Dès son plus jeune âge, Franck Barras s’est retrouvé face à des choix pas toujours faciles. Viticulteur à Châteauvieux dans la droite lignée de ses parents, menuisier par amour du bois, dès 10 ans, ou musicien ?
Finalement, il a réuni les trois en adorant les productions locales dont les crus, notamment de la vallée du Cher et d’ailleurs, gagnant sa vie en rabotant, en sciant et en assemblant tout ce qui peut l’être et jouant de la musique par plaisir pour se détendre des contraintes lourdes de tout chef d’entreprise dynamique.
Tout cela dure depuis trois décennies, avec des hauts des bas, selon le cours fluctuant de la vie et de l’économie, dans le secteur de Saint-Aignan-sur-Cher où il s’est installé, à 23 ans, après un minitour de la région Centre, pas encore Val de Loire, en divers postes d’employé puis de responsable d’équipe, qui ont forgé son caractère et son mental de patron. Une reprise d’entreprise, avec l’appui du maire de l’époque Guy Martineau et son équipe municipale, le lanceront dans un parcours qui sera couronné de plusieurs distinctions et responsabilités tant professionnelles que citoyennes, avec, entre autres, en plus de son CAP au CFA de Blois en 1982, un poste de président de la CAPEB 41, pendant 4 ans ; 21 ans comme membre de la Chambre de Métiers en duo très amical, presque fraternel, avec le président Jean-Paul Marchau ; maître-artisan d’Art ; grand prix de la Société d’Encouragement aux Métiers d’Art (SEMA) en 2008 avec, en coup double, les prix départemental et du jury ; chevalier dans l’Ordre national du Mérite et, en 1995, le Premier Ministre Édouard Balladur lui remet la médaille de bronze de Matignon « en témoignage officiel de la gratitude de la Nation pour le travail d’un homme qui fait honneur à l’artisanat français dont il est un inlassable ambassadeur». Fermez le ban !
Le bel âge
Malgré tous ces titres, Franck Barras garde la tête froide en ayant une règle de conduite «Dans l’artisanat, on respecte l’homme plus que la machine. Les artisans sont, avant tout, des compagnons qui dirigent leur entreprise avant d’être des entrepreneurs au sens capitaliste du terme» et sait aussi bien manier les techniques modernes en informatique que les vieilles recettes acquises, au fil des siècles, par ceux qui l’ont précédé et transmises à celles et ceux qui ont fait le choix de la voie royale, celle de l’apprentissage et du travail manuel.
Il a, ainsi, formé, depuis 1990, pas moins de 30 jeunes au métier de menuisier/ébéniste, dont 3 femmes, et tous ont réussi leurs examens, dont trois en tête de leur promotion, sans oublier l’accompagnement d’un jeune en difficulté scolaire qui, en deux ans, a rattrapé son retard, fondé une famille et travaille actuellement dans le Massif Central. Par ailleurs, Franck, en plus de la musique, s’implique dans des chantiers-écoles pour faire naître et éclore positivement des vocations, participe à des jurys d’épreuves du CFA ou à la correction d’examens dans les lycées professionnels de la région…Refermez le ban!
Tout cela, entre autres, a été rappelé au cours d’une sympathique cérémonie aussi amicale que familiale, dans les ateliers mêmes de l’entreprise, en présence de nombreux élus, tous amis, de la sous-préfète de Romorantin-Lanthenay, de clients anciens ou futurs, et ce, à deux pas du zoo de Beauval que Franck a vu débarquer à cent mètres de chez lui, il y a environ 30 ans aussi. Un bien bel âge, qui appelle d’autres anniversaires comme on aimerait bien en voir plus souvent dans le milieu artisanal et qui prouve qu’il y a encore de la place pour celles et ceux qui ne rechignent pas à se lever tôt, à bosser et à persévérer, même si la conjoncture semble difficile. Il serait souhaitable que des dizaines de Barras reflètent la bonne santé de l’artisanat en Loir-et-Cher et partout en France. Cocorico. Ouvrez le ban pour les générations à venir. En musique et en chansons…
Jules Zérizer