, des fouilles préventives ont été effectuées l’an passée. Les premiers résultats des recherches, en attendant les conclusions de diverses analyses, ADN et autres, ont été présentés voilà peu. Une sépulture collective néolithique et une zone d’habitat du premier millénaire ont été découverts.
Comme des évidences, les photos prises par les chercheurs de l’Inrap à l’automne dernier démontrent que, bien avant la rocade, il y avait là une vie. Un chemin creux médiéval abandonné voilà six ou sept siècles est perceptible. Des trous des poteaux sont bien là, ombrageant certaines parcelles. Une sépulture aussi apparaît. Elle n’est pas seulement un enchevêtrement d’os et de squelettes. Ces images ont été révélées lors de la présentation commune avec l’Institut national de recherches archéologiques préventives ; des premiers résultats des deux opérations de fouilles archéologiques réalisées sur le tracé de la rocade Nord-ouest de Bourges, à Saint-Doulchard. Les ornières creusées par de lourds chariots étaient parfaitement visibles après les travaux menés par les archéologues de l’Inrap et de Bourges Plus sur le tracé. Ces fouilles, réalisées sur prescription de l’État, durant quatre mois, ont mis à jour un site d’occupation du haut moyen âge et une sépulture collective du Néolithique récent (3100 – 2900 avant notre ère). Sur une surface « fouillée » de 1,5 ha , d’autres vestiges, du Mésolithique jusqu’à l’époque médiévale, ont été aussi découverts. Les fouilles étaient conduites sous la direction scientifique des chercheurs de l’Inrap, Laure Pecqueur pour la partie néolithique et Alexis Luberne pour l’aspect médiéval.
Selon les spécialistes, la sépulture, une fosse rectangulaire, longue de 4 mètres pour 1,75 m de large, devait probablement posséder une architecture en bois afin de rendre accessible la sépulture et permettre le dépôt de nouveaux corps. « Elle se devine par une délimitation rectiligne visible tout autour des ossements. De même, la disposition variée des corps au sein de la chambre sépulcrale laisse penser à un accès par le dessus de la sépulture. La tombe a livré de nombreux squelettes fortement imbriqués au sein d’une seule couche d’inhumations. Elle résulte de l’accumulation de corps en raison d’apports successifs tout au long de l’utilisation de la sépulture. Les observations effectuées sur le terrain permettent de comprendre les modalités et la chronologie de dépôt des corps. Les squelettes ont le plus souvent conservé leur intégrité anatomique, indiquant peu de remaniement. On observe peu de regroupement d’ossements, signe du faible encombrement de la chambre sépulcrale. »
Une quarantaine d’individus ont été comptabilisés dans la tombe, tant des hommes, des femmes, que des enfants ou des adolescents. Aucun espace ne paraît avoir été dévolu à une catégorie précise d’individus. Des analyses, ADN « si nous en trouvons » entres autres, devraient enrichir , au cours de cette année, les informations sur cette population. Sur le site on a retrouvé peu de mobilier mais des outils de silex, des fragments de céramiques « mal conservés et dispersés ainsi que quelques éléments en os ou bois de cerf » comme des poinçons, des gaines d’emmanchement, des outils.
Pour Laure Pecqueur, cette forme d’inhumation est une rareté en Berry. « Cette sépulture inédite pour Bourges et sa région, semble reliée au phénomène de l’inhumation collective bien connu dans le bassin parisien, qui se généralise à partir du milieu du IVe millénaire avant notre ère. » peut-on lire dans le rapport.

Fabrice Simoes