Un point d’étape était organisé hier par la préfecture de Loir-et-Cher, mercredi 6 mai, en présence de l’Agence régionale de santé, de l’Assurance maladie, de l’Éducation nationale, des directions départementales de l’emploi ou encore de la protection des populations. Histoire de seriner les règles d’après. Une visio-conférence de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI 41) a suivi, aujourd’hui, 7 mai. Écoles, boutiques, forêts, vie citoyenne… Petite répétition générale pour être prêts pour le 11 mai, avant la carte des départements cristallisée agrémentée des précisions du Premier ministre dès 16 heures ce jeudi.
Plus quatre dodos, selon la formule consacrée de nos chères têtes blondes. Cette fois, en effet, la date du 11 mai approche ! Chacun se pare, parfois comme il peut, avant la liberté surveillée, car ce ne sera pas tout de suite la libération. Le confinement dans le Loir-et-Cher a été respecté, comme le soulignait mercredi 6 mai le préfet Yves Rousset, révélant notamment 3 400 verbalisations en absence d’attestations en bonne et due forme. Il faut maintenant passer à la vitesse d’après. Le Loir-et-Cher, qui a basculé en vert hier concernant la circulation active du Covid-19 mais demeurant orangé pour le taux d’occupation hospitalière, sera-t-il colorié en rouge ou en vert ce jeudi soir sur l’Hexagone à l’écran ? Le préfet s’est montré optimiste, au regard notamment de la diminution avérée des cas en réanimation. En attendant, en raccrochant les wagons aux paroles d’enfants, justement, les bancs des écoles vont être à nouveau accessibles dès la semaine prochaine. Parents et enseignants semblent à la fois inquiets et impatients de revenir à un semblant de normalité, même avec parcimonie et casse-tête. Il a été rappelé que les collèges seront rouverts à partir du 18 mai en fonction de la couleur sur la fameuse carte; pour les lycées, la décision sera tramée fin mai. Les écoles, elles, vont fonctionner donc dès lundi 11 mai selon le protocole sanitaire en vigueur (distanciation, désinfection, gestes barrières, etc.) Soit dit en passant, ne pas pouvoir apporter par exemple son doudou pour un petit à l’école risque d’être un peu moins aisé, à l’instar d’autres règles énoncées sur le papier… Quoiqu’il en soit, la rentrée aura lieu pour les élèves des écoles maternelles et élémentaires mardi 12 mai pour débuter, jeudi 14 mai au plus tard, avec masques distribués par paquets et un nombre limité de 15 places assises par classe. Sur le seul Loir-et-Cher, pour l’objectif 11 mai, on note 37% d’élèves et 90% des écoles accessibles. Une trentaine d’écoles sur 20 communes garderont portes closes. Pour l’instant… Oui car si la souplesse est dans l’immédiat affichée, la reprise s’effectuant sur base de volontariat, le préfet donne le ton d’après, en compagnie de Sandrine Lair, directrice académique. « Il faut redonner du lien social aux enfants. Il y a un risque de décrochage s’ils restent à la maison pendant six mois. Certains parents sont anxieux, ne se positionnent pas pour le moment, mais quand ils verront que cela se passe bien, les chiffres monteront en puissance. Il existe des maires dans certaines communes qui n’ont pas fait l’e…ffort, enfin disons plutôt l’exercice, d’ouvrir en prenant une décision unilatéralement, sans consulter personne. Nous allons les contacter et discuter, nous allons regarder comment les aider à rentrer dans le dispositif. C’est dur, compliqué, mais des solutions sont possibles, ensemble. Expliquons et sécurisons d’abord, c’est le principe. Pour celles et ceux qui n’iront pas à l’école, pour les enseignants et/ou enfants, la continuité pédagogique à distance, installée pendant le confinement, se poursuit. Le travail et la créativité des enseignants et des élus sont d’ailleurs à saluer. »
Sortir prudemment de la cloche, mais repartir
Pas d’embrassades néanmoins dans la cour de récré, en dépit de l’euphorie des retrouvailles, hein ! Pas comme avant, pour le moment. Il convient effectivement de ne pas lancer une deuxième vague épidémique, tant redoutée, et d’agencer les choses comme il se doit, sans disposer la charrue avant les boeufs. Sinon, la bouffée d’air si appréciée cédera place à un vent mauvais de confinés. L’Agence régionale de santé et la Caisse primaire d’assurance maladie haranguent ainsi le triptyque étatique, « tester, isoler (à domicile ou en résidences hôtelières réquisitionnées), accompagner », affirmant, en insistant, vouloir être offensifs en termes de dépistage, en appui avec le réseau des médecins traitants qui délivreront des ordonnances aux sujets contacts pour se rendre en laboratoire avec une prise en charge à 100%. Si l’enseignement doit reprendre pour divers raisons de difficultés familiales, sociales et éducatives égrenées, l’économie également. Un fonds de solidarité pesant plus de 8M€ est activé pour les TPE, sans oublier report de charges sociales, prêts garantis par l’État, médiation bancaire, etc., et évidemment, le système de chômage partiel, pour bon nombre de salariés (77 000 comptabilisés en Loir-et-Cher), pour éviter les licenciements, qui continue ce mois de mai. Enfin, pour le tourisme, Yves Rousset demande une concertation des acteurs et même des départements et régions concernés. « Au zoo de Beauval à Saint-Aignan-sur-Cher par exemple, (son directeur) Rodolphe Delord souhaite ouvrir au mois de juin mais attend des directives claires pour s’organiser, rouvrir la billetterie, etc. Aussi, si nous accordons un « oui » à Chaumont, qu’en penseront Amboise ou le Puy du fou ? Et les « petits musées » autorisés, c’est quoi, quelle définition ? Suite à des décisions, mes imbrications peuvent être nombreuses. Nous voulons cependant pas contraindre. Nous avançons donc par étapes. »
Les commerces ne sont pas oubliés et.. manger du chocolat ?
Et s’agissant du reste à déconfiner ? Côté écoles, à Romorantin, l’ouverture est actée, avec une précision, à savoir des repas chauds pour les enfants assurés le midi sur le temps de restauration. À Blois, les repas seront froids et les autres modalités se précisent, avec une conférence de presse les détaillant, donnée ce midi en mairie face à la presse. Quant aux commerces qui vont reprendre lundi 11 mai, depuis Blois, le président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI 41) de Loir-et-Cher, Yvan Saumet, a rappelé qu’il existe une batterie d’aides et de structures pour aider et épauler les artisans et commerçants qui pourraient affronter des remous et une vague d’un acabit possiblement tout aussi viral que le coronavirus. Par exemple, des outils d’écoute psychologique déjà en place suite à de précédentes intempéries, côté chambre d’agriculture et tribunal de commerce, comme le dispositif Apesa. « Malgré les aides financières débloquées, nous savons que les problèmes vont juste être repoussés, » a constaté Stéphane Buret, pâtissier-chocolatier blésois renommé et président de la Chambre de métiers et de l’artisanat du 41. « Il n’est pas dans la nature artisanale et entrepreneuriale de pleurer sur son sort. Mais cela va nous poursuivre toute cette année, voire l’année suivante. Nous avons déjà récemment vécu la crise des Gilets jaunes. Il ne faut pas hésiter à parler et à signaler toute mauvaise passe, plutôt que de s’acharner. » Yvan Saumet a insisté à son tour en visio-conférence, avant de s’élancer vers Romorantin pour distribuer des masques aux boutiques commerçantes qui se préparent pour lundi. « En ordre de grandeurs, nous estimons que 50% des entreprises et commerces risquent d’accuser le coup après le déconfinement, avec sans doute 25% de vacance estimée dans les mois à venir. Mais je suis confiant. Nous sommes capables d’accompagner celles et ceux qui n’y arriveraient pas. Et surtout, nous devons le faire de façon coordonnée. Je ne critique ni juge personne, nous agissons dans l’urgence mais nous militons pour que ce soit collectif, et non individuellement pour éviter les discriminations. Un dépôt de bilan, ce n’est pas la solution miracle comme le conseillent des voix imbéciles. Quand on est chef d’entreprise, on y met sa vie, il y a un versant pécuniaire, et affectif. Un dépôt de bilan, c’est toujours une épreuve, c’est douloureux, mais il vaut mieux y songer plus tôt que plus tard pour pouvoir agir. Pris trop tard, on ne peut plus rien faire du tout. » Le président de la CCI conclut non sans humour qui fait bien en cette époque bouleversée et tourmentée. « Restons prudents, sans ajouter de pessimisme à la morosité. Profitons dès le 11 mai des rayons du soleil pour pousser à nouveau la porte des boutiques en centre-ville. Quant au chocolat… Nous avons tenté de le déconfiner à la vapeur d’eau mais il s’avère qu’il fond, alors la solution est se faire plaisir et le manger! »
Émilie Rencien