Martin Pouret, fabriquant de vinaigres et de moutardes à Orléans, change de propriétaire. L’entreprise quitte pour la première fois le giron de la famille qui l’avait créée il y a deux-cents ans. Les deux repreneurs veulent la développer, et faire valoir ses qualités gastronomiques au Japon et aux États-Unis.
C’est une TPE, très petite entreprise, et pourtant… La vinaigrerie Martin Pouret est une entreprise bicentenaire qui fait une part de la réputation d’Orléans. Créée en 1797, cette entreprise familiale fabrique et vend des produits vinaigrés, des condiments et assaisonnements. Elle reste la seule des trois cents vinaigriers présents à Orléans au 19ème siècle, à perpétuer la tradition.
« Nous sommes convaincus que le moment est propice pour relancer ce type d’entreprise, explique Olivier Claudepierre, l’un des deux repreneurs de l’entreprise. Nous avons tous envie de valoriser les bons produits, faits d’ingrédients français ».
À l’heure où les moutardes industrielles sont fabriquées avec des graines canadiennes, Martin Pouret relance cette filière agricole dans le Val de Loire. Elle développera également une communication qui fera la part belle à Orléans. C’est toute la stratégie de la marque qui sera reprise. « Nous sommes fiers de ce patrimoine, et voulons exporter cette image ». Pour cela, l’entreprise ambitionne de voir plus grand et veut développer une stratégie de production et de marketing plus ambitieuse. Installée après-guerre dans le faubourg Bannier, Martin Pouret devrait à terme déménager, toujours à Orléans bien sûr, pour des locaux plus fonctionnels et plus grands, à la mesure de ses ambitions.
Il est aussi question de développer le site de e-commerce et créer de nouveaux produits.
Des projets autour du monde
Dans les projets de l’entreprise, un vinaigre de 20 ans d’âge, destiné notamment au marché japonais. Les gourmets apprécient là-bas le Gyoza, petit ravioli que l’on trempe justement dans du vinaigre. Martin Pouret trouverait ainsi sa place sur un marché presque naturel, et plus encore puisqu’Orléans est jumelée avec Utsunomiya. « Ce vinaigre d’exception est semblable à un cognac XO, aux couleurs et aux complexités incroyables, poursuit Olivier. En en parlant avec des chefs, on est aussi venu à l’idée qu’une simple goutte de ce breuvage sur une huître ferait merveille chez nous » !
Le marché américain est aussi en ligne de mire. « Nous l’attaquerons par la Nouvelle Orléans, avec laquelle nous avons tant à partager ».
Signe fort envoyé aux TPE
Créé il y a deux ans, le prêt « Cap Croissance TPE », est alloué sur cinq ans et sans garantie, par la Région Centre et BPI France. Il permet d’améliorer notamment le fonds de roulement des entreprises. D’un montant de 10 à 50.000€, il est alloué aux TPE en devenir, qui ont de forts projets de croissance et de développement. Il est attribué, à parité avec les banques.
Cette année 2019, 20M€ ont ainsi été alloués, et 500 entreprises soutenues. C’est 20% de plus que les années précédentes. « C’est un signe fort envoyé aux petites entreprises qui participent à la force économique de notre territoire », explique le président de la Région François Bonneau.
« Le principe d’attribution est très simple, insiste Thierry Martignon, directeur régional de la banque d’investissement. Le dossier se rempli même en ligne ».
Stéphane de Laage