Définitivement, il s’en passe des choses en Loir-et-Cher. Le mois de septembre a penché du côté obscur de la force pour Nicolas Perruchot, le patron du département, qui a été enregistré pendant une commission où il qualifie sans détour les électeurs de « cons. »
En son temps, De Gaulle affirmait que les Français étaient « des veaux ». Plus tard, Sarkozy usait du « casse-toi, pauvre con! ». L’ancien député des Yvelines, Henri Guaino, a déjà estimé les électeurs de sa circonscription «à vomir». Sans oublier le fameux Georges Frêche, l’ancien président de la Région Languedoc-Roussillon, qui expliquait que « des gens intelligents, il y en a 5 à 6%, il y en a 3% avec moi et 3% contre. Donc je fais campagne auprès des cons et là je ramasse des voix en masse (..) ». Etc. L’épopée de même acabit frappe maintenant le Loir-et-Cher qui entre ainsi dans des annales loin d’être « rurales, chics et connectées ». Cela pourrait devenir une blague aisée dans une cour de récré de CE1 ou CE2. Il serait presque possible de se croire dans un roman policier d’Agathe Christie, “ils étaient dix »… En effet, Nicolas Perruchot, président du Conseil départemental, intègre ce cercle fermé. Un enregistrement a été opéré selon toute vraisemblance lors d’une commission lundi 7 septembre organisée entre élus de la majorité, fermée au public et aux médias. Une captation sonore de moins d’une minute où on entend l’ancien député et maire de Blois s’exprimer librement, dressant notamment ce constat : « La plupart des gens, ne l’oubliez jamais quand vous allez refaire campagne, la plupart des gens, pardonnez-moi, sont cons. Une très grande majorité, au moins 80 %, « . Après que ses propos furent affichés au grand jour dans la presse nationale le 23 septembre, Nicolas Perruchot s’est exprimé, dénonçant «écœuré, une manipulation; 48 secondes qui sont montées, à mon insu et à mon détriment. ». C’est la justice de toutes les manières qui tranchera : deux plaintes ont été déposées par le Conseil départemental : l’une contre X, « en raison de l’enregistrement sans le consentement de leurs auteurs de propos tenus lors d’une réunion des élus de la majorité », et l’autre « pour cause de transmission à la presse du contenu d’enregistrement frauduleux ». À qui profite(ra) le crime du Perruchot Gate? Des élections départementales se profilant en 2021, alors l’occasion a créé le larron. Cheval de Troie dans la majorité ou les agents ? Boomerang en provenance de l’Oural ? Tartufferie aux épines de roses ? On ne saura peut-être jamais qui, mais quoi qu’il en soit, si la démocratie rit, elle pleure aussi…
Émilie Rencien