Quatre listes, cinq listes ? Le nombre de listes qui pourraient s’aligner sur la ligne de départ des élections municipales dans la deuxième ville du Cher est en perpétuelle évolution. Trois listes sont désormais officielles, celle du maire sortant Nicolas Sansu (PCF), du RN Bruno Bourdin, et du sans étiquette Christophe Doré. Après une désunion au Centre, une quatrième est envisageable et comme les Socialistes discutent toujours, la cinquième n’est pas impossible.
À l’annonce de la candidature du gendarme Christophe Doré, l’opposition municipale vierzonnaise pensait avoir trouvé le bon cheval pour miser sur une reconquête après un intermède de deux mandats communistes à l’hôtel de ville. Le leader local Modem, président du Mouvement Démocrate Centre-Val de Loire, Franck Piffault, la député de la circonscription, Nadia Essayan, avait largement argumenté leurs soutiens à Christophe Doré, qui se présentait alors comme candidat sans étiquette. Une évidence de par sa profession de militaire. « La candidature de Christophe Doré est très intéressante pour Vierzon. Cet homme sait diriger, et il connaît bien les institutions. Il est à l‘aise dans tous les milieux. Son envie de devenir maire de Vierzon pour transformer la ville est très forte. Il sait de l’intérieur ce qui va et ce qui ne va pas… » expliquait la députée sur la page publique d’un réseau social alors que Franck Piffault était lui-même désigné comme « chef de file Modem pour les municipales à Vierzon » parmi les 200 « chefs de files » du parti centriste pour les élections de mars prochain. Le communiqué précisait que les heureux désignés « ont vocation, soit à être têtes de liste, soit à intégrer des listes de rassemblement ». Et de préciser dans les journaux locaux que depuis un an et demi tout ce beau monde travaillait ensemble pour bâtir une liste où se côtoieraient « des gens du MoDem, des marcheurs, des Républicains et des gens sans étiquette. » Le tout devait constituer une liste qui rassemble, et des sensibilités très différentes… « Une liste très large. » précisait-on en ce bel été. Las, l’alliance a fait long feu.
Doré sans les partis, Le Centre pas partant à 100 %
Las, les feuilles sont tombées en même temps que les désillusions sont arrivées. Christophe Doré a ouvert sa permanence dans le centre ville et débuté sa tournée des tribunes des stades. Surtout l’uniforme de gendarme pouvait faire fantasmer un électorat en mal de sécurité dans une ville qui, depuis plus d’un an, a pourtant vu le nombre d’incidents, d’incivilités et autres actes de délinquance diminuer drastiquement selon les chiffres officiels. Mais le sentiment d’insécurité distillé parfois par certains est tellement latent… Tout allait bien jusqu’à cette fin novembre où le partage des tâches, surtout les fonctions de maire et de président de la communauté de communes, avaient été mal évalués. Franck Piffault, le Modem avec lui, ainsi que Confluences, l’association qui regroupe les membres de l’opposition municipale, ont donc décidé de reprendre leur billes. Si, au début de la rupture, le Modem expliquait vouloir « construire ce qui avait d’abord été envisagé autour de Christophe Doré: une liste de rassemblement très large, depuis une partie de la gauche jusqu’à une partie de la droite. ». Nadia Essayan a refroidi les ardeurs en facebookan : « il n’y aura probablement pas de liste MoDem. S’il y a une liste avec des MoDem, elle se fera sur la base d’un rassemblement de gens encartés et d’autres non. Et ils feront leur programme ensemble. »
Du côté de la gauche, ce n’est pas encore liste unique. Le parti socialiste n’a pas, pour le moment, fait le pas pour une liste spécifique. Philippe Fournié, le vice-président socialiste du conseil régional chargé des transport et adjoint délégué aux solidarités explique à qui veut l’entendre que le projet, baptisé « Bien vivre et mieux vivre à Vierzon » est construit « collectivement depuis des mois » avec des adhérents du PS, « mais aussi des non-adhérents ». Entre les socialistes et le maire sortant, Nicolas Sansu, les ponts en sont pas coupés. D’autant que l’élu communiste assure vouloir prendre la tête d’une liste qui regrouperait « sans exclusive, toutes les bonnes volontés de gauche, progressistes, écologistes, toutes les bonnes volontés qui se battent pour notre territoire ». Un élargissement de son socle d’électeurs potentiel qui pourrait aller jusqu’à l’électorat LREM. De quoi, aussi, freiner l’engouement des anciens du parti…
Le FN, devenu RN, lors des dernières échéances électorales, a fait de beaux scores. La question est désormais de savoir si une multiplication des listes ne va provoquer une dispersion des voix rendant aléatoire la présence des uns ou des autres au 2e tour… Le Rassemblement National peut s’appuyer sur une base qui déserte rarement les urnes. Le 15 mars prochain risque de ressembler à Voyage au bout de l’enfer avec un barillet de pistolet trop garni. Au final, la démocratie pourrait en avoir la tête sans dessus- dessous.
Fabrice Simoes