Blois : Conseil départemental, un budget « offensif » et quelques chicaneries plus tard


Comme chaque fin d’année, le Département et ses élus ont tablé lundi 14 décembre sur le vote à Blois du budget primitif de la collectivité pour l’année 2021. Entre deux tableaux de gros sous, du courroux dans les rangs s’est distillé pour une histoire de distanciel-présentiel autorisé-refusé.
Un budget « offensif » de 430 millions d’euros (M€). L’adjectif a été martelé à de nombreuses reprises à Blois en point presse le 10 décembre puis en session le 14 décembre. Suivi par une ribambelle de chiffres appuyant celui-ci : 61,8 M€ d’investissements (dont 9,8 M€ pour le plan « Relance 41 ») ; 332 M€ pour le budget total de fonctionnement (+1,44%) ; plus de 18 M€ pour les infrastructures et les collèges ; plus de 207 M€ pour l’aide sociale avec une anticipation sur l’augmentation pressentie du nombre de bénéficiaires du RSA du fait de cette crise Covid ; 500 000 € de subvention exceptionnelle au SDIS pour un matériel plus adapté pour les pompiers soumis aux étés récuremment secs, engendrant feux de forêts et de végétations; une opération « 1000 chantiers pour nos artisans » qui propose d’épauler financièrement les collectivités s’engageant à confier leurs travaux d’investissement aux artisans locaux (aide de 50% à hauteur du montant de la dépense, dans la limite de 5 000 € de subvention par collectivité) ; etc. « Avec cette crise sanitaire, nous sommes également attentifs à la situation du monde culturel, des écoles de cirque et des associations en difficulté, surtout celles avec des salariés, » a commenté Nicolas Perruchot, le président du Conseil départemental. « On s’habitue à force mais avec cette chape de plomb, les gens en ont marre, sont fatigués. La période est anxiogène, y compris pour les élus. Si possible, je me ferai vacciner, non pas parce que c’est moi, je ne suis pas la reine d’Angleterre ! Mais pour donner l’exemple. La stratégie gouvernementale est floue là encore. Et on se demande qui va s’acquitter de la facture au final quand même… La jeune génération et celles à venir paieront sans doute le prix fort. » Enfin, hormis l’anxiété et la litanie chiffrée, des nouvelles ont été données s’agissant du dossier Bibliothèque Nationale de France. Pour rappel, le département de Loir-et-Cher et l’agglomération de Blois sont conjointement candidats pour espérer accueillir en province certains services délocalisés de la BNF car trop à l’étroit à Paris. Comme l’aura affirmé Christophe Degruelle, le président PS d’Agglopolys, Nicolas Perruchot aura confirmé que le sujet suit son cours. Sans illusions. « Je suis régulièrement en contact téléphonique avec la ministre Roselyne Bachelot, elle demeure attentive. La condition nouvelle est de devoir ajouter 20 M€… Quant au nombre d’emplois ? Il était question de 100, peut-être désormais de 70 à 80. Ce serait bien d’être choisis mais je doute que nous soyons dans les favoris, nous ne sommes pas perçus avec nos châteaux entre autres, depuis Paris, comme une région pauvre. Il y aura sûrement des raisons non dites qui détermineront le choix. Une « shortlist » (courte liste de candidatures finalement retenues, ndrl) devrait être présentée début 2021, nous verrons. »

Des nombres, encore, et un mélodrame de visio, aussi

Tout ça est bien sérieux, alors pour finir, un peu de spectacle quand même ! En dépit de quelques affaires sensibles à l’Hôtel du Département ces derniers mois où il fut question de harcèlement, d’enregistrement, de mains et noms d’oiseaux déplacés, les sessions en vidéo-conférence s’étaient somme toute jusqu’ici passées sans broncher et parfois, peut-être, cela aura permis à certain(e)s aux responsabilités de travailler derrière l’ordinateur tout en restant en pyjama ou gardant les bigoudis. Drôlerie mise à part, histoire de détendre avant ce qui va suivre, rien n’allait plus en décembre au Département, à cause de la visio de trop. Drama queen ! Des élections départementales se profilant en 2021, ainsi… « Entre soi et rejet de l’opposition au Conseil départemental » s’insurge dans l’opposition départementale, à gauche, Benjamin Vételé. « La situation sanitaire nous commande de prendre des dispositions exceptionnelles, y compris pour l’organisation des travaux de nos assemblées élues. Toutefois, cette crise ne doit pas affecter les débats démocratiques. Seul élu d’opposition au sein du Conseil départemental de Loir et Cher, j’ai demandé à pouvoir assister physiquement à la séance prévue le 14 décembre prochain et non en visioconférence. Cette demande m’a été refusée au mépris total de l’esprit de pluralité dont se réclame pourtant depuis 2015 l’exécutif départemental.» En réponse, par ricochet, l’accusé Perruchot, à droite, ne prend pas de pincettes. « Il peut venir s’il le veut mais pourquoi céder à un caprice ? En temps de Covid, sur 30 m2, 27 élus, c’est impossible, je dois choisir, la salle Kléber-Loustau n’a pas été prévue pour ça. Si encore on avait le Jeu de Paume, ou alors il faut songer construire une salle spéciale pandémie pour les élus ? Je sais que tout le monde veut venir mais le contexte sanitaire ne le permet pas. Ce n’est pas parce qu’il (Benjamin Vételé) est dans l’opposition qu’on lui a dit non, le même mail a été envoyé à une vingtaine d’élus. Je fais remarquer qu’il a loupé par ailleurs beaucoup de séances de travaux collectifs auparavant. La visio n’empêche pas les débats, n’est pas handicapante. Cela commence à m’énerver…» Cet échange apaisant de la fin 2020 présage un lot de discussions encore courtoisement fleuries en 2021.
Émilie Rencien