Il y a quelques jours l’Association française du conseil des communes et régions d’Europe, AFCCRE, s’est réunie à Orléans où elle tenait son assemblée annuelle.
Stéphane de Laage
Nous sommes 500 millions de citoyens européens, et près d’un million d’élus locaux nous administrent. Alors comment utiliser les collectivités locales pour être les relais dont a besoin l’Europe ?
Soixante-quinze ans après la volonté de Robert Schuman de créer une Europe unie, les Européens s’interrogent encore sur le fonctionnement et les règles de l’institution. Ils n’y entendent pas grand-chose, jusqu’à se demander à quoi elle sert, et certains ont même fait le choix du Brexit. Il y a cinquante ans était créé l’AFCCRE, section française du CCRE, le Conseil des Communes et Régions d’Europe. Il rassemble plus de 150 000 collectivités territoriales en Europe. Une organisation dans l’organisation a-t-on envie de dire ; oui, mais qui a de vraies ambitions.
Une courroie de transmission
Suica Dubravka est commissaire européen à la démocratie et à la démographie, elle est chargée d’organiser la conférence sur l’avenir de l’Europe. « Il faut, dit-elle, une courroie de transmission entre les collectivités locales et l’institution européenne. Nous avons fait des erreurs par le passé, il est indispensable de les corriger pour se rapprocher des européens eux-mêmes ». Celle qui fut maire de Dubrovnik durant huit ans sait de quoi elle parle. Le discours est donc louable et les pays du continent européen, présents à Orléans durant deux jours, n’ont pas manqué l’occasion de se faire entendre des institutions. Il y avait entre autres la Suède, la Slovaquie, la Bulgarie, l’Espagne, la Grèce, le Royaume-Uni et même la Turquie. Tous se sont parlé dans la salle du conseil municipal d’Orléans. Christophe Chaillou, maire de St-Jean de la Ruelle, est aussi directeur général de l’AFCCRE, qui a son siège ici même. « Cette réunion fut un vrai succès, dit-il. Elle aura au moins permis d’ouvrir des dialogues productifs, directs et sans langue de bois ». On a pu juger de cela par les frictions qui se sont exprimées sur des sujets sensibles, notamment entre la Turquie et les pays de la communauté européenne.
Restaurer la confiance
« Nous devons tenir compte de ce que nous disent les électeurs européens, ajoute Suica Dubravka. Quels sont les défis démographiques du moment, la question des droits de l’homme, les problèmes de travail, de santé, les nouveaux services ou le développement durable » ?
Les institutions européennes ont pour cela besoin des autorités locales et régionales (métropoles, communautés de communes, départements et régions), pour bâtir l’Europe sur un dialogue citoyen, et espérer bientôt réduire le faussé entre eux.
« N’oublions pas que tous les citoyens ne sont pas d’accord avec les travaux de la commission. Même si les progrès sont importants depuis la fin de la guerre, il demeure des eurosceptiques. Et si Poutine et Trump n’aiment pas beaucoup l’Europe, c’est parce qu’ils savent que lorsque nous sommes unis, nous sommes plus forts ». Et la commissaire européenne de conclure : « face au changement climatique aussi, nous devons nous tenir les coudes, expliquer aux citoyens l’importance de cette cohésion. Il ne peut y avoir de cohésion sociale sans un niveau de service public qui assure le bonheur minimum de nos peuples ».
À noter que le 9 mai prochain se tiendra la journée de l’Europe, et Orléans devrait sans doute organiser, à cette même période, son Forum des villes jumelles. Orléans est en effet jumelée avec 13 villes dans le monde dont 7 en Europe.
Quant aux résultats de la conférence sur l’avenir de l’Europe, ils sont attendus fin 2022.